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mardi 23 décembre 2014

Zida face aux caprices d'un peuple

 
Isaac Zida, Premier ministre du Burkina

Dans un marché de quartier, les femmes sont apeurées et courent dans tous les sens. Des individus qu’elles n’avaient pas prévus sont brusquement apparus dans le marché. Des sifflets à la bouche, des coupe-coupe et couteaux à la main. Ils sont à la recherche de viande, ou du moins de bouchers.

Car, ce vendredi, toute viande aperçue sur le marché est coupée en petits morceaux, mangée ou distribuée gratuitement. L’autre spectacle se déroule dans un maquis. Un autre groupe d’individus (c’est après qu’on saura qu’il s’agit de bouchers) arrive à peu-près de la même manière. N’ayant pas trouvé le boucher, ils obligent le propriétaire du maquis à laisser «inspecter» les lieux. Ils sont à la recherche de viande. Les clients qui ne comprenaient rien ont failli s’enfuir, car n’étant pas coutumiers de ce genre de visiteurs, la machette à la main.

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La veille, c’est à la Filature du Sahel que des femmes, des mères et des épouses sont allées pour soutenir leurs enfants et leurs épouses et exiger le départ du directeur parce qu’elles estiment qu’il les «pille». Et c’est maintenant qu’elles se rendent compte. Avant elles, dans d’autres administrations, la tension est la même. Et ce, depuis l’insurrection des 30 et 31octobre.
De plus en plus de voix se lèvent un peu partout, soit pour réclamer le départ d’un ancien responsable ou d’un groupe de responsables, soit pour s’opposer à la nomination d’un nouveau. Et cela, en respect au mot d’ordre qui veut que «plus rien ne soit comme avant dans ce pays», puisque «nous ferons ce que le peuple veut». Autrement dit, «toutes les décisions seront prises avec l’accord du peuple; si vous n’êtes pas d’accord on change». Rectification: «le peuple sera désormais informé de ce que nous faisons». C’est donc tout à fait normal qu’on fasse recours au Premier ministre car il semble avoir donné l’impression qu’il peut tout résoudre et tout de suite. Zida a donc cherché, Zida a donc trouvé. «Zida arrive». Ces deux mots suffisent désormais dans plusieurs milieux pour dire «attention à ce que vous faites», car le Premier ministre Isaac Zida veille.
Cependant, les Burkinabé devraient être plus réalistes. Si plus rien ne sera comme avant dans ce pays, cela ne veut absolument pas dire que tout va changer, ou a changé, tout de suite et maintenant. Le Burkina Faso reste un pays enclavé aux ressources limitées, faites de produits d’agriculture et de biens de services. Ce n’est que ces dernières années que la production d’or intervient dans le produit intérieur brut. Ce qui n’a pas eu lieu avec Maurice Yaméogo, Lamizana, Saye Zerbo, Jean-Baptiste, Sankara ou avec Blaise Compaoré n’aura pas lieu avec Zida. Autrement dit, Isaac Zida ne fera pas de miracle, même s’il le voudrait.

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En effet, c’est dans la lucidité qu’on arrivera à relever les défis qui se présentent en ce moment devant nous. C’est dans la réconciliation qu’on pourrait réussir la transition et aller à des élections générales équitables, transparentes et démocratiques.
C’est dans la tolérance, la concorde retrouvée que les Burkinabé pourront apprendre à revivre ensemble, à s’accepter et à envisager l’avenir de leur pays. C’est cela que les premières autorités doivent inscrire dans leur agenda. Car, si on doit tout dire et tout faire, les premières victimes pourraient être celles qu’on n’imagine pas. N’est-ce pas qu’Isaac Zida a été le numéro deux de la garde présidentielle de Blaise Compaoré ? N’est-ce pas qu’Auguste Barry a été ministre de la Défense de Blaise Compaoré? N’est-ce pas…aa
Le titre est de la rédaction
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