Très critiqué dans son
pays pour avoir ordonné la libération de quatre jihadistes afin
d’obtenir celle de l’otage français Serge Lazarevic le 9 décembre,
Ibrahim Boubacar Keïta s’est expliqué le 16 décembre à Dakar, à
l’occasion de la cérémonie de clôture du Forum sur la paix et la
sécurité en Afrique.
Devant trois de ses pairs (le
Sénégalais Macky Sall, le Tchadien Idriss Déby Itno et le Mauritanien
Mohamed Ould Abdelaziz) et les représentants des autres pays africains,
le président malien a assumé sa décision.
"Je vais être très clair", a-t-il
averti au milieu de son discours : s’il a fait élargir ces quatre
jihadistes qui n’ont jamais été jugés, "ce n’est pas seulement" parce
que la France a envoyé ses soldats au Mali en janvier 2013 pour stopper
l’offensive des groupes affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi),
c’est aussi parce "qu’on n’a pas le droit de garder en captivité, entre
les mains d’un groupe terroriste", un innocent. Serge Lazarevic était
détenu depuis trois ans par une katibat d’Aqmi. Il avait été enlevé dans
la ville de Hombori, au nord du Mali.
L’un des jihadistes libérés, Mohamed
Aly Ag Wadoussène, celui-là même qui a enlevé les deux Français en 2011
(Serge Lazarevic et Philippe Verdon, assassiné, lui) et qui a tué un
gardien de prison en juin dernier (le Malien Kola Sofara) au cours d’une
tentative d’évasion, "ne pourra jamais être absous de ses crimes".
"J’aurais préféré mille fois le garder en prison", a ajouté IBK, qui
estime que "ce n’est pas un déni de justice" que de l’avoir libéré.
Quelques minutes plus tôt, IBK avait
affirmé sur RFI que ces quatre hommes seraient traqués "où qu’ils se
trouvent". "C’est un devoir", avait-il insisté.
La libération de ces quatre
jihadistes, confirmée le 12 décembre par le ministre malien de la
Justice, Mohamed Ali Bathily, a provoqué un tollé au Mali et au-delà sur
le continent africain. Le frère d’une des victimes de Wadoussène, Sidi
Sofara, s’en était indigné sur les ondes de RFI, et son appel de
détresse a ému nombre d’Africains.
Le ministre français de la Défense,
Jean-Yves Le Drian, également présent à Dakar, s’est refusé à évoquer
cet échange. Même hors micros, "on ne commente jamais ces sujets",
indique un de ses collaborateurs.
Au cours de cette même cérémonie, le
président mauritanien s'est démarqué de la position du Mali et de la
France. "Tout paiement de rançon met en danger des dizaines de vies
humaines et les États eux-mêmes. Nos partenaires occidentaux ne doivent
pas être laxistes avec les terroristes."
Le titre est de la rédaction
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