Ceux qui prédisaient le chaos au Burkina Faso après le départ forcé de Blaise Compaoré chassé par son peuple, vont devoir
revoir leurs calculs de pseudo spécialiste de l’Afrique. Ceux qui
avaient pensé aussi que dans ce pays habitué au pouvoir des treillis,
jamais les militaires n’allaient laisser le pouvoir aux civils, habitués
qu’ils sont aux ors du pouvoir, vont devoir revoir leur copie. Le
Burkina Faso que le « beau Blaise » a laissé dans un vilain pétrin a
choisi la meilleure voie qui permet de tourner, définitivement, la page
des 27 ans de Compaoré. Il a choisi, ce lundi, en toute responsabilité,
sans dictat des grands donneurs de leçons de l’Occident, sans exigence,
sans fétichisme de date non plus, celui qui va conduire sa transition.
Mais à son rythme. Il n’y a pas eu de coup bas du Lt-colonel Isaac
Yacouba Zida. Il a sans aucun doute été instruit par ce qui est arrivé à
Daddis Camara de Guinée. Ce dernier vit d’ailleurs au Burkina Faso,
après avoir tout perdu : le pouvoir et la…tête.
L’ex-ambassadeur du Burkina Faso à l’Onu, Michel Kafando, 72 ans, qui a
été désigné président par un « collège de désignation » composé de 23
membres parmi les trois candidats dont Joséphine Ouédraogo et Shérif Sy
devra conduire la Charte de la transition que tous les acteurs
politiques ont choisie. La désignation du Premier ministre suivra dans
les jours à venir, et la vie normale dans les autres institutions
reprendra son cours normal. Il a 12 mois pour convaincre sur sa capacité
à remettre le Burkina Faso sur les rails de la bonne gouvernance et à
faire respecter par tous, à commencer par lui-même, la loi que s’est
prescrite le peuple burkinabé.
Après la gestion personnelle du pouvoir de celui que le peuple a
contraint à l’abandonner au moment où il s’activait à tripatouiller la
constitution pour s’y maintenir, il s’agit, à présent, «d’engager le
processus de mise en place d’une transition civile dans l’esprit de la
Constitution du 2 juin 1991 et d’envisager le retour à une vie
constitutionnelle normale. »
C’est tout à l’actif des hommes en treillis du Burkina Faso d’avoir tenu
parole. Et tout à l’honneur du peuple burkinabé pour sa patience. Un
nouveau vent, le « harmattan du sahel » folâtre désormais dans l’air.
Malheur à qui voudra encore s’éterniser au pouvoir, au mépris de sa
constitution.
Certes, il faudra encore du temps pour que soient mis hors d’état de
s’éterniser au pouvoir de nombreux autres dans d’autres pays. A chaque
pays, sa spécificité. Mais, c’est un signal fort que viennent de lancer
aux peuples de tous les pays, les jeunesses du Burkina Faso. Elles ont
bravé, les mains nues, les bataillons de Blaise ; elles ont arraché leur
victoire et l’armée n’a point fait de hold-up sur elle. Au contraire.
Ces actes, à eux seuls, censurent cette Afrique à qui l’on (les bonnes
consciences douteuses de l’Occident, les donneurs de leçons) doit, sans
cesse, donner des leçons, imposer des décisions, dicter des conduites à
tenir. Cette Afrique de la désespérance, vue sous l’angle grossisant des
insolites au quotidien et des paradoxes effarants.
Par Ti Nan Kan
CLIQUEZ ICI POUR EN SAVOIR PLUS
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire