Le ministère de
l'Administration territoriale a officiellement annoncé lundi la
suspension du CDP, le parti de Blaise Compaoré. La Fedap-BC, une
association de soutien à l'ancien président, et l'ADF-RDA, formation qui
avait pris position en faveur du projet de modification
constitutionnelle, sont aussi suspendues.
L'opération de nettoyage se poursuit
au Burkina Faso. Après le limogeage de patrons de sociétés publiques,
accusés d'être trop proches du clan Compaoré, et la nationalisation
d'une entreprise immobilière appartenant à l'ancienne "belle-mère
nationale", Alizéta Ouédraogo, les autorités de transition s'en sont
pris au principal rouage politique de l'ancien président : le Congrès
pour la démocratie et le progrès (CDP).
» A lire aussi: Burkina: Zida nationalise une entreprise du clan Compaoréale a annoncé, dans un communiqué offficiel diffusé lundi 15
décembre, la suspension du CDP ainsi que celles de la Fédération
associative pour la paix avec Blaise Compaoré (Fedap-BC) et de
l'Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement
démocratique africain (ADF/RDA), troisième force politique du pays qui
s'était rangée derrière le projet de modification constitutionnelle de
l'ancien président du Faso.
"Chasse aux sorcières"
L'arrêté pris par le ministre Auguste
Denise Barry, bras droit du Premier ministre Yacouba Isacc Zida,
reproche au CDP des "activités incompatibles avec la loi portant charte
des partis et formations politiques au Burkina Faso". Selon ce texte,
"en cas de violation des lois et règlements de la république par un
parti ou une formation politique et en cas d’urgence ou de trouble de
l’ordre public", le Ministre chargé des libertés publiques "peut prendre
un arrêté de suspension de toutes activités du parti concerné et
ordonner la fermeture de son siège". Il en est de même pour la Fedap-BC,
accusée d'avoir mené des "activités incompatibles avec la loi portant
liberté d'association au Burkina Faso".
Dans les rangs du CDP,
l'incompréhension dominait. "Jusque là, je me refusais à parler de
'chasse aux sorcières', témoigne un cadre de l'ancien parti
présidentiel. Même dans un pays comme la Côte d'Ivoire, qui a connu une
crise politique plus grave, les nouvelles autorités n'ont pas fait
ça..." Même son de cloche du côté de l'ADF-RDA. "Je ne comprends pas le
sens de cette décision, affirme un responsable du parti. En stigmatisant
certaines personnes de la sorte, il sera difficile d'ensuite parler de
réconciliation."
Le leader du CDP, Assimi Kouanda, et
celui de la Fedap-BC, Adama Zongo, sont internés depuis le 5 novembre au
camp de gendarmerie Paspanga de Ouagadougou. Ils sont accusés d’avoir
publiquement tenu des propos pouvant causer des troubles à l’ordre
publique – Kouanda avait appelé ses troupes à se défendre en cas
d’attaque -, et ont été interpellés et "placés en sécurité" par les
militaires en charge de la transition.
Le titre est de la rédaction
Jeune Afrique
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