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lundi 8 décembre 2014

Comment lutter contre les Hépatites ?

 
Depuis 1986, il existe un vaccin qui permet d'immuniser contre le virus de l'hépatite B. (Photo d'illustration)

Les hépatites virales sont des maladies du foie silencieuses qui passent souvent inaperçues. Elles peuvent dans certains cas (hépatite B ou C) devenir une maladie chronique pouvant entraîner des complications graves comme la cirrhose ou le cancer du foie. C'est ce qui en fait la gravité."
Chef du service d'hépato-gastro-entérologie de l'hôpital Saint-Joseph à Marseille, le Dr Marc Bourlière, référent en France dans la prise en charge des patients infectés par les virus des hépatites, s'investit chaque année auprès du grand public (lire ci-contre) afin de le sensibiliser à cette maladie "très fréquente". Une personne sur 14 dans le monde est porteur du virus B ou C.
"Il y a plusieurs types d'hépatites", rappelle-t-il, les plus fréquentes étant les A, B et C. Dans le premier cas cité, le virus de l'hépatite A se transmet par l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés ou par contact direct avec une personne infectée. Fréquente il y a 20 ans dans notre pays, elle a très nettement diminué du fait des progrès de l'hygiène alimentaire. Actuellement, la contamination se fait essentiellement lors de voyage en Europe du Sud, en Afrique, en Asie ou en Amérique Latine. Un milliard de personnes auraient déjà été en contact avec le virus dans le monde.
Concernant l'hépatite B, 360 millions de personnes seraient infectées chroniquement. "Elle se transmet essentiellement lors des rapports sexuels, par transmission de la mère à l'enfant au moment de l'accouchement et par voie sanguine chez les usagers de drogue, explique le Dr Bourlière. Cette maladie peut passer à la chronicité et est responsable de cirrhose et de cancer du foie. Chaque année dans le monde près d'un million de personnes décèdent de ces complications. Le traitement des hépatites chroniques B repose essentiellement sur des antiviraux oraux directs qui vont faire disparaître rapidement le virus du sang et donc stopper le risque de contamination et diminuer voire annuler le risque de complications."
Depuis 1986, il existe un vaccin qui permet d'immuniser contre le virus de l'hépatite B. "Il faut le faire car les études montrent qu'il a diminué l'incidence du cancer du foie."
En revanche, il n'y a pas de vaccin pour s'immuniser contre l'hépatite C. 170 millions de personnes seraient atteintes de façon chronique par le virus de l'hépatite C (VHC) dans le monde. "L'hépatite C se transmet essentiellement par voie sanguine et exceptionnellement par voie sexuelle. Les populations 'à risque' concernées sont d'abord les usagers de drogue par voie intraveineuse, mais aussi par voie nasale lors des partages de paille à l'occasion des sniffes, et ensuite les populations exposées à un risque sanguin à l'occasion de transfusion avant 1989 ou à l'occasion de tous actes invasifs (piercing tatouage, acupuncture...)."

Des traitements révolutionnaires

Découvert en 1989, ce virus a pu être traité par l'interféron associé à la ribavirine. Ces traitements étaient lourds et ne permettaient de guérir que 50 % des malades. Les progrès de la recherche fondamentale sur le virus C ont permis de créer de nouveaux antiviraux directs (plus d'une vingtaine de molécules sont actuellement en développement). En 2011, la mise sur le marché des deux premières anti-protéases (Boceprévir et Télaprevir) a augmenté le nombre de guérison de certains patients de 30 %. "En 2014, trois nouvelles molécules ont été mises à la disposition des médecins pour les patients les plus graves, et l'association de ces molécules sans interféron permet actuellement d'obtenir après 3 ou 6 mois de traitement une disparition du virus et donc une guérison chez plus de 90 % des malades et cela avec très peu d'effets secondaires et pas de diminution de la qualité de vie."
L'hépatite C peut donc maintenant être guérie chez la quasi-totalité des malades. Mais ces traitements sont coûteux et pour l'instant leur accès est limité aux malades les plus graves.
La France a fait un grand effort cette année en permettant à plus de 10 000 malades d'avoir accès à ces traitements.
Comme en terme de dépistage. Le Dr Bourlière insiste sur le fait que "la France est le pays qui a effectué le plus gros effort en la matière dans les 15 dernières années. Cependant, plus de 40 % des personnes contaminées ignorent encore leur statue. Le récent rapport coordonné par le Pr Dhumeaux auquel j'ai participé à proposer à la ministre de la Santé d'étendre ce dépistage à tous les hommes de 18 à 60 ans et chez les femmes enceintes."

Le titre est de la Rédaction
laprovence.com

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