Cote d'Ivoire
S’il y’a un mot qui a été abondamment utilisé dans le microcosme politique de ces dix dernières années en Côte d’Ivoire, c’est bien le mot exclusion. Il a été tellement amplifié que son usage a rimé quelques fois avec rejet. Le matraquage psychologique a bien réussi. Ceux qui au nord ignoraient ce à quoi il se rapportait se sont convaincus eux même d’une mise à l’écart de leur peuple, de leur région et partant de leur « moi » de tout processus de développement, de considération, et de respect. Exclusion réelle ou imaginaire, chacun y va de son explication et argumentation selon les termes qu’il considère
commodes. Vue les disparités entre cette région du pays et les autres, face au regard de certains compatriotes qui ont été amenés quelques fois par les politiciens à les considérer comme des « sous-hommes » nous sommes tentés d’abonder dans le même sens que ceux qui soutiennent le « positionnement dans la marge » du nordiste. A travers quels éléments l’exclusion du nordiste a été visible ses dernières années ? Et qui en sont les auteurs ? C’est pour répondre à ces questions que nous avons cru opportun de publier ce document. Trois éléments conjoints concourent à cette exclusion : le nordiste, le politique, et quelques fois la perception ethnocentrique générale en Côte d’Ivoire. Dans cette première partie, nous nous bornerons à présenter le tableau relatif à l’exclusion qui prend sa source dans l’attitude du nordiste à l’égard de lui-même et partant de sa région.
commodes. Vue les disparités entre cette région du pays et les autres, face au regard de certains compatriotes qui ont été amenés quelques fois par les politiciens à les considérer comme des « sous-hommes » nous sommes tentés d’abonder dans le même sens que ceux qui soutiennent le « positionnement dans la marge » du nordiste. A travers quels éléments l’exclusion du nordiste a été visible ses dernières années ? Et qui en sont les auteurs ? C’est pour répondre à ces questions que nous avons cru opportun de publier ce document. Trois éléments conjoints concourent à cette exclusion : le nordiste, le politique, et quelques fois la perception ethnocentrique générale en Côte d’Ivoire. Dans cette première partie, nous nous bornerons à présenter le tableau relatif à l’exclusion qui prend sa source dans l’attitude du nordiste à l’égard de lui-même et partant de sa région.
Cela n’est un secret pour personne, le peuple qui a la migration inscrite dans ses gènes plus que les autres dans ce pays, c’est bien le nordiste, tous sous-groupes confondus. Evidemment ce déplacement en lui-même ne constitue un péché dans la forme, mais à y regarder de près, il devient dangereux lorsqu’il est massif et couronné par un manque d’enseignement de la part des ainés, enseignement aboutissant sur une maitrise de ses racines, de ses sources. Malheureusement, le constat est tout net, les descendants d’émigrés de la troisième et quatrième génération (les plus nombreux aujourd’hui) ignorent tout de leur source. Exemple : à la question de savoir il est sénoufo d’où ? Il vous répondra fièrement qu’il est sénoufo de Bassam ? Et lorsque vous revenez à la charge pour mieux le coincer, il marmonnera dans une gêne qu’en fait c’est son grand-père qui était de Kolia, sinon son père est à Bassam depuis 35 ans. D’ailleurs, le père n’est plus retourné dans le Niéné depuis son arrivée au sud, pire lui-même ne peut situer sa ville sur une carte. Idem pour ce petit Cissé de Gagnoa incapable de situer Kroukro-mafré son village natal, « fui » par le grand-père depuis 1938.
Le voilà donc sur le chemin conduisant à l’effritement des racines, et au tarissement de la source. Pour se procurer un semblant de source, il s’adonnera au totem de M. Sarkozy : le communautarisme minutieux. La quête de « qui est de chez moi », s’associer à lui pour hélas renforcer la méfiance que les autres éprouve à son égard. Et lorsque la proportion deviendra grandissante, le baptême du quartier sera tout trouvé : Odiénnékourani, Kôkô, Diabylà (quartier des Diaby), Bramakoté, ou enfin le nom standard le plus rependu : Djoulabougou. On en trouve à Gagnoa, Dimbokro, Dabou…
Finie la phase d’installation « chez les gens », il ne se dit plus qu’il est à l’étranger, bien au contraire, il s’engage dans des calcules sur l’échelle qu’il s’est établi lui-même pour prouver qu’il est là avant les aïeux des autochtones. Avec donc la bénédiction des locaux, il s’engagera dans ses activités de prédilection : commerce, transport, PME informelles, et quelques fois agriculture. et au lieu de rapatrier une partie des bénéfices au nord chez lui pour l’investir dans des activités génératrices de revenu, et partant de développement, il s’appuiera sur le décret Boigny ( la terre est propriété de celui qui la met en valeur) pour devenir propriétaire terrien, propriétaire d’établissements privés, entreprises vestimentaires, et spécialistes de don à outrance, de forage d’eau... Comme si quelqu’un avait plus soif dans ce pays que ses congénères restés au village. Concernant les constructeurs immobiliers nordistes au sud, le cas le plus visible est celui du député Lanciné Cissé d’Odiénné qui a tellement construit à Marcory que le Président Houphouët lui aurait dit un matin « c’est bon comme çà ». tandis que les jeunes nordistes « binguistes » sont entrain de sortir de terre des châteaux au « quartier Ancien-gendarmerie » d’Anyama, les préfets de leurs localités au nord sont obligés d’aller passer la nuit au chef-lieu de région et pour cause, manque de logements dignes de leur grade dans leur ville de fonction. Nous avions pensé à l’époque que l’un des dignes fils du nord ancien directeur général adjoint du FMI aurait occupé les jeunes de Kong en y érigeant des ranches comme Adjoumani l’a fait à Tanda, ou des vastes plantations comme Bédié à Prepréssou. Heureusement que la raison visite quelques personnes issues de la nouvelle génération dont nous tairons les noms, pour ne pas les freiner dans leur ardeur.
L’exclusion des nordistes par les nordistes, c’est aussi et surtout le renferment sur le plan matrimonial. Il se caractérise dans un premier temps par une impossibilité d’union entre individus issus de castes et clans considérés pour les uns comme étant des nobles, et par d’autres comme stratégie de conservation de l’espèces à l’état pur : griots n’épousant pas le forgeron, potier n’épousant pas le dozo, tel patronyme ne devant jamais coucher avec tel autre, brefs une série d’attitudes totémiques. Que dire donc d’un mariage intercommunautaire, ou interreligieux ? Avec la disproportion du genre dans la natalité, le kilo de mari est devenu très cher sur le marché, l’on assiste à un semblant d’ouverture.
Enfin et pour clore avec cette premier partie, ayons l’honnêteté de le dire, il existe un manque de solidarité très apparent au sein des peuples du nord de la Côte d’Ivoire. Cette solidarité que j’ai vue chez mes tuteurs bété d’Issia. Après la première à Korogho, Gelpétchan s’est retrouvé chez son oncle au 2 plateau pour la terminale. Lui et les enfants de son oncle obtinrent le BAC ensemble. En juillet, alors que le tonton a déjà inscrit ses enfants au CANADA dans le supérieur, Il exhorte le petit Gelpétchan à appeler son père paysan au village, pour que celui-ci expédie l’argent nécessaire à son inscription dans une structure locale. Les cas similaires sont légions et nous en avons vu lorsque nous étions encore élève.
Sans vouloir indiquer notre village avec l’index gauche, il nous a semblé juste de positionner l’église à sa place au centre du village. A défaut d’avoir fait le constat conjoint de tous les facteurs évoqués et imputables à nous, acceptons la vérité et ne nous illusionnons pas. Nous avons été exclus depuis des décennies de plusieurs processus dans ce pays. Cependant, ne faisons pas endosser la responsabilité aux autres dans ce drame. Tachons de regarder dans le rétroviseur en donnant à nos localités le rayonnement qu’elles méritent, ouvrons nous aux compatriotes pour que le mur de méfiance que nous ne voulons sans brèche tombe définitivement, faisons l’effort d’être moins méchants et hypocrites les uns avec les autres, enfin commençons à rapatrier nos neveux, cousins et parents que nous avons recueillis pendant la crise pour que les salles de classes de chez nous ne soient clairsemées. Lors des funérailles de maman, nous avons été approchés par nos parents du village. Ils souhaitaient que nos enfants n’aillent plus composer le BEPC dans la ville chef lieu de région. Et lorsque nous avons soumis le problème au DRENET, celui-ci à répondu : pour que notre village redevienne centre d’examen, il fallait un quota bien déterminé d’élèves.
Les politiques ont une grande part dans cette exclusion Mais cela est une autre histoire que nous développerons dans la seconde partie.
Les politiques ont une grande part dans cette exclusion Mais cela est une autre histoire que nous développerons dans la seconde partie.
Ceci n'est que notre point de vue. Il est donc très discutable.
(A suivre)
OMAR Samson
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