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mercredi 12 novembre 2014

Le Courrier du Mercredi à son Altesse : Les "Frci" réclament leur 5 millions !

Photo utilisée à titre d'illustration

Jusque là, je voulais me taire ce mercredi, sauf que le déroulé des faits m’impose de violer mon omerta.
 
Majesté, la mission confiée à Soumaïla Bakayoko dans les casernes s’avère difficile. Depuis bientôt un mois qu’il prêche, les supplétifs de l’armée, ceux que l’on appelle communément « les Frci », ne veulent pas entendre raison. La promesse étant une dette, ces soldats qui ont mené « le bon combat », n’attendent que leur argent. Les fameux cinq (5) millions à eux promis pour la conquête du pouvoir. Les Frci ou du moins les forces nouvelles, ne veulent rien d’autre que leur dû. L’ouvrier mérite son salaire.
 
 Cette mission périlleuse confiée au Général Soumaïla Bakayoko semble ne pas se dérouler comme on l’entendait. Le Général qui a eu ces hommes sous sa coupole du temps de la crise militaro-politique (2002-2011), a bien de mal à les calmer. Le message ne passe pas et les esprits s’échauffent. Les éléments de cette autre armée dans l’armée royale, eux qui ont donné de leur vie et de leur sang pour l’accomplissement du grand projet, ont du mal à cerner la teneur du discours du missionnaire. La proposition à eux faite de s’endetter auprès des banques ne les enchante guère. Ils veulent leur argent.
 
Par ailleurs, aussi curieux que cela puisse paraitre, c’est subitement maintenant que l’on se rend compte que l’effectif des supplétifs est non maitrisable, trop exorbitant. Un effectif qui peut passer du simple au double, voire à l’exponentiel dès lors qu’il s’agit de dresser une liste définitive. Cette « armée du grand Nord » devient une menace pour la paix sociale et pour le… L’on se souvient qu’à quelques encablures des années 2000, une affaire d’argent avait fini par emporter le régime de l’aîné. Enfin si je m’en tiens à la raison officielle !
 
En politique, on peut se permettre de fermer la porte à ses militants une fois l’objectif atteint, mais on ne saurait le faire avec des gens qui ont appris le maniement des armes. Le Conseil du peuple aura prévenu.
 
Majesté, William Atteby et cinq (5) autres cadres du Fpi sont rentrés d’exil ce lundi 10 novembre. Visiblement affaibli, usé par le difficile exil, Atteby avec une barbe généreuse a donné des nouvelles de ces nombreux ivoiriens refugiés au Ghana, au Benin et au Togo. 75 de vos sujets sont décédés dans des conditions misérables dans les camps de refugiés. A entendre ces cadres du Fpi rentrés d’exil, il y a urgence à réagir.
 
Majesté, au delà des antagonismes, des palabres politiciennes, des différences de vue, je vous exhorte à procéder au rapatriement sans délai de ces enfants du royaume exilés dans la sous-région. Cela relève certes du cadre humanitaire mais ça y va de la cohésion du royaume.
 
Votre altesse, Gunvor vous connaissez ? Je parle en effet du Groupe pétrolier russe Gunvor. Ceux qui vous ont donné le précieux coup de mains en 2011, en vous apportant de l’argent liquide au tout début de votre mandat en échange de brut. Il semble que l’histoire ne s’est pas arrêtée en si bon chemin.
 
Médiapart dont vous ne doutez assurément pas de la crédibilité, révèle l’implication de l’un de vos lieutenants dans une affaire de corruption. Médiapart a eu accès à plusieurs documents retraçant un accord pétrolier entaché d’irrégularités conclu avec le « surveillant général du royaume ». Toujours selon Médiapart, des mallettes de millions de dollars auraient circulé. L’intrigue, c’est la présence du « surveillant général » dans une affaire de pétrole, alors qu’il existe dans l’organigramme gouvernemental un portefeuille dédié.
 
Aurait-il agit de lui-même ou a-t-il bénéficié de l’onction du très haut ? Dans tous les cas, Médiapart avec qui l’on ne peut se lier d’amitié a jeté le pavé dans la mare. Bilan une veste, une chemise et une cravate gravement tachetées. Alors qu’en pareille circonstance l’on conseille d’observer la loi silence, les concernés ont cru bon d’apporter un démenti formel à ces accusations. « Lors d’une mission à Paris, j’ai accordé une audience au groupe Gunvor, qui m’a fait part de son intérêt d’investir en Côte d’Ivoire… Le Gouvernement est engagé dans la mise en œuvre des principes de bonne gouvernance. J’en fais une valeur essentielle dans la conduite de ma mission ».Quelle promptitude ! Or démentir c’est ment… Mais rassurez-vous, le chouchou de papa et maman s’en sortira sans égratignure.
 
Espérant vous retrouver mercredi prochain !
 
Jo Winner Saraka


 

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