En annonçant, début
décembre, le retrait progressif de la force Sangaris de Centrafrique, le
ministre français de la défense, Jean-Yves Le Drian, a montré les
limites budgétaires des opérations extérieures (OPEX) de la France,
notamment en Afrique, Arrêté à 450 millions € début 2014, le budget
affecté à ces opérations exponentielles au cours de l'année a explosé.
Il dépassera 1,2 milliard € fin décembre, soit une hausse non prévue de
750 millions €.
A quelques mois de la présidentielle
centrafricaine, et au moment où la MINUSCA prend péniblement le relais
sur le terrain, ce repli n'est pas de nature à consolider la paix dans
le pays.
Analyse
Retour au dispositif Boali. Alors
qu'elle compte actuellement 1 950 hommes, auxquels s'ajoutent 250
soldats enrôlés au sein de l'Eufor, Sangaris devrait être ramenée au
dispositif initial de la force Boali en 2013, au moment de la chute de
François Bozizé, soit 450 hommes. Cette diminution entrera en vigueur à
partir du printemps 2015, à l'occasion de plusieurs relèves. A terme,
les forces françaises ne seront plus représentées que par un bataillon
et des moyens aéroportés, contre deux bataillons aujourd'hui.
Le mot d'ordre étant aux économies,
une compagnie du 1er Régiment de chasseurs parachutistes (RCP) a déjà
été priée de regagner l'Hexagone cinq semaines après son arrivée à
Bangui, fin octobre. Sa mission devait initialement durer quatre mois."
Paradoxe: pour compenser ces baisses d'effectifs, la France, qui demeure
par ailleurs circonspecte quant à la capacité des Centrafricains à
trouver une issue politique à la crise, vient d'envoyer à Bangui des
équipements d'entretien particulièrement onéreux, comme des hélicoptères
de combat Tigre HAD. L'ex-Séléka fait la loi.
Alors que les 8 600 casques bleus de
la MINUSCA (Rwanda, Congo-B, Maroc, Pakistan, Gabon, Bangladesh ...)
déjà présents sur le terrain devraient être renforcés début 2015 par
deux bataillons de soldats angolais, le désengagement des militaires
français, les seuls qui demeurent réellement dissuasifs, devrait donner
une nouvelle marge de manœuvre aux "généraux" de l'ex-rébellion Séléka.
Ces derniers avaient pu quitter Bangui sans encombre au lendemain de la
démission de Michel Djotodia. Depuis cette période, ils continuent de
contrôler avec leurs hommes les villes riches en ressources minières de
l'Est et du Nord du pays.
C'est le cas à Bambari où sévit Ali
Darras, ex-chef d'état-major du Front populaire pour le redressement
(FPR) du rebelle tchadien Baba Laddé. A Bria, Zakaria Damane, baron de
l'ex-UFDR de Michel Djotodia, règne sans partage, tandis que Nouredine
Adam dicte sa loi à Birao. Ces leaders restent animés par l'envie d'en
découdre avec le pouvoir central de Bangui. Illustration de cette
capacité de nuisance restée intacte hors de la capitale: des éléments de
l'ex-Séléka ont fait usage de leurs armes, fin novembre, pour empêcher
la prise de fonction des préfets de Kaga-Bandoro (centre) et Ndélé
(nord). Bozizé non neutralisé, Miskine en liberté.
Ce climat se trouve alourdi par les
velléités de reconquête du pouvoir émanant du camp de François Bozizé.
Toujours réfugié en Ouganda, où Yoweri Museveni lui a accordé l'asile,
l'ex-président renversé en mars 2013, actuellement sous sanctions
onusiennes, n'a pas renoncé à reconquérir son trône. Quant à la récente
libération de Martin Koumtamadji, alias le général Abdoulaye Miskine,
après une intervention opportune de Denis Sassou Nguesso, elle souligne
l'ambiguïté de la médiation menée par le président congolais.
A la tête du Front démocratique du
peuple centrafricain (FDPC), Miskine dispose encore en brousse de
combattants et d'une certaine capacité de nuisance. Les chances de
succès du nouveau dialogue inter-centrafricain, qui s'ouvrira début 2015
à Bangui, n'en sont que plus incertaines.
Le titre est de la rédaction
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