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Ibrahima Koné (Directeur Général du Centre de gestion intégrée), a propos du permis de conduire : |
“Comment nous identifions les fraudeurs ”
La nouvelle réforme du secteur des transports routiers a occasionné la
création du Centre de gestion intégrée. Pour en savoir davantage sur
cette structure qui s’occupe du traitement et de l’édition de
l’ensemble
des documents et titres de transport terrestre en Côte d’Ivoire, nous
avons rencontré Ibrahima Koné, Directeur Général du centre depuis le 26
Juin 2014. Il nous fait le point des actions menées par le Cgi, des
griefs portés contre son entité ainsi que des perspectives. Interview.
Le Patriote : Monsieur le Directeur général, quelle est la
particularité du Centre de gestion intégrée et le rôle assigné à
l’opérateur Quipux ?
Ibrahima Koné : Le Centre de gestion intégrée est un outil du ministère des Transports. Il est constitué
de trois composantes principales. La première composante est une
structure administrative en termes d’agences, de bureaux, d’équipements
informatiques, de personnel. La deuxième composante est une plateforme
technologique qui permet une interconnexion de différents sites au
niveau national. La troisième composante, c’est le lieu où se retrouvent
les fonctionnaires du ministère des Transports pour tout ce qui
concerne la gestion régalienne des titres de transport. Avec un acteur
privé, en l’occurrence Quipux Afrique, pour toute la partie réception
des dossiers et des usagers. Quipux Afrique est donc la société
concessionnaire qui a en charge l’implémentation et le suivi des
activités au niveau des centres de gestion intégrée.
LP : A ce jour, quel est l’état des lieux ?
IK : Je vais commencer par les acquis. Au départ, le centre
s’inscrivait dans le cadre de la modernisation des activités du
transport. Donc qui dit modernisation, dit utilisation des nouvelles
technologies et des procédures certifiées. Aujourd’hui, le système
fonctionne excellemment. Il permet d’intégrer dans le même lieu,
l’ensemble des titres de transport, de traiter sur un même espace toutes
les formalités liées au permis de conduire, à la carte grise et à la
carte de transport. Il fonctionne au niveau national en permettant aux
sites de Yamoussoukro, Bouaké et Daloa qui sont actuellement ouverts,
d’éditer directement dans leurs locaux les titres de transport. Alors
qu’auparavant par exemple, l’usager se rendait à Yamoussoukro, déposait
son dossier qui était instruit par la suite. Ce dossier physique
quittait Yamoussoukro pour Abidjan. Cela prenait
du temps au niveau d’Abidjan avant qu’il ne retourne à Yamoussoukro
avec son titre édité. Et cela pouvait prendre six mois. Le deuxième
acquis, c’est l’engagement de l’Etat, à travers le ministère des
Transports, qui a inscrit cette politique de modernisation dans le cadre
de la lutte contre la vie chère.
LP : Soyez plus explicite…
IK : Je peux vous confirmer aujourd’hui que nous avons des baisses
considérables sur l’ensemble des titres de transport qui vont de 7 à
50%, voire 65% pour certains titres de transport. De façon concrète, le
permis de conduire avant renouvellement coûtait autour de 21 000, 22
000, 23 000 FCFA. Aujourd’hui, vous payez seulement 10 000 FCFA pour le
coût de l’édition et 3 500 FCFA pour la visite médicale. Soit un total
de 13 500 FCFA. Pour l’inscription au registre des transporteurs qui
coûtait environ 100 à 150 mille francs par le passé, aujourd’hui vous
payez 25 000 FCFA. Et c’est pareil au niveau de la carte grise et de la
carte de transport. Donc, l’engagement de l’Etat dans la lutte contre la
vie chère est aujourd’hui une réalité à travers les centres de gestion
intégrée. Autre acquis du Cgi, la célérité. Les demandes sont traitées
au niveau des centres le même jour. Quand vous accédez au centre et que
l’authentification de vos formalités a été faite par les services du
ministère des Transports, vous en ressortez avec votre titre de
transport. Mais notre objectif avec le déploiement, des sites que nous
allons faire, c’est d’arriver véritablement à remettre ce titre en une
voire deux heures. Sachez que pour le permis de conduire, nous recevons
aujourd’hui des personnes qui sont en attente depuis 2011 et même depuis
2008. En moyenne, nous recevons et traitons aujourd’hui entre 1100 et 1
200 demandes par jour sur le site, avec à peu près une trentaine de
guichets qui sont fonctionnels et des opératrices qui reçoivent et
gèrent ce flux massif. C’est un record ! L’urgence pour nous, c’est
d’avoir un déploiement rapide avec l’ouverture de centres de gestion
annexes. Des engagements ont été pris, le plan est en cours de
réalisation. Et à fin août, nous devrions nous retrouver au minimum avec
5 centres de gestion au niveau d’Abidjan qui sont identifiés. Au niveau
de l’intérieur du pays, très bientôt nous aurons 12 centres. Déjà, ceux
de Yamoussoukro, Daloa et Bouaké sont une
réalité. Et qui dit plan de déploiement implique également l’aspect
ressources humaines. A ce niveau, nous sommes à pied d’œuvre en termes
de formation avec les personnels issus des sociétés dissoutes, Sonatt et
Agetu.
LP : Pour être plus concret, pourrait-on avoir le nombre de documents édités depuis votre prise de fonction ?
IK : Sur une liste de 283 auto-écoles, nous avons à ce jour 242
auto-écoles qui ont été enregistrées et qui travaillent au centre de
gestion intégrée. Dans un premier temps, nous avons paramétré
(installation d’un logiciel) les équipements avec lesquels sont venues
les auto-écoles pour leur permettre de démarrer leurs opérations. Pour
celles qui n’ont pas encore d’équipements, nous avons mis à leur
disposition une salle informatique au niveau du Centre principal de
gestion intégrée où elles viennent faire des opérations de
pré-enregistrement. Nous recevons chaque jour les auto-écoles, même
celles qui étaient les plus sceptiques au départ. Et d’ailleurs, ces 242
auto-écoles ont déjà préenregistré autour de 6 500 à 7 000 candidats.
Nous avons également pu enregistrer les moniteurs certifiés. En effet,
pour certifier l’auto-école, il faut que vous ayez au moins un moniteur
certifié. Ces moniteurs qui ont été formés par les soins du ministère
des Transports, à travers l’OSER, sont reconnus au niveau de la base et
les auto-écoles ont l’obligation d’utiliser ces moniteurs dans le cadre
des formations qui sont données. Sur les 1100 ou 1200 demandes, il y a
des cas de rejets relatifs, soit les documents ne sont pas à jour soit
le ministère, sur la base de ses procédures, n’a pas authentifié
certains documents. Donc sur 1200 demandes reçus, on va dire qu’on se
retrouve entre 800 et 900 demandes en moyenne par jour qui donnent droit
à l’enregistrement au niveau de la base ou à l’édition d’un titre de
transport.
LP : Qu’en est-il au niveau du permis de conduire ?
IK : En termes de permis de conduire, nous sommes autour de 6665 permis
édités (Nldr : à la date du jeudi 14 août). Entre le 26 juin et le 11
juillet, la période était un peu
plus calme parce qu’il y avait encore les anciens concessionnaires qui
continuaient un tant soit peu de travailler. A partir du 11 juillet,
l’on a commencé à recevoir véritablement un flux de demandeurs. Selon
les informations du ministère, entre 200 et 250 permis étaient édités en
moyenne par semaine auparavant. Aujourd’hui, nous sommes entre
300 à 400 permis en moyenne par jour. Il y a vraiment une différence
importante en termes de statistiques. Pour les cartes grises, on est
autour de 1500 cartes éditées. C’est un chiffre qui englobe les
mutations et les cartes grises au niveau du guichet unique. Pour les
cartes de transport, on a encore des tendances un peu timides parce que
cela a démarré progressivement. Et aujourd’hui, je peux vous assurer que
toutes les procédures sont sécurisées et il ne saurait y avoir de cas
de fraude.
LP : Tout à l’heure vous parliez de célérité. Mais il est tout de même curieux de constater ces engorgements au niveau du centre de gestion intégrée à Treichville…
IK : Il y a sur l’espace du guichet, différents acteurs. Vous avez les services du ministère qui font l’authentification qui
est aujourd’hui obligatoire, avec un niveau de contrôle poussé. Vous
avez Biomédical qui assure la visite médicale et vous avez les
opératrices du centre de gestion qui instruisent les dossiers et les
transmettent pour l’édition. A cela s’ajoutent les mesures de contrôle
imposées par le ministère. Le premier niveau
de contrôle se trouve déjà au départ, à la Direction générale des
transports terrestres (Dgttc). Le deuxième niveau intervient sur le site
où le requérant a l’obligation de se présenter à nouveau aux services
du ministère. Enfin, pour le troisième niveau de contrôle, le requérant
doit se soumettre à la visite médicale. Vu l’engouement réel que vous
avez aujourd’hui, cela a généré un petit goulot d’étranglement. Mais, en
l’espèce, nos enquêtes nous ont permis de déceler qu’il y a un certain
nombre de personnes qui viennent au centre mais qui ne sont pas en
réalité des demandeurs. Donc, elles viennent avec un coupon qu’elles
présentent mais qui s’avère être un reçu de paiement issu des anciens
concessionnaires. Et sur lequel il est inscrit apte au code et à la
conduite. Ces personnes arrivent au Cgi alors que la procédure normale
c’est de se présenter d’abord à la Dgttc. C’est ce service qui va
s’assurer que cette personne est passée dans une auto-école et a au
moins présenté l’examen au code et à la conduite, avant de nous
transmettre une fiche d’authentification afin que nous puissions suivre
la procédure. Donc vous avez ces personnes qui arrivent en se disant
qu’elles useront de la force pour
entrer. Et une fois à l’intérieur du site, présenter leurs coupons ou
leurs documents qui seront édités. Il y a eu plusieurs séances
d’informations qui ont permis déjà d’alléger cela et de nous permettre
d’avoir un contrôle au niveau de ce flux de personnes. Le ministère a
fait des communiqués en donnant des directives claires. Le ministère a
bien spécifié que dorénavant, tout fraudeur identifié devra répondre
devant la justice de cette tentative de fraude. Voilà un peu les
différents éléments. Donc, dans ce groupe, vous avez deux types de
personnes. On a des personnes qui viennent réellement pour leurs titres
et un deuxième groupe de personnes qui vient pour tenter de frauder.
LP : Et comment faites-vous pour vous assurer qu’un candidat a effectivement obtenu le code ?
IK : Aujourd’hui, il faut comprendre que nous avons dans ce processus,
deux étapes. Première étape : nous devons gérer une situation antérieure
à l’arrivée du système. Pour une situation antérieure à l’arrivée du
système, le principe c’est qu’il
doit avoir une continuité au niveau de l’administration. La continuité
au niveau de l’administration sous-entend que nous devons nous assurer
que le requérant qui se présente à nous a un document administratif qui
nous indique qu’il a été évalué au code et à la conduite. Il y a déjà un
tri parce qu’il y a des gens qui se présentent avec des documents faux.
C’est-à-dire qu’ils ne sont passés nulle part et se présentent avec des
coupons trafiqués. Nous avons l’obligation de vérifier que la personne
qui se présente a au moins un document administratif qui prouve qu’elle a
été évaluée à un moment donné afin que nous puissions conclure cette
procédure. Mais il y aura une deuxième étape que je me réserve
d’annoncer maintenant et qui se
fera à travers la politique de sécurité routière, de la gestion de la
circulation ainsi que du comportement des usagers sur la voie publique.
Maintenant pour les nouveaux cas, il faut retenir comme premier élément
que le candidat est préenregistré au niveau de l’auto-école. Deuxième
élément, les résultats de son examen sont au niveau de la base de
données. A ce jour, nous savons exactement quel est le nombre de candidats évalués par inspecteur, quelles sont les notes attribuées et le nombre de personnes jugés inaptes.
LP : Qu’en est-il du problème au niveau du guichet unique ?
IK : Globalement au niveau du guichet unique, vous avez plusieurs
acteurs qui travaillaient par palier. Le nouveau système mis en place
par le ministère a permis aujourd’hui de produire, depuis que nous avons
démarré, 925 cartes grises. Sur ces 925 cartes grises, vous avez à peu
près 698 qui ont été mises en circuit. Et sur ces 698, un certain nombre
a été orienté au niveau des poses
de la plaque pour que les véhicules puissent sortir. Mais lors de notre
dernière réunion, nous avons insisté sur la nécessité d’avoir une
meilleure coordination et une communication plus accrue entre les
différents services. Il a même été décidé d’avoir des réunions quasi
journalières pour assurer un accompagnement des activités surtout
que chacun sera mis face à ses responsabilités avec une obligation de
résultat. On avait donc eu un petit problème de coordination au niveau
du guichet mais ce problème est en cours de normalisation. A preuve, on a
commencé à avoir un rythme de fluidité avec des véhicules qui sortent
de plus en plus.
LP : Un appel à lancer aux usagers ?
IK : Je voudrais rappeler aux usagers du permis de conduire que le
premier lieu d’authentification pour démarrer la machine se trouve au
niveau de la Direction générale des transports terrestres qui par la
suite nous adresse un certificat d’authentification pour que nous
puissions poursuivre avec la procédure. La Direction des transports
terrestres et de la circulation est
au Plateau, à la tour C. Aujourd’hui, tout est mis en œuvre pour
garantir la transparence et la qualité de service attendu. Tous les
engagements pris seront respectés.
par Jean Eric ADINGRA
lepatriote.net
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