Grève de militaires,
barrages, coups de feu dans Abidjan après l'arrestation vendredi d'un
ex-chef de guerre: les rebelles ayant aidé Alassane Ouattara à arriver
au pouvoir en Côte d'Ivoire, après son élection mouvementée fin 2010,
n'en finissent pas de gêner le régime.
Les incidents impliquant les
ex-combattants se multiplient depuis novembre. "Ce sont des mouvements
d'humeur qui peuvent arriver. Mais à chaque fois l'ordre est instauré",
rassure Bruno Koné, le porte-parole du gouvernement.
Alors qu'une présidentielle est prévue
en octobre 2015, l'image d'une Côte d'Ivoire apaisée vantée par les
autorités s'émiette toutefois au rythme des incidents.
Abidjan a "attendu trois ans pour
neutraliser les rebelles, pour les marginaliser, les mettre au placard.
Maintenant, ça va être de plus en plus difficile", juge une source
sécuritaire occidentale.
Mi-novembre, des soldats en grève
bloquent le pays. Le mouvement démarre de Bouaké, la deuxième ville
ivoirienne, puis essaime rapidement pour atteindre Abidjan. Près de
9.000 anciens rebelles, intégrés dans l'armée en 2009 et 2011, exigent
le paiement d'arriérés de soldes et des promotions. Alassane Ouattara
souscrira à leurs doléances.
"Ouattara a ouvert la boîte de
Pandore", affirme un analyste occidental. "Il s'est acheté la paix dans
les casernes jusqu'à la présidentielle" de 2015 dont il est le grand
favori, mais a aussi "créé un précédent" et "une instabilité probable"
après l'élection, estime-t-il.
Les gardes pénitentiaires, dont 2.000
anciens rebelles font partie, se mettent ensuite en grève pour une
journée. Le mouvement part là encore de Bouaké, ancienne capitale
rebelle du nord, quand le territoire national était coupé en deux après
le coup d'Etat manqué de 2002 contre Laurent Gbagbo.
La décennie de troubles
politico-militaires dans le pays a culminé avec la crise postélectorale
née du refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire de M. Ouattara à la
présidentielle fin 2010.
Près de 3.000 personnes ont péri en
cinq mois de violences. Détenu depuis trois ans par la Cour pénale
internationale, l'ex-président sera jugé en juillet 2015 pour "crimes
contre l'humanité".
Les chefs des ex-rebelles qui ont
soutenu le président Ouattara face au camp Gbagbo lors de la crise
postélectorale sont, eux, devenus les piliers du nouveau pouvoir. Les
anciens "com'zones" (commandants de zone) trônent au sommet de la
hiérarchie sécuritaire.
"Décapitation de la rébellion"
La Fédération internationale des
droits de l'Homme (FIDH) dénonçait récemment l'impunité dont bénéficient
les ex-chefs de guerre, notamment Losséni Fofana, dit "Loss", désigné
pour sa responsabilité présumée dans le massacre de Duékoué (ouest), qui
a fait "des centaines de morts" en mars 2011. "Loss" est en charge de
la sécurité militaire de tout l'ouest ivoirien.
Quelquefois, certains tombent en
disgrâce. Issiaka Ouattara, dit "Wattao", a été exilé au Maroc pour une
formation militaire. De son côté, Salif Traoré, dit "Tracteur", a été
arrêté vendredi matin par l'armée pour un motif encore inconnu.
L'interpellation a fait un mort parmi
ses hommes. D'autres ont ensuite tiré en l'air pour manifester leur
colère. Des dizaines de soldats ont été appelés en renfort pour ramener
le calme.
L'incident est une "conséquence de la
crise" postélectorale, explique Bruno Koné, pour qui Abidjan "traite
petit à petit ces questions". Salif Traoré était accusé d'avoir fomenté
le blocage jeudi d'une route fréquentée à proximité du camp militaire
d'Akouédo, le plus important d'Abidjan, ce que ses hommes nient.
Les soldats ayant érigé les barricades
ont été "immédiatement mis aux arrêts" et seront "radiés", a annoncé le
ministère de la Défense. "La décapitation de la rébellion est en train
de se produire à Abidjan", glisse un sympathisant de "Tracteur".
"Ils ont oublié qu'on les a mis au
pouvoir!", s'exclame un autre, gri-gri à la main, qui avertit: "on ne
rentre pas dans le jeu de l'intimidation. Mais si on nous force, on le
fera."
Le titre est de la rédaction
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