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jeudi 20 novembre 2014

Regard sur la diplomatie française en Côte d’Ivoire

L’élection du Président Ouattara a permis d’ouvrir une nouvelle page de la relation franco-ivoirienne.
Depuis septembre 2002, et surtout depuis les évènements de novembre 2004, la coopération française avec la Côte d’Ivoire était en sommeil et se concentrait quasi-exclusivement sur l’accompagnement du processus de sortie de crise, aux côtés de la Banque mondiale et de l’Union européenne, ainsi que le soutien direct à la population et au secteur privé.

 Relations politiques

L’héritage laissé après la décolonisation avait justifié une relation politique riche suscitant des échanges à de multiples niveaux (43ème BIMA à Abidjan -dissout en juin 2009-, accords de défense, coopération civile dense).
La France est intervenue en Côte d’Ivoire au lendemain de la tentative de coup d’Etat du 19 septembre 2002 afin de protéger ses ressortissants. Très vite, le rôle de la France a évolué vers une interposition entre les forces armées du gouvernement ivoirien et la rébellion. La communauté internationale, notamment les Nations Unies, a avalisé le processus de sortie de crise défini par l’Accord de Marcoussis (janvier 2003) sous l’impulsion de la France tandis que le Conseil de sécurité donnait mandat à la force Licorne de soutenir l’opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI).
A l’issue du scrutin d’octobre 2010, en conformité avec la position des Nations Unies, des organisations africaines et de la communauté internationale, la France a reconnu M. Ouattara comme Président légitime de Côte d‘Ivoire et appelé Laurent Gbagbo à céder pacifiquement le pouvoir. Elle a soutenu les efforts diplomatiques de la communauté internationale et de médiation de l’UA et de la CEDEAO. Conformément à la résolution 1975, elle est intervenue, sur demande du SGNU au Président de la République, en soutien des forces de l’ONUCI pour la neutralisation des armes lourdes utilisées par les forces de Laurent Gbagbo contre les populations civiles et les forces de l’ONU. La France, au travers de la Force Licorne, est intervenue pour protéger de très nombreux ressortissants français, européens et extra européens à Abidjan, accueillant plus de 5 000 personnes sur sa base de Port Bouët.
L’élection du Président Ouattara a permis d’ouvrir une nouvelle page de la relation franco-ivoirienne. Les retrouvailles ont été célébrées à l’occasion de la visite d’Etat du président Ouattara début 2012.
Principales visites de personnalités françaises en Côte d’Ivoire
  • le 21 mai 2011 : Participation du Président de la République, accompagné du Ministre des Affaires étrangères et du Ministre chargé de la coopération à la cérémonie d’investiture du Président Ouattara à Yamoussoukro.
  • du 26 au 28 juin 2011 : Visite de travail du M. Gérard Longuet, Ministre de la Défense.
  • les 14 et 15 juillet 2011 : Visite officielle du Premier Ministre François Fillon.
  • le 1er décembre 2012 : Déplacement de M. Pierre Moscovici, Ministre de l’Economie et des Finances, et de M. Pascal Canfin, Ministre délégué chargé du Développement pour la signature du premier CD2 (contrat désendettement développement).-le 19 janvier 2013 : Déplacement de M. Laurent Fabius, Ministre des Affaires étrangères à Abuja à l’occasion du Sommet extraordinaire de la CEDEAO (Pour la première fois la France a été invitée à participer à un sommet des chefs d’Etat de cette organisation).
  • les 18 et 19 novembre 2013 : Déplacement de Mme. Nicole Bricq, Ministre du Commerce extérieur
  • 17 juillet 2014 : Visite officielle du Président de la République à Abidjan
Principales visites de personnalités ivoiriennes en France
  • le 25 au 28 janvier 2012 : Visite d’Etat du Président Ouattara en France, symbole de la réconciliation entre les deux pays
  • le 26 juillet 2012 : Président Ouattara reçu à l’Elysée.
  • le 4 décembre 2012 : Président Ouattara reçu à l’Elysée.
  • le 8 avril 2013 : Président Ouattara reçu à l’Elysée.
Relations économiques
Faisant partie des 47 pays prioritaires du commerce extérieur français, la Côte d’Ivoire est le 1er partenaire commercial de la France au sein de la zone Franc, et le 4ème en Afrique subsaharienne, après le Nigéria, l’Afrique du Sud et l’Angola. De son côté, la France se positionne comme le 2ème partenaire commercial de la Côte d’Ivoire après le Nigéria. En 2013, le montant des échanges bilatéraux a atteint 1,7 Mds€, en progression de 10 % par rapport à 2012.
Les exportations françaises se sont élevées à 1,02 Mds€, concentrées sur les catégories de produits suivants : produits agricoles, sylvicoles, de la pêche et de l’aquaculture, produits des industries agroalimentaires, machines industrielles et agricoles, machines diverses et produits pharmaceutiques. Les importations françaises sont de 662 M€, essentiellement composées de produits des industries agroalimentaires, produits agricoles, sylvicoles, de la pêche et de l’aquaculture, produits pétroliers raffinés et coke, bois, papier et carton.
Les grands groupes français traditionnellement présents en Afrique sont pour la plupart actifs en Côte d’Ivoire au travers de filiales. On dénombre environ 140 filiales françaises qui emploient près de 40 000 personnes et quelque 500 PME françaises de droit local, soit la plus forte implantation française en Afrique sub-saharienne. De nouveaux besoins se présentent dans les secteurs agroalimentaires et également dans le domaine de l’énergie de la ville, auxquels les PME françaises sont en capacité de répondre. Les acteurs économiques français, tout comme l’ensemble des opérateurs en Côte d’Ivoire, ont pâti fortement de la crise politique post-électorale.
Dans la perspective de la sortie de crise, la Côte d’Ivoire avait bénéficié d’un fort soutien de la France dans les instances financières internationales. Suite à l’accord de restructuration de la dette signée par la Côte d‘Ivoire avec le Club de Paris le 15 mai 2009, la France avait signé un accord de restructuration bilatéral avec le pays le 9 décembre 2009, se traduisant par une annulation de dette de 455M$, un rééchelonnement de 697M$, et un différé de 2,2 Mds $.
Depuis la fin de la crise postélectorale, la France a octroyé un appui de 350 M€ (prêt de l’AFD) principalement pour le paiement des salaires et pensions des fonctionnaires et pour le financement de dépenses sociales urgentes et la relance économique (dettes de l’Etat, fonds de relance…).
De plus, l’AFD a accordé une garantie totale au prêt de 32,8 milliards de FCFA (soit 50 M€) octroyé à l’Etat de Côte d’Ivoire par deux banques commerciales locales : la BICICI (groupe BNP PARIBAS) et la BOA-Côte d’Ivoire.

Coopération
Depuis septembre 2002, et surtout depuis les évènements de novembre 2004, la coopération française avec la Côte d’Ivoire était en sommeil et se concentrait quasi-exclusivement sur l’accompagnement du processus de sortie de crise, aux côtés de la Banque mondiale et de l’Union européenne, ainsi que le soutien direct à la population et au secteur privé. Ainsi, un projet du fonds de solidarité prioritaire (FSP) pluriannuel de 7,5 M€ avait été conclu en 2006 en faveur de l’insertion des jeunes. Un Fonds social de développement (FSD) de 400 000€ apportait un appui à des micro-projets présentés par la société civile et visait à venir en aide aux populations vulnérables.
Par ailleurs, des mesures conservatoires avaient été prises pour maintenir la coopération institutionnelle à un niveau qui rende aisément et rapidement exécutable le programme de redéploiement de l’administration et la restauration de l’Etat de droit (sécurité publique, restructuration des forces armées, appui aux services sociaux de base). Après avoir arrêté depuis décembre 2002 toute action dans le pays en raison de la suspension du paiement des arriérés qui lui étaient dus par la Côte d’Ivoire (soit 40% des arriérés dus par la Côte d’Ivoire à l’ensemble des bailleurs de fonds), l’Agence française de Développement (AFD) avait progressivement repris son activité à destination du secteur privé depuis juin 2008.
La fin de la crise postélectorale a permis une reprise et une montée en puissance de la coopération civile et militaire. L’appui en matière DDR et de RSS apparait comme une tâche prioritaire. Celui-ci prend la double forme d’actions immédiates et d’actions plus structurantes soutenant des réformes de fond du système de sécurité (y compris la mise à disposition de conseillers militaires).
Par ailleurs, après l’atteinte par la Côte d’Ivoire du point d’achèvement de l’initiative pays pauvres très endettés (PPTE), obtenue fin juin 2012, un contrat de désendettement et développement, (C2D) de près de 2,89 Mds€ a été mis en œuvre. Il constitue le principal outil français de coopération avec la Côte d’Ivoire pour les vingt prochaines années.
Le premier C2D, signé à l’occasion du déplacement du Ministre Canfin le 1er décembre 2012, porte sur un montant de 630 M€ d’ici 2015. Les six secteurs prioritaires d’affectation définis en partenariat avec les autorités ivoiriennes sont l’éducation, la formation et l’emploi, la santé, l’agriculture, le développement rural et biodiversité, le développement urbain et l’eau, les infrastructures de transport et la justice.
La destruction des écoles françaises (novembre 2004) avait porté un coup dur à la tradition des élites ivoiriennes de recourir au système scolaire français. Réhabilité sur financements ivoiriens, le Lycée Blaise Pascal avait finalement pu rouvrir à la rentrée scolaire 2008. L’école française Jacques Prévert, également rénovée sur financements ivoiriens, a rouvert en septembre 2010. Après quelques années de fermeture consécutive aux évènements de 2003, le Centre Culturel Français a été rebaptisé Institut Français de Côte d’Ivoire (IFCI) le 1er janvier 2011, qui est à nouveau un acteur de premier plan du dispositif français de coopération en Côte d’Ivoire. C’est également le cas du Lycée International Jean-Mermoz de Cocody qui a rouvert ses portes, septembre dernier.

Jean-Marie TIEMELE avec (diplomatie.gouv.fr)

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