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SILUE Joachim, un peintre au sommet de son art |
La peinture n’a plus de secret pour lui, même s’il continue, à l’instar de tous les êtres humbles, d’apprendre. Il la sait désormais. Il sait aussi qu’elle peut rapporter gros. Elle peut extirper un pays pauvre, la Côte d’Ivoire donc, des griffes des budgets qui ne tombent pas nets, des quartiers précaires, du paludisme comme fatalité. «Il suffit de patrimoiniser des pièces».
Patrimoiniser. Dans l’entendement de Silué Joachim, peintre ivoirien résidant en Italie qui a tôt fait de lui donner la nationalité, c’est clair pourtant. Un pays qui a beaucoup de pièces de valeurs peut emprunter de l’argent parce qu’il est crédible. «Patrimoiniser», c’est stocker intelligemment les pièces de ses artistes ou celles des artistes originaires d’autres pays mais ayant une renommée internationale. «Un seul Kotobi Kami, ça vaut des milliards. Il n’y a qu’à voir le Joconde qui est hors de prix pour comprendre».
Pour partager ce rêve, Silué Joachim a passé trois semaines à Abidjan où il a pris contact avec le ministre de la culture et de la francophonie afin de le persuader de lorgner du côté de l’art pictural. A-t-il été entendu ? Rien n’est moins sûr. Et pourtant ses
toiles à lui sont vendues en Italie à 10.000 euros (dix mille) entendons 6 millions 500 mille FCFA.
toiles à lui sont vendues en Italie à 10.000 euros (dix mille) entendons 6 millions 500 mille FCFA.
C’est le minimum, en Italie, la terre de Leonard de Vinci et de Mona Lisa, qui l’a adopté. Il est plasticien et elle le reconnaît comme tel. Il l’y a appris la peinture à l’Académie des Beaux-arts de Bologne avec les maîtres les meilleurs. Giovanni Mundola, Severino Storti, Franco Marroco. Après sa formation classique, il recherche une écriture : la sienne. Instinctivement, il fait de l’art de récupération. Du Vohouvohou involontaire. Du vohou-vohou in et volontaire. Son écriture est à la mode, branchée et résolue. Fil, fer, clou, bois suffisent à récréer le monde. Balafon,
1=2, sont autant de mystères qui se laissent percer par leur sobriété. Et pourtant…
Rien ne le prédestinait à la peinture. Il nait le 6 juin 1972 à Adjamé, Abidjan. Originaire de Korhogo, Silue Joachim, après le Bac, se rend en Italie en 1992. Il y travaille pour subvenir aux besoins de la famille restée sur Abidjan et Korhogo qui se sont accrus en 1999, après les premiers pas de bruits de botte ivoiriens. Puis, l’art l’appelle cette même année pour traduire son mal- être.
Cinq années plus tard, il sort diplômé, et depuis, l’Italie veut le garder pour elle. De passage à Abidjan, Silué lance son appel qui peut-être sera entendu par nos oreilles éburnéennes spécialement frappées de surdité et d’allergie à la chose culturelle. La vraie.
MIKE SAPIA
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