Invention et vie quotidienne
L’une des inventions qui a intégré la vie quotidienne de la planète depuis près de trois siècles, procède, au départ, d’une bévue.
Chaque jour, 1,5 milliards de bouteilles de cette invention sont vendues dans le monde, pour un chiffre d'affaires de 29 milliards de dollars en 2011. De toute évidence, le lecteur lambda aura compris qu’il s’agit bien du Coca-Cola.
Le Coca-cola a été inventé, en 1886, à Atlanta (Géorgie) aux Usa, par le pharmacien de cette ville, John Pemberton, alors âgé de 50 ans.
Il avait décidé de trouver un sirop original et désaltérant, et mit au point dans son arrière-boutique, un mélange comprenant, notamment, de l’extrait de noix de cola, du sucre, un peu de caféine, des feuilles de coca «décocaïnisées» et des extraits végétaux dont la composition serait, selon la légende, encore un secret.
La boisson était alors préconisée par son inventeur, comme remède contre les problèmes gastriques (notamment les maux d'estomac et la diarrhée). Elle n'était pas encore commercialisée dans la célèbre bouteille dont l'esthétique sera déposée en 1960.
Au-delà du secret, le petit déclic…
Par hasard, quelques mois plus tard, un vendeur servit à un client du sirop de Coca-Cola additionné de soda. Il venait, à l’insu de son plein gré, de trouver le petit déclic qui allait engendrer la success story.
En 1983, à l’approche de son centenaire, la manufacture d’Atlanta crée le Coca-Cola sans caféine. Le Coca-Cola diététique (Diet Coke) sans sucre a été lancé dans la foulée. En 1988, c’est le boom des Light Drinks, avec le Coca-Cola Light, Light Coke, etc.
Un peu d’histoire
À la fin de la Guerre de Sécession à laquelle il participe, John Pemberton est pharmacien à Columbus (Géorgie) et possède un petit laboratoire à Bay City (Michigan). En 1870, il s'installe à Atlanta, le marché étant plus important que celui de Columbus et de Bay City. Ses débuts dans la capitale de la Géorgie sont flamboyants au point qu'il crée la J.-S. Pemberton & Company en 1879.
La première recette ancêtre du Coca-Cola, le French Wine Coca, est inventée par John Pemberton en 1885. C'est une boisson alcoolisée à base de coca, de noix de cola et de damiana. Pemberton se serait inspiré de la recette du vin Mariani, un mélange de vin de Bordeaux et de feuille de coca créé par le chimiste corse Angelo Mariani en 1863. La vente du French Wine Coca se poursuivra jusqu'à la mort de Pemberton en 1888.
Le 25 novembre 1885, le maire d'Atlanta organise un référendum sur la question de l'interdiction de l'alcool dans la ville. Atlanta devient une ville «sèche» pour une période d'essai de deux ans durant lesquels la vente d'alcool est interdite. Ainsi, l'enjeu pour la jeune compagnie sera d'offrir une boisson sans alcool, tranchant avec les orangeades et procurant les effets du bourbon6. Pemberton va développer une version sans alcool de sa boisson, mais toujours avec la coca, son principal ingrédient actif, qui subsistera dans la recette jusqu'à la fin du XIXe siècle.
Pemberton s'associe à Frank Robinson, un comptable de formation et surtout, un homme ambitieux. Il le rencontre en présence de son associé Ed Holland en 1885. De cette association, naît officiellement la marque Coca-Cola, et la Pemberton Chemical Company. Frank Robinson est, pour certains, l'initiateur de la création du nom de la nouvelle boisson, de la calligraphie spencerienne de son logo et l'initiateur d'un recours massif à la publicité.
Un marketing offensif
Le 6 juin 1887, Pemberton fait inscrire au registre du commerce la marque Coca-Cola, ce qui fait de lui l'unique propriétaire, et cela aux dépens de ses anciens associés. La même année, l'homme d'affaire Asa Griggs Candler achète Coca-Cola à Pemberton pour 2 300 dollars, profitant, avec Frank Robinson, de la maladie de Pemberton pour racheter de force. Il va, à l'aide d'une campagne marketing intense, donner son essor à la boisson.
De la polémique de la cocaïne
Officiellement, Coca-Cola ne contient plus de cocaïne depuis 1903, mais après un contrôle surprise de la US Food, Drug and Insecticide sur le produit, il s'avère qu'on en détecte encore des traces après 1929. Des recherches scientifiques montrent qu'un verre de Coca-Cola, en 1886, contenait environ neuf milligrammes de cocaïne. En 1911, le directeur du Bureau de chimie du département de l'Agriculture américain, Harvey Washington Wiley, affronte la firme et son important service de chercheurs, l'accusant d'user à tort du nom de Coca-Cola alors qu'elle ne contient plus de cocaïne et, également, d'utiliser illégalement de la caféine comme additif. L'affaire se termine en 1916 devant la Cour suprême qui exige que Coca-Cola paye les frais de justice et réduise le taux de caféine de son soda. Cette affaire juridique marque un jalon important dans l'élaboration de normes sur l'étiquetage.
Pas un secret, en réalité, mais un «culte» sacré
La formule du Coca-Cola actuel n'est pas communiquée par la firme (celle de Pemberton, ayant fait l'objet d'un brevet, est, en revanche, maintenant, dans le domaine public… mais interdite de fabrication compte tenu de ses ingrédients).
La firme, depuis sa création, entretient soigneusement le mystère sur sa recette, celle-ci devenant un document sacré. Sa composition fait l'objet d'un secret industriel, quasi-militaire. Selon le mythe forgé par l'entreprise, « elle reposerait dans un coffre situé dans les sous-sols inviolables de la SunTrust Bank, établissement financier d'Atlanta, actionnaire historique de la Compagnie. Seuls deux ou trois employés, élus parmi les élus, en connaitraient la formulation exacte, entretenant ainsi à merveille la magie du breuvage».
La boîte en fer contenant le secret commercial de la formule du Coca-Cola a quitté, en décembre 2011, le coffre-fort de la banque d'Atlanta qui l'abritait depuis 1919, pour rejoindre le musée personnel de l'entreprise, dans la même ville. Elle trône désormais au World of Coca-Cola, 121 Baker Street.
La Régionale / ADAM SHALOM
Photos Coca Cola
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