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Isaac Zida, Premier ministre du Burkina |
Dans un marché de quartier, les femmes sont apeurées et courent dans tous les sens. Des individus qu’elles n’avaient pas prévus sont brusquement apparus dans le marché. Des sifflets à la bouche, des coupe-coupe et couteaux à la main. Ils sont à la recherche de viande, ou du moins de bouchers.
Car, ce vendredi, toute viande aperçue
sur le marché est coupée en petits morceaux, mangée ou distribuée
gratuitement. L’autre spectacle se déroule dans un maquis. Un autre
groupe d’individus (c’est après qu’on saura qu’il s’agit de bouchers)
arrive à peu-près de la même manière. N’ayant pas trouvé le boucher, ils
obligent le propriétaire du maquis à laisser «inspecter» les lieux. Ils
sont à la recherche de viande. Les clients qui ne comprenaient rien ont
failli s’enfuir, car n’étant pas coutumiers de ce genre de visiteurs,
la machette à la main.
==> Lire aussi: Burkina: Zida nationalise une entreprise du clan Compaoré
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La veille, c’est à la Filature du
Sahel que des femmes, des mères et des épouses sont allées pour soutenir
leurs enfants et leurs épouses et exiger le départ du directeur parce
qu’elles estiment qu’il les «pille». Et c’est maintenant qu’elles se
rendent compte. Avant elles, dans d’autres administrations, la tension
est la même. Et ce, depuis l’insurrection des 30 et 31octobre.
De plus en plus de voix se lèvent un
peu partout, soit pour réclamer le départ d’un ancien responsable ou
d’un groupe de responsables, soit pour s’opposer à la nomination d’un
nouveau. Et cela, en respect au mot d’ordre qui veut que «plus rien ne
soit comme avant dans ce pays», puisque «nous ferons ce que le peuple
veut». Autrement dit, «toutes les décisions seront prises avec l’accord
du peuple; si vous n’êtes pas d’accord on change». Rectification: «le
peuple sera désormais informé de ce que nous faisons». C’est donc tout à
fait normal qu’on fasse recours au Premier ministre car il semble avoir
donné l’impression qu’il peut tout résoudre et tout de suite. Zida a
donc cherché, Zida a donc trouvé. «Zida arrive». Ces deux mots suffisent
désormais dans plusieurs milieux pour dire «attention à ce que vous
faites», car le Premier ministre Isaac Zida veille.
Cependant, les Burkinabé devraient
être plus réalistes. Si plus rien ne sera comme avant dans ce pays, cela
ne veut absolument pas dire que tout va changer, ou a changé, tout de
suite et maintenant. Le Burkina Faso reste un pays enclavé aux
ressources limitées, faites de produits d’agriculture et de biens de
services. Ce n’est que ces dernières années que la production d’or
intervient dans le produit intérieur brut. Ce qui n’a pas eu lieu avec
Maurice Yaméogo, Lamizana, Saye Zerbo, Jean-Baptiste, Sankara ou avec
Blaise Compaoré n’aura pas lieu avec Zida. Autrement dit, Isaac Zida ne
fera pas de miracle, même s’il le voudrait.
==> Lire aussi: Burkina Faso, le pouvoir n'a pas changé de camp
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En effet, c’est dans la lucidité qu’on
arrivera à relever les défis qui se présentent en ce moment devant
nous. C’est dans la réconciliation qu’on pourrait réussir la transition
et aller à des élections générales équitables, transparentes et
démocratiques.
C’est dans la tolérance, la concorde
retrouvée que les Burkinabé pourront apprendre à revivre ensemble, à
s’accepter et à envisager l’avenir de leur pays. C’est cela que les
premières autorités doivent inscrire dans leur agenda. Car, si on doit
tout dire et tout faire, les premières victimes pourraient être celles
qu’on n’imagine pas. N’est-ce pas qu’Isaac Zida a été le numéro deux de
la garde présidentielle de Blaise Compaoré ? N’est-ce pas qu’Auguste
Barry a été ministre de la Défense de Blaise Compaoré? N’est-ce pas…aa
Le titre est de la rédaction
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