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| Photo d'illustration |
On s’était convenu de se retrouver une fois par semaine, notamment tous les mercredis. Mais l’arrivée d’Ali Bongo ce jour, mercredi 26 novembre 2014, bouleverse de peu nos différents agendas.
J’ai en outre reçu le message du palais, me demandant de me rendre à Yamoussoukro pour l’accueil du président gabonais. J’aurai bien voulu effectuer le voyage, sauf que je suis obligé de décliner l’offre en raison de lourdes contraintes. Toutefois, on essaiera d’utiliser le canal habituel pour se parler.
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| Ali Bongo en visite à Yamoussoukro |
Majesté, la situation explosive de la semaine dernière, je parle du soulèvement des supplétifs de l’armée, m’imposait d’observer une attention particulière. La forte pression des mutins a laissé transparaitre la fébrilité des hommes dits forts du royaume. Si pour l’heure, vous pouvez vous vanter d’avoir désamorcé la bombe, il est de notoriété que nous avons tous frôlé la catastrophe.
Majesté, je note l’habile délicatesse avec laquelle vous parviendrez à vous sortir de l’étau des mutins. Dans ce jeu de séduction ou de communication politique, vous avez su différer les préoccupations de vos « hommes ». Je veux bien me convaincre, que vous avez rencontré les vrais acteurs de la révolte, mais je n’y arrive pas. Mes doutes se trouvent renforcés. Aussi, ce soulèvement des « Frci » n’est pas sans répercussion sur l’économie et sur l’environnement social. Les « Frci », vos « Frci », ont ouvert la boite de pandore. Ce qui voudra dire que désormais, toutes les couches de la société peuvent revendiquer.
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| Le Président recevant les militaires |
D’ailleurs, quelle est cette propension à vouloir gouverner sans contingence. Se laisser croire que tout est beau, que tout est bien alors que le silence des sujets et le bruit du bâillon commençaient à se faire trop ronflant dans le royaume. Fort heureusement, les « Frci » ont brisé le mythe et montre la voie à suivre.
Profitant de la brèche, les instituteurs adjoints sont rentrés dans la danse. Ils réclament depuis ce lundi un reclassement indiciaire et la suppression du concours Cap instituteur. Les vendeurs d’eau et les professionnels du sachet ont suivi dans la journée du mardi. Ils ont manifesté pour réclamer la levée de l’interdiction des sachets plastiques. Ils seront pour leur part sérieusement gazés au Plateau.
A cette allure, il faut s’attendre à ce que nos compagnes, nos épouses, nos mamans s’y joignent. Elles, qui depuis des années ont rangé le panier de la ménagère, pour le sachet bleu devront trouver une autre astuce. Plus de panier de la ménagère, plus de sachet bleu, où cacher alors la misère que les 2000 frs de « popote » arrivent à acheter pour le repas quotidien. Le front social s’embrase lentement, mais surement.
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| Marche de protestation contre l'interdiction des sachets plastiques |
A cette allure, il faut s’attendre à ce que nos compagnes, nos épouses, nos mamans s’y joignent. Elles, qui depuis des années ont rangé le panier de la ménagère, pour le sachet bleu devront trouver une autre astuce. Plus de panier de la ménagère, plus de sachet bleu, où cacher alors la misère que les 2000 frs de « popote » arrivent à acheter pour le repas quotidien. Le front social s’embrase lentement, mais surement.
Majesté, "le beau" a enfin perçu l’essence de notre message. Jeudi dernier, au cœur de la tourmente, la natif de Ziniaré et famille ont préféré partir de notre royaume. Qu’est ce qu’il a de l’intelligence pour savoir lire entre les lignes de toutes les attentions et assurances à lui témoignées ! "Le beau" s’est envolé pour le sanctuaire des présidents déchus. Encore une fois, on a déployé la grosse armada pour l’accompagner à l’aéroport. On lui a même affrété le Gruman royal. Beaucoup de respect pour ce bienfaiteur. Mais le chemin pourrait être bien plus long que prévu !
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| Départ de Blaise Compaoré pour le Maroc |
Après 72 heures de relaxation dans le royaume cherifien, voilà que notre "beau" est indésirable. Les partis d’opposition réclament son départ de leur territoire. Sa réputation a dû le précéder en ces lieux. Je vois, les « hommes intègres » lors de la révolution du 30 octobre dernier l’appelaient Ebola. Or les marocains n’aiment pas Ebola. Ils refuseront même l’organisation de la CAN 2015 pour éviter que ce virus ne s’invite sur leur territoire. Un fois de plus, notre beau pourrait être en transit.
Mais bien avant cet éventuel départ, il faut s’accorder sur un certain nombre de choses. « Bogota » est en visite officielle dans ce seul royaume du nord de l’Afrique. On dira, belle coïncidence. Les deux hommes profiteront des regards indiscrets pour se parler, il y a des intérêts à préserver en Haute Volta. Ce voyage ressemble de peu au curieux déplacement de Sarko l’ami en Corée du Sud pendant que vous y étiez.
Majesté, je dois vous laisser vous occuper de l’hôte de marque que vous recevez ce jour. Avec les casseroles qu’il traine, il a besoin de se confier à vous. On ne dira pas tout sur la place publique. Mais pour de vrai, j’observe que le front social va s’embraser.
Avant de prendre congé de vous, je voudrais bien comprendre la célérité avec laquelle Touré Hervé dit « commandant Vétcho » a été bombardé à la tête du 3ème bataillon de Bouaké ?
A mercredi prochain !
Jo Winner Saraka
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