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mercredi 27 août 2014

Fermeture des écoles clandestines: Les parents entre ignorance, choc et incompréhension

Ils ne conçoivent pas que ce soit à l’aube de la rentrée scolaire que le ministre de l’Education de base décide de publier la liste des 800 établissements hors-la-loi.

3 septembre 2012. Quelques jours de la rentrée scolaire 2012/2013, pendant que les parents sont préoccupés par les inscriptions et l’achat des fournitures scolaires, le ministre de l’Education de base a signé en date du 31 juillet dernier un arrêté portant interdiction de fonctionner à plus de 800 écoles au Cameroun, donc 135 dans le Littoral. Douala V, Makepe, lieu dit Marie lumière. Sous le soleil calcinant de midi de samedi 26 août 2012, des enfants vont chercher de l’eau dans le forage qui alimente le quartier. Des hommes font des remblais, questions de recouvrir les pistes boueuses qui donnent devant chaque maison. Elles sont construites pour la grande majorité en briques ou en planches. C’est que, la zone n’a pas encore goutté au «développement». Et c’est dans ce milieu que se trouve le groupe scolaire bilingue les Racines fortins, l’un des établissements visés par la récente sortie de la ministre de l’Education de base.

Ici, c’est le calme plat, pas une âme à l’intérieur. Pourtant, sur le tableau placardé à la clôture construite en parpaing, en outre de la mention de n° 1155/J2/4673/A/Minedub/Sg/Dsepb, on peut lire que les inscriptions se poursuivent de lundi à samedi de 7h30 à 14h. «Je pensais qu’il devait être ouvert comme hier», regrette la petite Susy. Avec la naïveté de ses neuf ans, elle ignore que l’établissement doit fermer, du moins pour cette année. «Mes amis se sont déjà inscrits, il ne manque plus que moi. J’espère au moins que mes parents vont tout faire la semaine prochaine.» A un vol d’oiseau de là, le groupe scolaire bilingue la Solution. Tout comme le groupe scolaire bilingue les Racines fortins, il leur est reproché un défaut d’acte de déclaration d’ouverture. Si à première vue on a l’impression qu’il s’agit d’une simple habitation. Loin sans faut. C’est bel et bien un établissement scolaire, certes en construction, mais avec six salles de classe bien qu’étroites. «Les parents d’élèves sont informés que les inscriptions ont commencé et se poursuivent de lundi à samedi de 7h30 à 14h», peut-on lire au babillard.
Sortie tardive

Emma est venu se frotter à la salle de classe qui pourrait bientôt l’accueillir, le Cours élémentaire première année, Ce1. «J’ai commencé ma sil ici et c’est toujours ici que l’année prochaine j’aurai mon Certificat d’études primaires.» Certains parents avouent y avoir déjà inscrit leurs progénitures. «Le directeur nous a rassurés depuis qu’il n’y aura aucun problème, que son dossier a été accepté. Son établissement n’est pas clandestin. Il avait été mis sous scellé l’année dernière et quelques jours après les mêmes personnes sont venues les enlever», déclare Marthe, elle vit à un jet de pierre de l’école. Mais si Marthe est rassurante, Richard quant à lui tombe des nues. «Quoi ? « Solution » fait partie des établissements clandestins ? Mon Dieu, que vais-je faire maintenant ?», s’interroge-t-il. Et de renchérir : «C’est vrai que je n’avais pas encore inscrit mes enfants sachant que je peux le faire à tout moment, étant donné que je suis à un pas de l’école. Mais que vais-je faire maintenant ? Je me doutais bien qu’il soit un établissement clandestin, car il donne ses dossiers des candidats à d’autres établissements. La sortie du ministre est salvatrice mais très tardive, surtout à quelques jours de la rentrée. Il va maintenant me falloir chercher où inscrire les enfants.»

C’est la grande question qui taraude l’esprit du voisin de Richard. Blaise ne voit pas l’opportunité d’une telle sortie en cette période. «J’avais déjà inscrit mon enfant. Est-ce que le directeur va me rembourser ? Il y aura qu’elle mesure de suivi ?» tempête-t-il. La mesure vient certes ajouter à la dose de soucis des parents pour préparer la rentrée, mais il est toujours mieux de savoir afin de préparer les conséquences.

Focal: Les promoteurs accusent

Normal. Ils n’approuvent pas la décision de Youssouf Hadidja de fermer leurs établissements. D’aucuns vont même jusqu’à accuser «la lenteur administrative du ministère.» Joint au téléphone, le directeur du groupe scolaire bilingue la Solution se dit offusqué. Pour Alain Ngetfop «ce n’est pas normal. L’Etat ne nous comprend pas. Nous ne sommes pas un établissement clandestin. La vérité c’est que nos dossiers sont en cours depuis 2006. C’est une lenteur administrative, ce n’est pas de notre fait.» Il reconnaît aussi que «la loi c’est la loi. On s’incline, mais on va se rapprocher des services de la délégation départementale pour comprendre ce qui se passe.» Cela ne veut pour autant pas dire qu’il compte fermer. Que nenni. «L’établissement va continuer à fonctionner. Les inscriptions vont se poursuivre et lundi 3 septembre les portes seront ouvertes pour recevoir les élèves», ajoute la source. Le promoteur de British isles school, autre établissement censuré ne décolère pas. «Depuis le matin je m’atèle à envoyer un démenti sur notre site, pour que les parents ne s’affolent plus. Il y en a qui ont débarqué ici ce matin pour me demander des explications. D’aucuns ont simplement exigé que je leur restitue l’argent des inscriptions», un préjudice que Marcel Ndam estime injustifié. «J’ai tous mes documents, y compris l’acte de déclaration d’ouverture. Je suis allé à la délégation départementale et régionale pour leur présenter mon accréditation vendredi 17 août 2012 où j’ai déposé mes fiches. Ils ont reconnu leur tort. Toutefois, je ne sais pas s’ils ont envoyé des messages de démenti dans les médias. On était aussi chez le sous-préfet (Douala V) pour déposer les originaux des documents. Il nous a fait comprendre que les scellés vont se faire la semaine prochaine, mais que mon établissement sera épargné, tout comme les autres qui ont apporté leurs documents.»

Malheureusement, le mal est fait. «Qui va payer les démentis que je fais dans les médias ? On a plusieurs parents qui ont décidé de retirer leurs enfants de notre établissement. On ne peut plus arrêter l’affaire puisque les médias en ont déjà fait échos. C’est un grand dommage, surtout en début d’année scolaire. De toutes les façons, j’ai fait appel à mon avocat. Cette affaire ne peut pas s’arrêter là», a-t-il promis.

V. T. (Stg)
cameroon-info.net

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