Le 23 aout 2013, Bernard Houdin échangeait les mails suivants avec Affi N’Guessan.
bjhoudin@gmail.com
23/08/2013
À affinguessanpa
23/08/2013
À affinguessanpa
Bernard Houdin: «Bonjour Pascal,
Encore une fois je te redis tout le plaisir de te savoir libre après
ces années “volées” par des tenants de l’obscurantisme et, surtout, plus
déterminé que jamais à promouvoir le respect du droit, comme nous l’a
enseigné le Président, le nôtre bien sûr, dans l’intérêt des ivoiriennes
et des ivoiriens d’abord et dans celui de tous ceux qui, à travers le
monde, partagent cet idéal de liberté et de justice sociale.
Comme tu l’as si bien dit il y a quelques jours: “ce combat de Gbagbo
nous allons le mener et le gagner !” Je fais partie de ceux qui ont eu
la chance de rester libres et disponibles pour ce combat pendant que
toi, et tant d’autres, subissiez le joug d’une poignée sans foi ni loi.
Ma situation personnelle (“ivoirien d’origine française” comme aime à le
dire le PR quand il me présente à quelqu’un) a décuplé ma motivation et
j’ai le sentiment profond que le combat que je mène pour la Côte
d’Ivoire ne peut être que bénéfique, à terme, à la France de demain qui,
je l’espère, saura comprendre que le respect de la souveraineté des uns
ne se fait pas au détriment de celle des autres. Je pense, sans tomber
dans l’excès d’optimisme, que nous sommes proches désormais du
dénouement de la crise “post-électorale” et au seuil d’une nouvelle
étape de l’Histoire de la Côte d’Ivoire.
Nous devons donc être prêts pour ne pas nous trouver surpris par les
développements à venir. A cet égard, les années terribles que nous
venons de traverser doivent être analysées sans préjugés ni faiblesse
car, même si la “volonté” de faire tomber Gbagbo était sans limites pour
certains, nos propres errements leur ont, au minimum, facilité la
tâche. L’heure est à la mobilisation et non aux querelles intestines qui
ne pourraient qu’ajouter un problème au «problème».
Cependant cela ne doit pas nous empêcher d’avoir “les yeux ouverts”
sur cette période et de nous “enrichir” de l’expérience vécue. Je ne
suis pas le seul, ici, à me battre pour notre combat commun, mais je
pense, et je crois, que tout le travail, très souvent “souterrain” que
j’ai mené, m’autorise à donner des conseils pour les temps à venir. Je
ne suis pas un dirigeant du Fpi et je ne saurai me substituer à sa
direction dont tu es le représentant en titre mais, dans ce combat, nous
devons additionner nos forces. Au-delà des titres je considère que je
n’ai qu’une légitimité: la confiance du PR et rien ne pourra, dans mon
comportement ou mes actes, me faire trahir cette confiance. C’est dans
cet esprit que je souhaite travailler avec toi, d’abord, et avec tous
ceux qui épousent notre cause commune.
(….)
En général, sans faire de fixation sur quiconque, nous avons un
travail de recoupement d’information et d’échanges mutuels pour
optimiser notre lutte. Tu peux compter sur mon engagement,
Amitiés,
Pour des raisons de confidentialité, j’ai occulté, dans mon mail,
quelques remarques directes sur certaines personnes que je lui signalais
comme des «ennemis de l’intérieur».
Affi Nguessan
Affi Nguessan
<pascalaffinguessan@gmail. com> 23/08/2013 À moi
Affi Nguessan
Affi Nguessan
<pascalaffinguessan@gmail. com> 23/08/2013 À moi
Affi N’guessan: «Merci de ta disponibilité et de ton soutien. Ok pour
travailler ensemble à la libération du Pdt Gbagbo et à la restauration
des libertés dans notre pays. Je compte sur toi pour débusquer les
imposteurs et les traitres à notre cause. »
Bernard Houdin: «Je reproduis aujourd’hui cet échange de mails que
j’ai eu avec Pascal Affi N’Guessan peu après sa sortie de la prison de
Bouna où, d’ailleurs, je l’avais appelé, en plusieurs occasions, pour
lui apporter mon soutien moral dans une épreuve que je considérais comme
injuste et cruelle, car il vient de commettre l’irréparable. Ainsi, en
aout 2013, Pascal Affi N’Guessan se dresse en défenseur du Président
Gbagbo, remplissant en cela son rôle de premier dirigeant du Parti fondé
par Laurent Gbagbo et que celui-ci lui a confié, dans le respect de la
Constitution Ivoirienne, lors de son accession à la magistrature
suprême, en octobre 2000.
Depuis cet échange, à plusieurs reprises, j’ai lui ai transmis les
recommandations du président, telles qu’il me les confiait lors de nos
entretiens à la prison de scheveningen que je peux résumer ainsi : il
faut «labourer» le pays pour montrer au monde qu’elle est la «vraie»
Côte d’Ivoire et les foules immenses qui accueillaient la délégation du
Fpi au cours des tournées organisées étaient la traduction vivante de la
pertinence des conseils du président.
Cependant j’ai plusieurs fois «modéré» l’enthousiasme naissant d’Affi
en lui rappelant que les mobilisations exceptionnelles suscitées par
ces déplacements étaient surtout la marque de la foi des populations
dans un retour futur de Laurent Gbagbo qui était, en fait, le vrai
catalyseur de ces rassemblements, et qu’il ne devait pas se tromper sur
l’avenir.
Toute démarche personnelle, en voulant projeter une quelconque
ambition «cachée», serait vouée à l’échec. Je me souviens, en
particulier, d’un entretien téléphonique avec Martin Sokouri Bohui, lors
de la tournée dans la région de Gagnoa. A celui-ci, m’annonçant des
foules innombrables dans son propre village, je répondis qu’il devait
prendre conscience que c’est Gbagbo qui était ainsi ovationné à travers
leur présence et qu’il ne devait faire aucun contre sens sur ces
manifestations.
Aujourd’hui, dans le maelström entretenu par Affi, je remarque que
Sokouri Bohui a su faire la bonne analyse et suivre la voie de la
sagesse et du respect de la hiérarchie. Car personne ne doit se tromper :
à cette heure le seul «patron» du Fpi c’est Laurent Gbagbo. Oui,
Laurent Gbagbo a bien décidé, en son âme et conscience, de répondre à
l’appel de la base pour reprendre la direction du parti. Oui Laurent
Gbagbo a bien rédigé et signé son adresse aux militants lue, au Qg du
parti, par Assoa Adou, son directeur de campagne pour l’élection à la
tête du Fpi. Oui Laurent Gbagbo a bien fait valider sa démarche par une
Autorité juridique indiscutable, dans un pays de Droit comme le sont les
Pays-Bas.
Oui Laurent Gbagbo sera, sans coup férir, à nouveau porté
statutairement, dans le respect des procédures du parti, à la direction
du Fpi. Oui Laurent Gbagbo sera, en cette année cruciale pour la Côte
d’Ivoire, le point focal de la réconciliation nationale après cinq
années de dérives et de confiscation du dialogue démocratique. J’ai
longtemps voulu croire, malgré tous les indices convergents que je
recueillais, en particulier en France, sur la «manipulation» programmée
d’Affi, qu’il saurait, en dernier ressort, faire le choix que sa
conscience militante devait lui imposer.
Malheureusement, malgré toutes les tentatives pour lui faire entendre
raison, et je les sait très nombreuses, de tous ses camarades de ces
longues années de luttes pour une alternative démocratique en Côte
d’Ivoire, Affi s’est enfermé dans un déni de réalité et a entamé,
entrainant avec lui une poignée de comparses, plus perdus que
convaincus, une mortelle randonnée qui le conduit inexorablement à
l’autodestruction.
J’entends, ici et là, qu’Affi aurait commis un «parricide» dans sa
lugubre et misérable action. Non, c’est un suicide qu’il a commis et,
dans son incroyable «prestation» de dimanche sur Vox Africa, il a
prononcé luimême la sentence qui le condamne. Désormais il a rejoint la
cohorte fournie de tous les ambitieux aveuglés par la soif de Pouvoir
sans en avoir la capacité réelle, accédant ainsi au statut de «feuille
morte» et illustrant un propos sans appel prononcé, un jour par le
président Jerry Rawlings : «Il y a pire qu’un ennemi, c’est le traitre
!»
Bernard Houdin
Conseiller spécial du Président Laurent Gbagbo
Le 5 janvier 2015.In Le Temps N°3383
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