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Manifestation au Niger, le 16 janvier 2015 © STR |
Le mouvement de colère contre la publication d’une caricature du
prophète Mahomet par "Charlie Hebdo" s'amplifie au Niger. Après des
violences vendredi à Zinder, il a gagné la capitale, Niamey, où au moins
cinq personnes ont été tuées dimanche.
Au lendemain d’émeutes à Zinder,
deuxième ville du Niger, où cinq personnes au moins ont été tuées et 45
autres blessées, le mouvement de colère contre "Charlie Hebdo" s’est
étendu samedi à la capitale nigérienne, Niamey.
Au moins cinq personnes ont été tuées à Niamey dimanche, a annoncé le
président Mahamadou Issoufou dans un message à la nation d'une dizaine
de minutes. Il a précisé que quatre corps calcinés avaient été
découverts dans des églises incendiées et que le corps d’une femme –
probablement asphyxiée par les gaz lacrymogènes – avait été retrouvé
dans un bar.
Le président nigérien a assuré que les coupables de ces "actes
graves" seront identifiés et châtiés. "Ceux qui persécutent les
chrétiens n'ont rien compris", a-t-il dit tout en reconnaissant que les
caricatures du prophète par "Charlie Hebdo" constituaient une insulte
pour la foi musulmane. Le président a enfin lancé un appel au calme en
appelant les Nigériens à se désolidariser des "agitateurs" qui essaient
de destabiliser le pays.
Plus de 20 églises détruites
Des manifestants réunis près de la principale mosquée de la capitale
s’en sont pris à un commissariat et des véhicules de police. Selon
Moussa Kaka, correspondant de France 24 à Niamey, 23 des 45 églises que
compte la capitale ont été complètement détruites. Des drapeaux français
ont également été brûlés.
Les heurts ont éclaté lorsque les autorités ont interdit une marche
organisée à l’appel de dignitaires musulmans locaux. Les policiers ont
tiré des cartouches de gaz lacrymogène contre des groupes de
manifestants qui ont répliqué par des jets de pierres et de bouteilles
incendiaires et érigé des barricades. Quatre prédicateurs à l’origine de
l’appel à manifester ont été arrêtés.
Le calme est revenu dans l’après-midi mais des associations
islamiques ont appelé à une nouvelle marche de protestation pour
dimanche.
La France condamne les violences
D’autres manifestations ont été signalées à travers le pays de 17
millions d’habitants, à 80 % musulmans. À Maradi, à 600 km à l’est de
Niamey, où deux églises ont été incendiées. Une autre église a été
ravagée par les flammes dans la ville de Gouré (est), de même qu’une
résidence appartenant au ministre des Affaires étrangères.
Le ministère français des Affaires étrangères a appelé les Français
présents au Niger à "renforcer la vigilance, respecter les conseils de
sécurité et éviter les rassemblements et les attroupements". L’ambassade
de France à Niamey appelle pour sa part à "éviter toute sortie". "La
France condamne le recours à la violence, aujourd’hui à Niamey, hier à
Zinder", a déclaré Laurent Fabius dans un communiqué diffusé en début de soirée.
Un cinquième corps découvert à Zinder
Le bilan des violences de la veille à Zinder
s’est alourdi à cinq morts après la découverte d’un cadavre calciné
dans une église incendiée. Le centre culturel franco-nigérien de la
ville a également été mis à sac.
D’autres rassemblements ont eu lieu après les grandes prières du
vendredi dans des pays comme le Mali, le Sénégal ou la Mauritanie. À
Alger, des heurts se sont produits à la fin d’une manifestation contre
le journal. Des violences se sont également produites au Pakistan.
Avec Reuters
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