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Comme promis, je suis
resté devant l’écran télé pour suivre votre dernier discours de l’année 2014. Dans cette longue adresse, vous avez ressassé toutes les actions
que vous avez menées ou du moins que vous entendez mener. Qu’est-ce que
c’est beau tout ça !
Majesté permettez-moi de commencer par
ce, par quoi vous avez clos votre propos : « L'année 2015 est une année
électorale. J'encourage tous les acteurs de la vie politique à
s'engager pour des élections transparentes et apaisées, dans un esprit
de saine compétition. Ces élections doivent être l'occasion de donner un
élan supplémentaire à l'action engagée ensemble depuis 2011, pour
consolider la confiance de tous dans notre beau pays.
Nous devons tous, nous engager à œuvrer au renforcement de la Paix, de la Stabilité et de la démocratie ».
Vous avez dit démocratie. Ok ! A peine
la nouvelle année entamée, qu’une fois de plus les principes
démocratiques sont écornés. J’ai réellement pensé que l’on allait se
limiter au feuilleton du limogeage de Tiburce Koffi, qui sonne par
ailleurs comme une mise en garde sévère à tous ceux qui voudront faire
des observations ou porter un regard critique sur la situation actuelle
du Royaume. Que non !
Dès l’aube de cette nouvelle année, on
a encore versé dans l’intimidation. A Yopougon, l’irréductible KKB, qui
ne sait faire mystère de ses ambitions présidentielles, s’est vu
interdire un meeting. La police du « surveillant général » était encore
là. Ses enfants de cœur devraient veiller à la stricte application de
cet autre arrêté. Politique dêh ! Dire qu’il y a de cela quelques années
en arrière, l’on lançait sur tous les toits les alertes à la dictature.
A y voir de près, je conclus qu’en politique, seuls les acteurs
changent, pour le reste les méthodes demeurent identiques. Cette
démocratie trop Emergente, se veut à l’évidence une réplique du
communisme chinois.
Année électorale vous avez aussi dit.
D’office vous êtes candidat, c’est un secret de polichinelle. Toutefois,
il se trouve qu’il y a un débat soulevé par les juristes qui commence à
enfler la polémique. Le candidat à titre exceptionnel de 2010, peut-il
être candidat à sa propre succession en 2015? Je reste dubitatif,
relativement aux arguments développés par les juristes, par ailleurs
chantres des différentes chapelles politiques, pour me convaincre. Je
voudrais réserver le traitement de cette question de fonds aux experts
en la matière. Dans le même temps, je tenais à faire remarquer que
Francis Wodié, l’actuel président du Conseil Constitutionnel, n’est pas
Paul Yao N’Dré. Ce dernier était lié à Gbagbo par une longue amitié. Or,
pour ce qui est de Francis Wodié, je ne vous reconnais aucun lien
d’amitié. Ce constitutionaliste rigoureux, label mondialement reconnu,
n’est pas homme à faire plier. Qu’adviendra-t-il si Francis Wodié
devrait dire le Droit, exclusivement que le Droit ?
Majesté, 2015 s’annonce comme l’année
de toutes les prudences, voire de toutes les surprises. Lundi, à
l’occasion de la cérémonie de présentation de vœux, j’ai entendu dire
que le Royaume « n’a pas besoin de chef de guerre ». Ce bout de phrase
prononcé par le nonce apostolique, est un avertissement émanant tout
droit de la communauté internationale. Vivement qu’il soit entendu dans
toute son essence !
Majesté, en ce début d’année, je me
garderai d’être pessimiste, encore moins sinistre. Je me voudrai
toujours lucide. Cette année sera longue. En trois années d’exercice
effectif de pouvoir, d’énormes investissements ont été faits. Mais au
final, le résultat est mitigé. Les 150 milliards investis pour la
réhabilitation et la rénovation des universités publiques n’ont pu
apporter la stabilité dans le temple du savoir. Les grèves succèdent aux
grèves. Les années se rallongent et se rallongent. La rentrée
universitaire 2014-2015 se cherche toujours une date. Notre université
reste l’otage des politiques. Aussi, autant les 16 milliards n’ont-ils
pu réconcilier les « Ivoirois », autant les 3,5 milliards ne nous
ramèneront pas le trophée continental. Au commencement doit être la
volonté. Le tout n’est pas argent.
Majesté, avant de prendre congé de
vous, recevez les remerciements de Tiburce Koffi pour cette belle carte
de visite que vous venez de lui offrir. Attendez-vous à le revoir lors
de vos déplacements sur tous les continents.
Mercredi prochain, je serai encore là !
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