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jeudi 28 août 2014

Voici le candidat du PDCI qui va affronter Ouattara

La question d'une candidature du Pdci à la présidentielle 2015 a été réglée par le 11e congrès du vieux parti. Mais on ne savait pas de façon précise, l'identité de la personnalité qui va avoir l'investiture de l'ex-parti unique. C'est désormais fait.

Il aurait bien voulu continuer d'entretenir le suspense, de répondre par énigme, de ruser avec ceux qui veulent connaî­tre son opinion sur le futur candidat du Pdci à la pro­chaine présidentielle. Il aurait bien voulu procéder comme pour le 11e congrès qu'il a fini par maîtriser au prix de mises en scènes et de ruses dignes d'un vieux crocodile de la poli­tique. Seulement, cette fois-ci, les choses sont différentes pour Henri Konan Bédié. Il ne s'agit pas d'un simple congrès d’un parti politique, mais de la présidentielle dont la manœuvre commande stratégie et in­telligence pratique. En plus, en face, bien qu'inéligible au sens de la Constitution, le chef de l'Etat sortant, Alassane Dra­mane Ouattara a déjà déclaré sa candidature. Donc (certai­nement par stratégie), Henri Konan Bédié s'est enfin dé­cidé, selon de très nom­breuses sources, à dire que c'est lui qui va représenter le vieux parti à la présidentielle de 2015.
DEUX FAITS CATALYSEURS
Selon des proches du natif de Daoukro, deux faits politiques sur le continent ont créé le dé­clic chez N’zuéba. Il s'agit de la candidature à sa propre succession du président du Zimbabwe, Robert Mugabe, l'un des chefs d'Etat les plus âgés du continent. Mais aussi, il y a l'élection du président algérien Abdelaziz Bouteflika. A en croire nos sources. Bédié a fait un commentaire sur la li­mite d'âge qui avait laissé déjà clairement présager qu'il sera candidat. Il aurait indiqué à haute voix, que la question d'âge ne doit pas constituer un obstacle pour servir son pays. Et il a été confronté dans son idée par les deux candida­tures citées plus haut. En d'au­tres termes, selon les proches, si aucun un événement non prévu ne vient changer leurs plans, c'est Henri Konan Bédié, président du Pdci lui-même qui sera face à Alas­sane Dramane Ouattara, président du Rassemblement des Républicains (RDR), chef de l'Etat sortant. Pour ses proches, cette candidature se justifie pour plusieurs raisons.
Plusieurs personnes dans l'entourage de N'zuéba pen­sent que les présidentielles du Zimbabwe et d'Algérie lui ont servi de prétexte et que depuis longtemps, particulièrement après avoir forcé pour êtreprésident du Pdci, Bédié avait son idée pour la présidentielle, pour au moins trois raisons. La première est culturelle. Dans la tradition Akan, un chef ne voit pas son successeur monter sur le trône. C'est dire donc que si l'on se situe clans cette tradition, du vivant de Bédié, les militants du PDCI et les Ivoiriens ne lui connaitront pas de successeur au Pdci. Et pour ses proches, c'est de loin, ce facteur qui aurait été déterminant pour décider l'an­cien chef de l'Etat.
D'ailleurs, il y a une jurispru­dence en Côte d'ivoire. Selon un cacique du vieux parti, Bédié qui était le successeur constitutionnel de Houphouët n'est monté sur le trône qu'après la mort de ce der­nier. La deuxième raison est personnelle. Henri Konan Bédié, chef de l'Etat, renversé en décembre 1999, a une re­vanche personnelle à prendre. L'enfant de Daoukro qui a gagné les élections en 1995 n'est pas allé au terme de son mandat de cinq ans à cause d'un coup d'Etat qui l'a même contraint à l'exil. Un préten­dant à l'héritage de feu Houphouët, redoutable adversaire de 1993 à 2010, Alassane Dramane Ouattara, devenu son allié depuis la dernière présidentielle, avait promis de frapper son pouvoir «mori­bond» d'alors et ça n'a pas manqué. Donc il ne sera pas dit que le digne fils de Daoukro a perdu le pouvoir comme ça et n'a pas pu prendre sa re­vanche en revenant au pou­voir.
La troisième raison est poli­tique. Sur ce plan, Bédié a fait ce qu'il fallait. Au sein de son parti, le Pdci, il a manœuvré ferme pour maîtriser le sys­tème. Au 11e congrès du vieux parti en octobre 2013, il a réussi le tour de magie de se rendre éligible alors qu'il était forclos, atteint depuis 4 ans par la limite d'âge selon les textes. Ceux-ci ont été excep­tionnellement amendés pour être adaptés à la condition de N'zuéba. C'est au Pdci qu'il a donc obtenu son premier pas­seport. Et conformément aux résolutions du congrès d'avoir un candidat à la présidentielle pour le Pdci, Bédié est dans son droit.
Par ailleurs, au niveau de l'al­liance des Houphouétistes, il a joué sa partition. Pendant longtemps, il a fait comme s'il est pour une candidature unique. Et en se décidant enfin, Bédié peut aussi dire qu'il répond à l'appel des mili­tants, un peu comme les scènes auxquelles on a as­sisté avant le dernier congrès du Pdci où a été «obligé» de dire «oui» à tous les secré­taires généraux de section. Dans le même registre, on se souvient d'une sortie récente du député Méambly qui a mis en place une organisation pour le plébiscite de Bédié et il était entouré de personnes très proches de ce dernier. Sans compter les nombreuses personnalités qui l'ont sollicité jusqu'ici et à qui il avait ré­pondu d'une façon ou d'une autre. Bref, l'important est que le président du Pdci se décide enfin malgré les obstacles qui se dressent déjà devant lui.
COMMENT SE RENDRE ÉLIGIBLE AU REGARD DU CODE ÉLECTORAL?
Comment compte-t-il se ren­dre éligible quand on sait qu'il est frappé par la limite d'âge? Telle est la question que tout le monde se pose y compris cer­tains de ses proches.
On le sait, au terme de l'article 35 de la Constitution ivoi­rienne, le candidat à l'élection présidentielle doit avoir au moins 40 ans et au plus 75 ans. Or le président du Pdci a aujourd'hui 80 ans bien son­nés. Il va sans dire qu'il n'est pas éligible.
Mais Nzuéba n'est pas né de la dernière pluie. Il a sa petite idée. Il empruntera la voie que Ouattara choisira pour se ren­dre éligible, indique l'un des proches du président du Pdci : «Tout le monde sait très bien que le président Ouattara et le président Bédié ne sont pas éligibles au terme de l'article 35 de la Constitution.
Tout le monde sait également que c'est le président Gbagbo qui a fait d'eux des candidats exceptionnels en 2010 en usant de l'article 48 de la Constitution. Si Ouattara modifie la Constitution pour être candidat, il le fera au profit des deux. En d'autres termes, s'il modifie les closes sur la nationalité, il le fera aussi pour les closes portant sur la question de la limitation de l'âge. En tout état de cause, il n y a pas de raison que Ouattara soit candidat et que Bédié ne le soit pas ». On le voit, Bédié tient Ouattara de sorte qu’il ne se fait aucun souci en ce qui concerne son éligibilité. D'ailleurs, dans son entourage immédiat, on n'exclut pas que Ouattara choisisse le passage en force. C'est-à-dire, être candidat sans avoir à modifier les articles de la Constitution qui lui barrent la voie à la candidature à la présidentielle ivoirienne. Si le Chef de l'Etat, garant de la loi, choisit cette voie somme toute suicidaire, il trouvera Bédié sur le trajet. Cependant, Bédié n'est pas du genre à faire les choses à moitié. Il n'ignore pas que le temps de passer la main arrive sans faire de bruit.
DIBY DAUPHIN DE BEDIE
Comme tout bon chef, Bédié a déjà pensé à son successeur. Selon ses proches, son choix s’est porté sur Charles Koffi Diby l’actuel ministre des affaires étrangères. L’héritier d’Houphouët reconnait de nombreux atouts à l’ancien directeur général du trésor et ancien ministre de l’économie et des finances. Le premier est que pour lui, Diby est suffisamment autonome financièrement pour avoir géré pendant plus de cinq ans les finances du pays et pour avoir travaillé dans les régies. Le deuxième est que l’actuel ministre des affaires étrangères maitrise l’administration. Pour Bédié, il manquait à Diby d’être connu par la communauté internationale et son poste actuel lui permet de combler ce déficit.

Notre Voie/ Armand BOHUI et BOGA Sivori

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