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dimanche 7 septembre 2014

Des jeunes filles frappées par un mal étrange

"Ils m'ont déjà emmenée seize fois à l'hôpital le mois dernier", témoigne Beatriz Martinez, 15 ans victime de ce mal étrange qui frappe la ville. / Crédits : AFP
Des jeunes filles qui tremblent et s'évanouissent avec des convulsions. Un mal étrange frappe une petite localité dans le nord de la Colombie, où les habitants mettent en cause une campagne de vaccination contre le virus du papillome humain (VPH).
A El Carmen de Bolivar, près du port caribéen de Carthagène, des dizaines d'adolescentes ont vécu les mêmes symptômes: les mains glacées, le visage blême  et la perte de connaissance.
"Ils m'ont vaccinée en mai et les premiers évanouissements ont commencé en août. Mes jambes sont devenues lourdes, je ne sentais plus mes mains. Quand je me suis  réveillée, j'étais à l'hôpital", raconte à l'AFP Eva Mercado, 15 ans, après sept pertes de connaissance en un mois.
Pour la plupart des familles touchées dans cette ville de 67.000 habitants,  cela ne fait aucun doute. C'est le résultat de la campagne nationale de  vaccination contre le VPH, une des infections sexuelles les plus courantes, qui  peut déboucher sur des cancers de l'utérus.
Le modeste hôpital Notre Dame est submergée par l'arrivée d'adolescentes  inconscientes. Il n'est pas rare de voir des pères paniqués, venant y  transporter leur fille inanimée à moto, sur les routes en terre de Carmen de  Bolivar.
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Les médecins cherchent à constater une hypoglycémie ou une éventuelle trace de consommation de drogue. En vain.
Selon un des responsables de l'hôpital, Augusto Agamez, quelque 370  mineures ont été prises en charge. Parmi les patients, il y a aussi eu un  garçon.
"Il n'y a pas de diagnostic, ni de traitement spécifique", explique-t-il à  l'AFP, en soulignant que l'établissement aide aussi "les familles à gérer ces  crises".
A leur réveil, les jeunes patientes se voient enseigner par les infirmères  des techniques de respiration à travers un gant de latex. Elles reçoivent aussi  du sérum physiologique et de l'oxygène. Une fois rétablies, elles repartent en attendant la prochaine rechute.
  
"Pas une hystérie collective"    
"Ils m'ont déjà emmenée seize fois à l'hôpital le mois dernier", témoigne  Beatriz Martinez, 15 ans elle aussi. Pour elle, tout a commencé par des maux de  tête et de dos, avant que ses membres ne soient atteints. Sa mère doit l'aider  à prendre son bain car ses jambes ne la portent plus.Les jeunes filles atteintes ne sortent plus s'amuser dans les rues,  certaines restant même cloîtrées. "Ma fille n'est plus la même", confie Jhon  Jairo Mercaco, un vendeur ambulant. Il assure qu'il ne l'avait jamais conduite  à l'hôpital depuis sa naissance.
 
"Je suis désespéré", renchérit William Montes, un paysan qui a du descendre  de la montagne avec ses deux filles dans un hamac pour les faire soigner en  ville.
Cette épidémie inexpliquée a soulevé un émoi dans tout le pays et le  président Juan Manuel Santos est lui-même monté au créneau. Affirmant que la  campagne de vaccination était sûre, le chef de l'Etat a évoqué un "phénomène de suggestion collective".
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Une réaction qui a provoqué une immense colère à Carmen de Bolivar, une  région déjà très éprouvée par le conflit armé secouant la Colombie depuis un  demi-siècle. Dans les années 80, des affrontements entre guérilleros et  paramilitaires y ont fait une centaine de victimes.
Le ministre de la Santé Alejandro Gaviria y a récemment été accueilli sous  les huées et des incendies de pneus.

S'il a promis une série de mesures - recensement des patientes, nouveaux examens, aide psychosociale - , le ministre a toutefois écarté l'idée de  suspendre les vaccinations. "Nous n'avons pour le moment aucune raison  d'arrêter", a fait valoir M. Gaviria.
Un discours qui est loin d'avoir convaincu les parents dont la vie familiale mais aussi professionnelle se retrouve bouleversée.
 
"Ce n'est pas une hystérie collective, une manipulation. Si tu vois ta  fille avec ces symptômes après la vaccination, à quoi d'autre s'en prendre ?",  lance Maria Veronica Romera, la mère d'une adolescente de 13 ans bien amaigrie.
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tf1.fr

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