Cher Ami, cher frère
Après la visite fraternelle que tu as bien voulu me rendre au centre pénitentiaire de
Schewengen, où je suis actuellement en détention préventive, j’ai appris
la nouvelle de ta candidature aux prochaines élections présidentielles
qui sont censées avoir lieu dans notre pays en 2015.
Cher frère, cher ami,
Cet acte qui t’ouvre définitivement les rideaux de l’antichambre politique est plus que symbolique car riche en enseignements.
D’une part, cette candidature exprime
ton refus d’emprunter les sentiers battus pour, comme le fleuve, faire
ton propre lit, confirmant que le maître peut certes aider à préparer le
chemin de l’élève mais il ne peut faire le chemin à la place de
l’élève. L’élève doit savoir choisir le bon moment pour s’assumer.
D’autre part, ta candidature est le
signe annonciateur d’un divorce d’avec ce destin de génération perdue et
sacrifiée que l’on tente à tort d’assigner à la nôtre.
Pour ce combat que tu mènes depuis
près de trois (03) ans pour sortir notre peuple de la case
ethnico-politique et régionale dans laquelle l’on tente de l’enfermer,
pour ces actes difficiles et courageux que tu ne cesses de poser,
démontrant ainsi que la Côte-d’Ivoire est un tout qui a besoin de tous,
tu forces mon admiration.
Du fond ma cellule, je m’en voudrais
de faire l’économie de ces lignes pour t’exprimer mes vives
félicitations face à cette autre décision courageuse que tu viens de
prendre.
Même si la politique ne se mesure pas
uniquement à l’aune du courage, nul ne saurait ignorer et ne pas
reconnaître à sa juste valeur les pas qualitatifs que tu poses dans le
microcosme politique ivoirien, en particulier ces dernières années.
Comment ne pas souligner par ailleurs que la pandémie du reniement et du
nomadisme politique qui gangrène la classe politique ivoirienne n’a pu
te contaminer ?
Mais, ces atouts ne doivent pas faire perdre de vue l’essentiel.
Cher ami et frère, ne l’oublie jamais,
une élection présidentielle est la rencontre entre un peuple et une
personnalité ; c’est surtout un projet, un contrat de confiance qu’on
soumet à l’appréciation du peuple souverain sans lequel l’entreprise
peut-être stérile. Fais donc en sorte de mériter la confiance de nos
concitoyens qui ont soif de rassemblement, de paix et de réconciliation
vraie. Ce n’est qu’à ce prix et seulement à ce prix que tu mériteras, en
temps opportun, la confiance, le soutien et la bénédiction des
ivoiriens, toutes tendances politiques confondues. Jeunes, vieux, femmes
et hommes sauront s’en souvenir.
Sache, pour terminer, cher ami que le
chemin que tu as décidé de faire sera long, empreint d’embûches et
d’obstacles de tout genre. Mais s’il te plait, quand tu auras soif,
marque le pas pour étancher ta soif. Jamais tu ne dois te laisser
freiner par cette maladie qu’est le doute, cause de tout échec.
Que Dieu te garde.
Fait à La Haye, le 15 Décembre 2014Ton ami Blé
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