Stéphane Kipré, le président
de l’Union des nouvelles générations (Ung), répond à l’ex-président du
Fpi qui l'accuse d’avoir imité la signature du Président Laurent Gbagbo.
Après la saisine par Affi, la justice vient d’invalider la candidature du Président Laurent Gbagbo à la présidence du Fpi…
Tout observateur sérieux de la vie
politique ivoirienne s’y attendait. Et c’est le contraire qui nous
aurait surpris. Cette justice que Affi N’Guessan qualifie de « justice
de vainqueurs » quand il s’agit de lui et de « justice de tous les
ivoiriens », lorsqu’il veut s’en servir pour disqualifier un adversaire
dont le seul tort est de ne pas être d’accord avec lui lorsqu’il s’agit
de la ligne politique qu’il veut imprimer à son parti. Je constate comme
vous, qu’il poursuit aussi en justice plusieurs journaux bleus qui se
sont pourtant battus afin qu’il recouvre la liberté et cela est
regrettable. Cette action contribue à l’isoler vis à vis des ivoiriens
qui sont attachés à la personne du Président Laurent Gbagbo et au combat
pour la souveraineté de la Côte d’Ivoire qu’il incarne et cela me
peine.
Est-ce que c’était la solution pour le président de ce parti de saisir les tribunaux ?
Naturellement que ce n’était pas la
solution. Puisqu’aujourd’hui, après avoir remporté son procès contre le
Président Laurent Gbagbo devant la justice de Ouattara, Affi appelle à
la discussion et au rassemblement. C’est la preuve qu’un parti ne se
dirige pas avec des décisions de justice mais avec l’aval et le soutien
des militants. Vouloir se maintenir à la tête de son parti tout en
refusant d’affronter la vérité des urnes ne peut contribuer qu’à lui
ôter toute légitimité, mais tout est fonction de ce qu’il vise vraiment.
Car il n’y a aucun mérite à être un général sans troupes, comme cela
est son cas actuellement vu que la majorité des militants de son parti
désapprouve ses agissements qui s’apparentent à un parricide. Le combat
que nous menons présentement pour notre pays n’est pas nouveau, puisque
plusieurs autres ont lutté avant nous pour l’indépendance véritable et
chaque combat, chaque pays a eu ses résistants et héros de la lutte mais
aussi ses collabos. Un rapide bilan des combats avant le nôtre permet
de comprendre que les collabos n’ont jamais pu triompher. C’est donc à
chacun d’écrire son nom là où il pense qu'il mérite d’être. Parmi les
résistants, ceux qui gagnent le combat ou parmi les collabos, ceux qui
gagnent seulement certain rounds du combat et tombe ensuite dans la
poubelle de l’histoire.
Affi vous accuse d’avoir imité la signature du Président Laurent Gbagbo…
Ceux qui le pensent ou le disent comme
Affi N’Guessan sont des comiques. Le Président Laurent Gbagbo est certes
en prison, mais il n’est pas coupé du monde. Il est informé et bien
informé de la situation politique en Côte d’Ivoire et dans le monde et
si moi-même ou une autre personne avait vraiment imité sa signature, ses
avocats auraient depuis longtemps décrié cette supercherie. La vérité
est que les ivoiriens ont souhaité que le Président Laurent Gbagbo face
acte de candidature et il a accepté ce challenge, car toute sa vie est
un vrai parcours de combattant.
Affi a pris un graphologue pour voir la signature…
Vous savez, au moment ou nous faisons
cette interview, je suis à La Haye pour souhaiter mes vœux les meilleurs
au Président Laurent Gbagbo. Prendre un graphologue pour savoir si le
Président Laurent Gbagbo a effectivement signer le courrier qu’il a fait
partir à Abidjan alors que Gbagbo est vivant et que Affi N ‘Guessan
peut le contacter par divers moyens afin de s’en assurer est une injure à
l’intelligence des ivoiriens. Si Affi voulait informer les ivoiriens du
fait qu’il n’est volontairement plus en contact avec le Président
Laurent Gbagbo depuis sa sortie de prison, il ne s’y serait pas pris
autrement. Les agissements de Affi N’Guessan et de ses amis me font
comprendre qu'ils ont toujours été une vipère dans la poche du Président
Laurent Gbagbo durant toutes ces années et ils ne font que maintenant,
de façon ouverte ce qu'ils ont toujours fait en se cachant.
On ne sent pas votre parti sur le terrain…
Effectivement, vu de loin, l’on peut
avoir l’impression que l’Union des nouvelles générations est inerte sur
le terrain en Côte d’Ivoire, mais ce n’est pas le cas. Après le 11 avril
2011, toutes les manifestations publiques étaient réprimées dans le
sang. En dépit de cela, la jeunesse de notre parti était auprès de
celles des autres partis pour l’organisation de ces actions. Par la
suite, au niveau de la direction du parti, nous avons décidé d’être aux
cotés des victimes de la crise post-électorale de 2010, par conséquent,
nous avons mené plusieurs actions en direction des prisonniers
politiques et des exilés pour leur apporter des vivres et non vivres,
mais aussi notre soutien et réconfort moral. Je serai moi-même en
tournée dans tous les camps de refugiés ivoiriens de la sous-région
ouest-africaine en ce début d’année pour leur dire que nous ne les
oublions pas et que nous sommes conscients de notre devoir de
solidarité. Le deuxième axe de nos actions a consisté à installer des
délégations de l’Ung dans la diaspora et notamment en Europe, parce que
nous sommes partis du constat que nous avons gagné les élections de
2010, mais avons perdu la guerre faute d’alliés. Pour combler cette
défaillance, il nous fallait installer des représentants et les former
afin que ceux-ci soient nos porte-voix auprès des gouvernements des pays
où ils vivent. A ce jour, nous sommes satisfaits même si cette mission
n’est pas encore achevée et c’est pourquoi, dans les jours à venir, le
parti va organiser des manifestations publiques à Abidjan pour porter
nos aspirations, exiger la libération des prisonniers politiques et le
retour des exilés.
Avez-vous des nouvelles du président intérimaire de votre parti ?
Oui j’ai maintenant des nouvelles du camarade Etienne N’Guessan et il se porte bien
D’aucuns soutiennent qu’il a pris la poudre d’escampette…
Ceux qui le disent ou le pensent ne sont
pas sérieux. Si c’est prendre la poudre d’escampette que de se mettre à
l’abri alors qu’on vient d’échapper à un enlèvement en pleine rue,
après avoir passé 18 mois en prison arbitrairement et qu’on reçoit
continuellement des menaces de mort, alors je l’en félicite. Les gens ne
le savent peut être pas, mais notre parti paye un lourd tribu de la
crise. A ce jour, après notre siège qui a été vandalisé, les domiciles
de plusieurs responsables du parti occupés à Abidjan, nous comptons une
cinquantaine de militants encore détenu sans jugement depuis 4 ans dont
un membre de notre secrétariat général et plusieurs exilés dans la sous
région ouest-africaine et en Europe.
Aurez-vous un candidat en 2015
Tout parti politique et encore plus le
nôtre aspire à prendre et gérer le pouvoir d’Etat et le passage obligé
reste les élections présidentielles mais en l’état actuel des choses
avec une Cei aux ordres, des prisonniers politiques et exilés,
l’insécurité qui prévaut sur toute l’étendue du territoire nationale,
etc, non nous ne sommes pas intéressés. Cependant, si le pouvoir crée
les conditions d’un dialogue franc qui permette de régler tous ces
problèmes avant d’aller aux élections, alors la convention du parti
avisera. Si nous voulons de vraies élections en 2015, alors il faut
apaiser le climat politique et cela revient à libérer tous les
prisonniers politiques dont les plus illustres sont le Président Laurent
Gbagbo, la première dame Simone Gbagbo, mon frère Charles Blé Goudé
sans omettre tous les officiers de l’armée de Côte d’Ivoire détenus au
secret et de qui l’on ne parle pas assez selon moi.
Vous rencontrez des personnalités africaines. Peut-on savoir les raisons de ces visites ?
Oui j’ai rencontré plusieurs chefs
d’Etats africains et des personnalités politiques internationales pour
évoquer la situation qui prévaut en Côte d’ Ivoire. Il était important
comme je l’ai souligné plus haut de leur expliquer notre version des
évènements qui se sont déroulés dans notre pays et notre vision de la
sortie de crise, car il ne faut pas se voiler la face, notre pays est
toujours en crise
Est-ce que vous parlez de la libération du Président Laurent Gbagbo ?
Bien évidemment ! C’est d’ailleurs le
sujet central de nos discussions, car pour nous à l’Union des Nouvelles
Générations, la libération du Président Laurent Gbagbo est un impératif
catégorique pour la réconciliation dans notre pays. Il faut que le
Président Laurent Gbagbo recouvre la liberté afin qu’un dialogue
national inclusif se tienne pour permettre à la Côte d’Ivoire de se
réconcilier pour aller de l’avant.
Quelles sont leurs réactions ?
Je peux vous assurer qu’elles sont très
réceptives et conviennent avec nous que la Côte d’Ivoire n’est toujours
pas réconciliée et que l’on ne peut maintenir le Président Laurent
Gbagbo en dehors de ce processus. Plusieurs m’ont fait la promesse de
s’investir personnellement afin que cela soit une réalité, mais je ne
m’arrête. Je continu mon périple en allant à la rencontre de tous ceux
qui ont les capacités de peser de tout leur poids sur la scène
internationale afin que la paix et la cohésion sociale reviennent en
Côte d’Ivoire
Quel bilan faites-vous de la gestion du pouvoir par Alassane Ouattara?
Dans quelques jours, je ferai une
déclaration pour analyser en détail les quatre années de gestion du
pouvoir d’Etat par M. Ouattara. Mais déjà, l’on peut dire que le seuil
actuel de la dette de notre pays inquiète les ivoiriens dans leur
ensemble. Avant le Point d’achèvement de l’initiative Ppte, la dette de
notre pays était estimée en 2011 à 7.952 milliards de fcfa environ.
Après le Ppte, nous étions à une de dette de 4.410 milliards de fcfa.
Puis depuis 2013, nous sommes à nouveau à un stock de dette de 6.921
milliards de fcfa environ en dépit de toutes les annulations dont nous
avons bénéficié. Nous sommes donc à nouveau endettés au même niveau
qu’avant le Ppte alors que le pays n’a pas véritablement changé du point
de vu des investissements et de la qualité de vie. Où sont donc passés
tous ces milliards en 4 ans ?
Le Temps
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