C'est aujourd'hui que
débute le procès de Simone Gbagbo et de ses 82 coaccusés, tous proches
du régime de l'ancien président Laurent Gbagbo, devant la justice
ivoirienne. Un procès historique.
Le procès de Simone Gbagbo et de ses
82 co-accusés s'ouvre vendredi 26 décembre au palais de justice
d'Abidjan. En résidence surveillée à Odienné, dans le nord-ouest de la
Côte d'Ivoire depuis son arrestation en avril 2011, l'ancienne Premier
dame de Côte d'Ivoire a été transférée dans la capitale ivoirienne le
1er décembre en fin de matinée. Elle est depuis détenue à l'école de
gendarmerie d'Abidjan. Voici les principales clés pour comprendre un
procès historique.
Un procès retardé
Initialement, les audiences devaient
débuter le 22 octobre. Le procès a finalement été reporté sine die le
jour même, officiellement pour des raisons logistiques. Le retard pris
était également lié à une recomposition nécessaire du jury, dont
l'origine ethnique des membres, proche de celle du président Alassane
Ouattara, aurait pu causer des suspicions à l'heure du verdict. "Il faut
tenir compte de l'environnement politique, il s'agit d'un procès
politique", déclarait au moment du report Affoussiata Bamba-Lamine, la
porte-parole adjointe, par ailleurs ministre de la Communication.
Le début du procès, vendredi,
coïncidera avec la rentrée solennelle des assises. "Ensuite, il va
certainement avoir une désignation de nouveaux jurés suivi du début des
audiences. Les prévenus seront présents", a expliqué à l'AFP l'un des
avocats de Simone Gbagbo. L'audience de procédure de l'ancienne Première
dame a eu lieu le 8 décembre. Elle fut présentée au président de la
Cour d'assises pour l'audience d'interrogation sur son identité. Peu de
temps après son arrivée à Abidjan, elle avait déjà accepté de répondre
aux questions d'un juge ivoirien sur la disparition du journaliste
français André Kieffer le 16 avril 2004.
==> Lire aussi: Ouverture ce vendredi du procès de Simone Gbagbo
==> Lire aussi: Ouverture ce vendredi du procès de Simone Gbagbo
Les auditions des prévenus débuteront le 5 janvier.
Un seul chef d'accusation
Depuis son inculpation, le 18 août
2011 par la justice ivoirienne, l'ex-première dame de Côte d'Ivoire est
poursuivie pour trois crimes majeurs : "atteinte à la sûreté de l'État,
crimes de sang et crimes économiques". Mais le procès qui s'ouvre à
Abidjan ne concerne que le premier chef d'inculpation, celui l'atteinte à
la sûreté de l'État.
L'inculpation de l'ex-première dame
pour "crimes de sang" est examinée par un autre juge d'instruction
ivoirien, qui a déjà interrogé la prévenue mais n'a pas encore transmis
son dossier au parquet d'Abidjan.
Le procès des pro-Gbagbo
Simone Gbagbo n'est pas la seule à
comparaître vendredi. Elle sera accompagnée par 82 co-accusés, tous
membres du camp de l'ancien président ivoirien. Parmi eux : Michel
Gbagbo (le fils franco-ivoirien de la première épouse de Laurent
Gbagbo), Aboudramane Sangaré (le premier vice-président du FPI), Gilbert
Aké N'Gbo (le Premier ministre éphémère du camp Gbagbo pendant la crise
postélectorale de 2010-2011) et Pascal Affi N'Guessan (le président du
FPI).
Le contentieux avec la CPI
La femme de l'ancien président
ivoirien est également dans le viseur de la Cour pénale internationale
(CPI). Le 11 décembre, la juridiction internationale a une nouvelle fois
demandé à la Côte d'Ivoire de lui livrer Simone Gbagbo. Par peur de
troubles politiques, Abidjan refuse, soulevant une "exception
d'irrecevabilité" et contestant la compétence de la CPI, qui ne peut
poursuivre un suspect que si la justice nationale ne peut pas ou ne veut
pas le faire. Du côté de La Haye, on estime que les poursuites engagées
en Côte d'Ivoire ne portent pas sur les mêmes accusations, rejetant dès
lors l'"exception d'irrecevabilité".
==> Lire aussi: Affaire Simone Gbagbo : Ouattara "assomme" définitivement la CPI !
==> Lire aussi: Affaire Simone Gbagbo : Ouattara "assomme" définitivement la CPI !
Le gouvernement ivoirien "va se donner
le temps de (l') analyse et revenir avec une position claire", a promis
Bruno Koné, porte-parole du gouvernement ivoirien. Selon lui, la Côte
d'Ivoire, "respectueuse des engagements qu'elle prend", a aussi "des
principes qu'elle souhaite voir respectés". Être le premier chef d'État à
envoyer une femme devant cette cour, devoir ensuite transférer à La
Haye des gens de son propre camp, reformer le couple Gbagbo à La Haye…
Les raisons pour lesquelles les autorités ne souhaitent pas livrer
Simone Gbagbo ne manquent pas.
La crise au FPI
Le procès va s'ouvrir dans un contexte
de crise ouverte au sein du Front populaire ivoirien (FPI). Deux camps
s'opposent. Le premier, qui fait de la libération de l'ancien président
ivoirien "le cœur de la stratégie de lutte du parti", veut voir Laurent
Gbagbo désigné à la tête du FPI bien qu'il est emprisonné depuis trois
ans à la Cour pénale internationale pour "crimes contre l'humanité". Le
second soutient l'actuel patron du parti Pascal Affi N'Guessan, opposé à
l'ex-chef de l'État dans ces élections internes, qui souhaite
participer à l'élection de 2015 sous la bannière de la principale
formation d'opposition.
Le 4e congrès du parti, qui devait se
tenir du 11 au 13 décembre, a finalement été interdit par les autorités à
la demande d'Affi N'Guessan. Ce dernier a contesté devant la justice la
validité de la candidature de Gbagbo. Hasard du calendrier, c'est
également le 26 décembre quelle doit rendre son verdict.
Le Titre est de la rédaction
CLIQUEZ ICI POUR EN SAVOIR PLUS
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire