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mercredi 17 décembre 2014

Le Courrier du Mercredi à son Altesse : Ce pont vaut-il vraiment un second mandat ?

Qu’est-ce que cette journée du 16 décembre fut longue ! Après tout le folklore autour de l’inauguration du troisième pont, je parie que vous avez dû avoir bien de mal à vous réveiller ce matin. Ouf ! L’unique projet d’envergure qui porte votre sceau a enfin vu le jour. Vous pourrez vous en prévaloir pour les prochaines batailles. Dans ce royaume plus émotif que raison, cela devrait suffire pour vous accorder un deuxième mandat. D’ailleurs, au risque de me tromper, je crois l’avoir déjà entendu quelque part.
Votre altesse, il me serait certainement difficile de vous sortir du lit, vu que cette journée d’hier n’était pas une simple journée d’inauguration. C’était aussi un jour d’anniversaire au palais, l’anniversaire de maman. Alors, je comprends que vous êtes resté éveillé jusque tard dans la nuit pour cette célébration. On aura juste compris dans les derniers instants, que cette date du 16 décembre n’a pas été retenue sur un coup de tête. Il vous fallait offrir le plus beau cadeau d’anniversaire à votre moitié.

Pour ma part, cette journée devrait être uniquement celle de votre inconditionnel allié, la journée de l’aîné qui surprend davantage avec le poids de l’âge. En lui dédiant ce pont, il vous fallait aller jusqu’au bout en ne faisant coïncider l’inauguration d’aucun autre évènement. Vous avez commis là un impair. Les ainés sont souvent si capricieux, et celui-ci, a la réputation d’être rancunier.
Toutefois, rangeant bien sa rancœur au réfrigérateur, l’aîné a encore frappé. Après l’appel de Daoukro en septembre dernier, qui semble n’avoir pas été entendu, l’aîné enfonce le clou par un autre appel. L’appel du Pont. Et celui-là, se veut plus insistant, à la limite menaçant à l’endroit des intrépides. Le « vieux » ne souhaite surtout pas être dérangé dans sa retraite dorée. « Ce pont vaut deuxième mandat. A bon entendeur salut ! ».
Majesté, le « gnin kamou gnin », est trop grave entre vous et le vieux. Il y a trop d’avantages juteux et égoïstes liés au statut d’aîné, pour que Banny et consorts veuillent prétendre lui gâcher la fête. A propos, après l’hélicoptère que vous lui avez offert, quel sera son cadeau de cette fin d’année ? Cet autre présent je présume, sera à la hauteur de ses prouesses. Sinon, j’observe que le bateau tangue et l’ainé aura bien de mal à contenir les assauts des pirates. Merci pour ces moments d’inauguration !

Par ailleurs, le réconciliateur de service et vous, aviez officiellement eu un dernier rendez-vous lundi dernier (15 décembre). Banny a justifié dans un rapport, ces 16 milliards de budget en trois ans. A l’occasion, l’ex monsieur CDVR vous fera la recommandation de libérer les prisonniers politiques. Ces deux phrases résument bien l’immense rapport final de la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation. Une fois de plus, le "concomitamment" n’a pas marché. Alors que Banny allait dans un sens, vous alliez dans un autre. Au final, la réconciliation ne sera qu’une simple vue de l’esprit. Dans un grand sourire, vous avez posé pour la postérité, chacun avec sa petite idée derrière la tête. « On s’est tous blagués à l’occasion de cette grande foire à Réconciliation. Rendez-vous en 2015, chacun avec son argent du contribuable ! ».
Votre altesse, je me remets encore difficilement de l’immiscion du palais dans la guerre chez les frontistes. L’on a utilisé les grands moyens pour empêcher la tenue du congrès des radicaux. L’affaire est désormais pendante devant la justice. Lorsqu’on connait notre justice, on devine aisément qui va l’emporter.

Mais en réalité, vous pouvez vous passer d’Affi, la manœuvre est trop flagrante. Les candidatures de Banny et d’Essy peuvent suffire à vous légitimer en 2015. Pour ce faire, il ne vous reste plus à resserrer vos rangs. Le fiasco du samedi 13 décembre à Bouaké, ce, à l’occasion du 20ème anniversaire de votre parti, est un sérieux avertissement. Le « Pissanci Ado pissanci » ne semble plus émouvoir le clan.
Souhaitant le joyeux anniversaire à votre épouse, je vous dis à mercredi prochain !
Jo Winner Saraka

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