Traduire / Translate

mardi 21 octobre 2014

Palabre autour de la mort de la mère de Gbagbo Laurent

 
Pour reposer son corps et son âme déjà fatigué et en peine. Qui saura dire sa souffrance ? Personne.

Pauvre Maman Gado !
Le 109e anniversaire de Félix Houphouët-Boigny, Premier Président de la République de Côte d’Ivoire, a été célébré samedi dernier à l’église St-Jean de Cocody en présence des membres de sa famille politique, avec à leur tête Henri Konan Bédié. Le lendemain, le RDR rendait hommage à son « Fama » le noble Djéni Kobina, pour le 16e anniversaire de sa mort. Tous ces deux faits se sont déroulés dans l’union, la prière et le souvenir. Pendant que cette même Côte d’Ivoire, dans le recueillement se souvenait de deux de ses illustres fils, la même Côte d’Ivoire – Eh Dieu ! – se battait et va continuer à le faire devant le corps encore chaud de la mère de l’ex- Président de la République, Laurent Gbagbo.


Dans ce pays où tout est politique, l’on est tombé dans ce qui nous caractérise désormais : le tout politique. Même là où il ne faut pas. En 1993, à la mort de Félix Houphouët-Boigny, le Fpi, principal parti de l’opposition, avait donné une image de grandeur de lui-même, en décrétant la trêve, comme tous les autres partis d’ailleurs, pour enterrer, tous ensemble, dans l’épreuve de la douleur vraie ou fausse, comédie ou sincérité, le Premier Président de la République de Côte d’Ivoire. Cela s’appelle prendre de la hauteur et savoir honorer ses morts. Même quand des différends énormes vous séparent. Ces « grandes douleurs muettes » avaient donné une élégance à l’opposition ivoirienne.
Aujourd’hui, pourquoi ces accusations et défenses dont on aurait pu faire l’économie, pour mettre en terre, dans le recueillement, la vieille mère de 90 ans, sans doute plus ? Tout simplement parce que nous avons tout résumé, en Côte d’Ivoire, au tout politique. A travers des replis identitaires, des regards borgnes, des accusations et indignations sélectives où la haine sort de tous les pores. L’oubli des torts d’hier, le pardon nécessaire à s‘accorder ne sont que vains cantiques. Avec toutes ces tares, l’on veut aller à la table de la réconciliation et de la paix. Parce que l’on pense qu’il suffit de dire ces mots pour qu’ils se diffusent de partout dans les cœurs « gelés des rancœurs », vieilles comme nos palabres. Surtout depuis qu'est tombé sur nous le multipartisme.
Alors, au lieu de s’imposer un silence pour prier pour le repos de l’âme de la vieille Gado éprouvée par des années d’exil au Ghana et le trajet du retour au pays natal, rongée par le mal sans nom qu’une mère éprouve pour son fils, loin d’elle depuis la fin de la crise post-électorale – Laurent Gbagbo est incarcéré à la Haye-, et qui n’a pas pu revoir son village natal pour y finir ses jours, on se chamaille pour un corps. Celui d’une « vieille mère » qui ne demande qu’à dormir en paix. Qu’à être mise en terre dignement. Pour reposer son corps et son âme déjà fatigué et en peine. Qui saura dire sa souffrance ? Personne. Aucun mot, non plus, ne saura remplacer la perte de cette mère. Dire encore que vient de s’ajouter la querelle autour du lieu d’inhumation…
Comme oraison funèbre, on lui servira sans aucun doute les palabres éternels de la politique qui divise tout le monde. En attendant, qui de Gnaliepa et Blouzon aura l’insigne honneur de recevoir le corps de maman Gado ?
Les palabres ne font que commencer. Même avec des morts comme prétexte. Tous les moyens sont bons, pour se battre. Au propre comme au figuré. Etrange pays !

Ti Nan Kan

CLIQUEZ ICI POUR EN SAVOIR PLUS 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire