Traduire / Translate

mercredi 20 août 2014

Hamas-Israël : qui a saboté la trêve ?

Trois Palestiniens assis devant un bus détruit par une frappe israélienne, mardi 19 août à Gaza. © ROBERTO SCHMIDT / AFP 
Le rêve d'un cessez-le-feu durable à Gaza aura été de courte durée. La fragile trêve de 12 jours, prolongée lundi soir de 24 heures, entre le Hamas et Israël a volé en éclats mardi soir. En cause, le tir mardi après-midi de plusieurs roquettes palestiniennes sur le territoire israélien. À 15 heures, deux projectiles tirés de Gaza ont atterri près de la ville de Beersheba (sud d'Israël), dans des zones non habitées. Deux autres roquettes ont été interceptées par le système de défense antimissile Iron Dome. Le Hamas a beau démentir être à l'origine des tirs, suggérant une possible implication d'autres factions palestiniennes, Israël tient le mouvement islamique qui contrôle l'enclave palestinienne pour responsable.


"Cette attaque à la roquette constitue une violation grave et directe du cessez-le-feu", souligne Mark Regev, porte-parole de Benyamin Netanyahou. Immédiatement, le Premier ministre israélien rappelle ses négociateurs au Caire et ordonne à son armée de "frapper les cibles terroristes à Gaza". L'aviation israélienne lance des raids sur l'enclave, blessant cinq Palestiniens, dont trois enfants. L'engrenage de la violence reprend ses droits. En représailles, la branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, tirent de nombreuses roquettes sur Israël, dont l'une atteint Tel-Aviv sans faire de victime. Un autre projectile est tiré sur Jérusalem, où les sirènes d'alerte retentissent.

"Israël est responsable" (délégation palestinienne)

Invoquant son droit inaliénable à se défendre, Israël intensifie ses raids sur Gaza. Huit Palestiniens, dont quatre enfants, sont morts depuis mercredi minuit. Parmi les victimes figurent la femme et une fille de Mohammed Deir, le chef militaire du Hamas. "Le cessez-le-feu est mort et Israël est responsable", lance depuis Le Caire Azzam al-Ahmad, le chef de la délégation palestinienne, qui comprend des responsables du Hamas, du Jihad islamique et du Fatah. Une accusation pour le moins étonnante, le camp palestinien étant à l'origine des premières roquettes sur l'État hébreu qui ont servi d'étincelles à l'embrasement.
Mais le responsable palestinien n'en démord pas. "Personne n'est mort (dans ces attaques), il n'y a pas eu de dégâts, pas une pièce n'a été démolie - pensez-vous que cela mérite une réponse de plus de 60 attaques (nombre de raids israéliens lancés depuis la reprise des hostilités, NDLR) ? Azzam al-Ahmad est formel, les tirs de roquettes palestiniennes ont servi d'excuses à l'État hébreu pour saboter les négociations. "Israël ne souhaitait pas arriver à un accord", a-t-il déclaré mardi soir à la presse. Même son de cloche du côté du Hamas, dont le porte-parole à Gaza, Sami Abu Zuhri, affirme que les demandes du mouvement palestinien adressées - par l'intermédiaire de l'Égypte - à Tel-Aviv sont restées lettre morte.

Provocation du Hamas ?

Pourtant, les déclarations d'un autre porte-parole du mouvement islamiste suggèrent que le Hamas est prêt à s'attaquer à Israël afin de le pousser à des concessions. Si Netanyahou "ne comprend pas le message et les demandes de Gaza à travers le langage politique des négociations au Caire, nous savons très bien comment l'y obliger", a notamment déclaré mardi Fawzi Barhoum, selon le New York Times. D'après le quotidien américain, le Hamas voit son influence se réduire comme peau de chagrin en période de cessez-le-feu, ce qui peut l'inciter à jouer la carte de la provocation contre Israël.
Sur le papier, les positions des deux parties paraissent irréconciliables. Pressé par la rue gazaouie d'obtenir un "dédommagement" politique à cette guerre qui a dévasté l'enclave palestinienne et fait plus de 2 000 victimes, le Hamas exige une levée du blocus économique, imposé par Israël mais aussi l'Égypte, qui asphyxie Gaza. Impensable aux yeux des Israéliens, qui estiment que la levée de l'embargo, pourtant illégal au regard du droit international, offrirait tout le loisir au Hamas et aux autres factions armées palestiniennes de se réarmer. Massivement soutenu par sa population dans sa guerre contre le mouvement islamiste, malgré la mort de 64 soldats et de 3 civils, l'État hébreu réclame la démilitarisation complète de la bande de Gaza. Un scénario catégoriquement rejeté par les mouvements palestiniens, qui ne veulent pas perdre leur seul levier de pression sur Israël.

Accord à portée de main

En dépit de ce casse-tête en apparence inextricable, les deux parties semblaient pourtant lundi soir sur le point de s'entendre sur un accord a minima, permettant l'instauration d'une trêve durable. Ainsi, la délégation palestinienne avait évoqué des "progrès" dans les discussions, après que la médiation égyptienne eut soumis un nouveau projet "accueilli avec beaucoup de souplesse par les deux parties". Le texte, dévoilé par l'Agence France-Presse, prévoyait un accord en deux phases.
Dans un premier temps, les Gazaouis obtiendraient un allègement du blocus sur les points les moins sensibles. La zone de pêche au large de Gaza serait élargie de 3 à 12 miles nautiques, les points d'accès à l'enclave seraient rouverts pour permettre le passage de personnes et de biens, les zones tampons à l'intérieur du territoire disparaîtraient et Israël aiderait à l'aide humanitaire et aux réparations. En revanche, les sujets plus épineux tels que l'ouverture d'un port et d'un aéroport à Gaza, la libération des centaines de Palestiniens arrêtés avant la guerre ou la restitution des corps de deux soldats israéliens tués par le Hamas seraient discutés dans un mois, "après le retour du calme et de la stabilité".

Netanyahou contre la réconciliation palestinienne

En échange, le Hamas accepterait de confier la gestion de la sécurité de Gaza à l'Autorité palestinienne, ce qui se traduirait par le retour du Fatah (mouvement nationaliste laïque) de Mahmoud Abbas dans l'enclave palestinienne. En répondant aux exigences sécuritaires israéliennes, le mouvement islamiste honorerait par là même une des clauses de l'accord de réconciliation avec son ancien frère ennemi, qui a permis la mise sur pied en juin d'un gouvernement d'union nationale soutenu par les deux partis.
Or, cette union, reconnue par la communauté internationale, a été fustigée par Benyamin Netanyahou, déterminé à faire échouer la réconciliation interpalestinienne. À en croire la radio militaire israélienne, le Premier ministre israélien hésitait mardi matin à présenter la proposition égyptienne à son cabinet de sécurité, de peur qu'il ne soit rejeté par les ministres d'extrême droite de son gouvernement.

Par

 CLIQUEZ ICI POUR EN SAVOIR PLUS

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire