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Dans l’article objet de ce titre, le confrère, citant des parents du gendarme défunt, s’était étonné des circonstances qui avaient entouré sa mort. Avant d’ajouter que les parents avaient porté plainte contre « X ».
« L’Eléphant » qui travaillait également sur le dossier et remuait toutes ses sources du côté de l’Hôpital militaire d’Abidjan et de la Morgue (HMA), pour tenter d’éclaircir les choses pour ses fidèles lecteurs, en sait un peu plus aujourd’hui sur ce qui s’est passé.
Des angles d’explication inconfortables
Le 26 octobre 2014, aux environs de 14 heures, décède dans les locaux de la Brigade de sécurité sise au Plateau où il est en service, le maréchal des Logis (MDL), Taki Gérard Junior. La veille, il avait pris une garde à la résidence du « jeune Bédié », président du PDCI-RDA à Abidjan
Approché par « L’Eléphant » après l’article du confrère, un élément proche de cette Brigade, après avoir voulu expliquer les circonstances réelles de la mort du MDL Taki, a refusé de continuer la conversation après avoir reçu un coup de fil : « Taki Gérard se portait comme un charme quand il est rentré le 26 matin de sa garde au domicile d’un chef de parti politique du pays et il s’est produit un incident dont je ne peux vous donner tous les détails pour sa mémoir?. Mais le problème a été réglé entre nous ici. Malheureusement, les chefs l’ont appris et le collègue devait rendre compte. C’est à ce niveau que les choses se sont mal passées. C’est une pratique assez courante au niveau de la gendarmerie…»
Qu’est-ce qui s’est mal passé ? Quel genre de compte devait-il rendre ? Notre source, après le coup de fil reçu, n’a pas souhaité en dire plus et s’est excusé. « Je dois vous laisser ». A-t-il dit sur un ton où transpirait manifestement la peur, avant de s’éloigner.
Le 27 octobre 2014, soit 24 heures après le décès du jeune gendarme, le commandant adjoint de la Brigade de sécurité, le capitaine Kpan, informe les parents de Taki Gérard Junior du décès de leur fils.
Vite, trois parents se rendent dans les locaux de la Brigade de sécurité pour s’enquérir des circonstances du décès de leur frère. Là, il leur est servi un tir d’explication qui les laisse dubitatifs. Le MDL Taki, à sa descente du boulot, serait, paraît-il, allé se restaurer et aurait voulu se reposer un peu pour digérer avant de rentrer chez lui. Là, il aurait commencé à tousser et que pour calmer sa toux, ses collègues présents lui auraient donné un sachet d’eau, sans que cela n’améliore son état. Par la suite, toujours en toussant, il aurait vomi un liquide vert, suivi de sang. Et de quelle couleur était le sang ? Mais poursuivons l’explication servie aux parents ! Après donc avoir vomi ce liquide vert et le sang, le même sang serait sorti de ses oreilles et de ses narines. Devant cette situation, la décision a été prise de l’évacuer à l’hôpital militaire d’Abidjan. Mais le MDL aurait rendu l’âme en cours de route avant même d’atteindre l’hôpital.
Et pourquoi avoir attendu 24 heures pour informer les parents du décès de leur enfant ? Pour le moment, cette question reste sans réponse. Puisque personne ne veut répondre à « L’Eléphant » sur ce point précis. Les enquêteurs auront peut-être plus de chance que « L’Eléphant ».
« Vous voulez voir le corps ? Attendez un peu! »
Devant cette version sur les circonstances de la mort de leur fils et frères, les parents (trois au total à s’être rendu dans les locaux de la Brigade), demandent à ce qu’il leur soit donné un élément pour les accompagner à la morgue de l’HMA pour voir le corps du Mdl Taki. Mais il leur est servi une réponse négative. Motif ? Un certain nombre de documents sont en cours de rédaction et sans ces documents, il serait, paraît-il, impossible d’avoir accès au corps de leur enfant. D’autant plus, a-t-on promis aux parents, qu’une autopsie serait réalisée pour déterminer la cause exacte de la mort du jeune gendarme. Logique, avec les circonstances décrites. Il faudrait bien savoir pourquoi il aurait vomi un liquide vert et analyser aussi la composition de ce prétendu liquide vert.
Sur ces faits, la mort dans l’âme, les parents regagnent leur domicile. En attendant d’avoir accès au corps et surtout d’avoir les résultats de l’autopsie que les responsables de la Brigade de sécurité ont promis réaliser.
« Messieurs, la gendarmerie n’a pas 600 mille FCFA »
Le mardi 28 octobre, le frère aîné du défunt, Taki Modeste-tel que mentionné dans un courrier adressé à Henri Konan Bédié et que « L’Eléphant » a pu consulter-est informé par le capitaine Kpan que la gendarmerie n’était plus en mesure d’effectuer l’autopsie promise. Motif ? Son coût est trop élevé ! 600 mille FCFA. C’est vrai que pour découvrir la vérité sur les circonstances de la mort d’un gendarme qui 48 heures plus tôt ne souffrait d’aucun mal et aurait cependant vomi un « liquide vert » après être allé consommer un plat on ne sait où, on ne peut demander à la gendarmerie de Côte d’Ivoire de trouver une telle fortune.
Le 29 octobre, enfin, les documents devant permettre aux parents d’avoir accès au corps de leur frère et fils, leur sont remis. Vite, ils courent à la morgue de l’HMA. Là, ils découvrent que le visage du défunt est couvert de blessures.
Informé de la présence intrigante de ces blessures au visage du défunt pour quelqu’un qui serait mort après avoir toussé et vomi un liquide vert et laisser couler du sang par trois orifices, une forte délégation de la famille se rend à la morgue et exige qu’on leur permette de voir tout le corps du Mdl Taki, vu que les premiers venus à la morgue n’ont pu voir que le visage. Autorisation leur est donnée par le chef des lieux. La délégation découvre alors que le corps est couvert de blessures présentes entre autres parties, sur les cuisses, entre les cuisses, sur les flancs et les bras.
Tout ça aurait été provoqué par la toux et le liquide vert ?
Vite, il faut faire l’autopsie !
Devant la découverte de ces blessures sur le corps du défunt, blessures dont la présence ne se justifie pas par les explications servies aux parents sur les circonstances de la mort du Mdl Taki, les membres de la famille demandent à voir le médecin légiste afin de lui demander de faire, à leurs frais, une autopsie. Sauf qu’ils apprendront avec stupeur qu’il n’était plus possible de pratiquer une autopsie sur le corps. Et pourquoi ? Eh bien parce que, sans que l’accord des parents ne soit requis, le corps avait été traité au formol. Ce qui rendait impossible désormais, toute autopsie. Et c’est qui le petit malin qui a donné l’ordre de traiter le corps au formol sans en aviser les parents au préalable ? C’est ce que ces derniers, dans les locaux de l’HMA, étranglés par la colère, veulent savoir.
Devant cette question, le médecin légiste clame son innocence et conseille aux parents de s’adresser aux responsables de la Brigade de sécurité.
Les explications des responsables de la Brigade de Sécurité
Les parents se déportent donc dans les locaux de cette structure le 30 octobre et exigent des explications sur la présence des blessures sur le corps de leur fils, exigent de savoir qui a donné l’ordre de formoler le corps sans leur avis.
Sur la question de l’identité de celui qui a donné l’ordre de traiter le corps au formol sans leur avis, il est demandé à la famille de s’adresser à la morgue de l’hôpital et de consulter le registre tenu à cet effet.
Sur l’origine des blessures, il leur est répondu que le décès du Mdl Taki est survenu à la suite d’une consommation de drogue, donc une overdose qui aurait provoqué des convulsions telles qu’il se serait fait ces blessures à force de se cogner aux murs et autres mobiliers de la salle de repos. Devant ses collègues qui lui ont donné un sachet d’eau à boire ?
Autre information livrée aux parents : il aurait été découvert sur le défunt, un sachet noir contenant une poudre blanchâtre qui, analysée, se serait révélée être de l’héroïne d’une quantité de 25 grammes. C’est donc la consommation de la drogue qui serait la cause du décès ? Et quelle est la quantité consommée qui lui a été fatale ?
Après ces explications, les membres de la famille, encore plus dubitatifs, se rendent à la morgue pour s’informer sur l’identité de celui qui a donné l’ordre de formoler le corps. C’était le 31 octobre. Là, ils découvrent, selon le contenu du courrier adressé à Bédié, que l’ordre de formoler le corps a été donné par les responsables de la Brigade de Sécurité. Ils auraient découvert à cet effet, la signature et le nom du capitaine Kpan sur le registre de la morgue. Document que « L’Eléphant » a tenté en vain de consulter. Le simple fait de l’évoquer fait fuir n’importe quel interlocuteur à la morgue de HMA ? Des consignes ont été données pour que plus personne n’ait accès à ce documents ?
Convaincu qu’aucune vérité ne leur a été dite sur les vraies circonstances de la mort de leur enfant, surtout qu’ils se disent certains que celui-ci n’a jamais touché à la drogue, les parents ont déposé plainte contre « X » auprès du tribunal militaire, de l’Etat-major des Armées, de la Brigade de Sécurité de la gendarmerie nationale, du Commandement supérieur de la Gendarmerie, du ministère de la Défense. Afin qu’une enquête soit ouverte pour faire briller en pleine lumière jusqu’à l’overdose, la vérité sur les circonstances de la mort du Mdl Taki Gérard Junior.
Le chef de l’Etat qui déteste ce genre d’affaires va sans doute instruire le ministre délégué à la Défense pour instruire Ange Kessy, le Commissaire du gouvernement qui va, on le sait, tirer rapidement toute cette affaire au clair…et nous servir avant Noel sans doute, une belle conférence de presse pour informer toute l’opinion.
« Il ne prenait aucune drogue, Taki »
Interrogés par « L’Eléphant », certains gendarmes de la promotion du défunt Mdl Taki et certains de ses collègues qui n’étaient pas dans les locaux de la Brigade ce dimanche 26 octobre, date du décès, alors que les parents n’ont été informés que 24 heures plus tard, jurent que ce dernier ne consommait aucune drogue. «Sur quelle base prétend-on qu’il est décédé à la suite d’une overdose ? Quelqu’un ne peut pas prendre une grande quantité de drogue à la descente de son service et venir se reposer à la Brigade où il sait que n’importe quel agent aurait découvert cela. En plus, si la gendarmerie dit qu’elle n’a pas 600 mille francs pour faire l’autopsie, pourquoi n’avoir pas demandé aux parents s’ils pouvaient payer cette somme eux-mêmes au lieu d’ordonner que le corps soit formolé, comme pour tenter de rendre impossible la découverte de la vérité sur le décès du collègue. On ne peut pas salir la mémoire d’un agent de cette manière. Les parents ont le droit de savoir la vérité sur ce qui s’est passé. Dans la salle de repos, il y a toujours des gens, ils n’ont pas pu laisser Taki se faire les blessures que les parents disent avoir découvertes sur le corps, surtout entre les jambes. Ce n’est pas possible. Celui qui a donné l’ordre de formoler le corps sans informer les parents qui pouvaient payer eux-mêmes les frais de l’autopsie, sait pourquoi il a donné cet ordre. Il y a un certain nombre de pratiques, de rituels qui doivent cesser dans la gendarmerie… »
De quels rituels s’agit-il ? Nos « amis » n’ont pas souhaité s’étendre sur la question. Dommage ! On y était presque. Mais Ange Kessy saura sans doute faire parler tout le monde…
In L’Eléphant déchaîné N°304 du mardi 25 au jeudi 27 novembre 2014 / 4ème annéeCLIQUEZ ICI POUR EN SAVOIR PLUS
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