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© Mohamed Elshahed, AFP (archive) | Un Égyptien réagit au verdict d'un précédent procès de masse. |
Un tribunal égyptien a condamné à mort 188 personnes, mardi, pour l’attaque d’un commissariat, en août 2013. Un procès expéditif qui s'inscrit dans la droite lignée de la répression dont sont victimes les partisans du président déchu Mohamed Morsi.
La justice égyptienne
s'illustre une nouvelle fois dans un procès de masse expéditif et des
condamnations collectives. Pas moins de 188 personnes ainsi été
condamnées à la peine capitale, mardi 2 décembre, pour l’attaque
meurtrière d’un commissariat de police mi-août 2013 à Kerdassa, dans la
banlieue du Caire.
En mars dernier déjà, 529 partisans du président déchu Mohamed Morsi avaient été condamnés à mort lors d’un procès expéditif "sans précédent dans l'histoire récente" selon l'ONU.
Ce verdict intervient quelques jours après l'abandon par la justice,
régulièrement qualifiée de "sélective" par des défenseurs des droits de
l'Homme, de l'accusation de complicité de meurtres qui visait
l'ex-président Hosni Moubarak pour la mort de manifestants durant la
révolte de 2011 qui l'a chassé du pouvoir.
Depuis que l'armée a destitué Mohamed Morsi en juillet 2013, ses
partisans sont la cible d'une sanglante répression qui a fait au moins 1
400 morts.
Et dans leur lutte contre les pro-Morsi, les autorités mises en place
par l'ex-chef de l'armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi,
architecte de l'éviction de Mohamed Morsi, sont régulièrement accusées
d'instrumentaliser le pouvoir judiciaire.
Des centaines de partisans de M. Morsi ont ainsi été condamnés à mort
dans des procès de masse expédiés en quelques minutes, qualifiés par
l'ONU de "sans précédent dans l'histoire récente".
"Appareil judiciaire égyptien hors de contrôle"
Les 188 condamnés étaient accusés d'avoir tué 13 policiers le 14 août
2013 lors de l’attaque du commissariat de Kerdassa, le jour même où les
forces de sécurité dispersaient dans la capitale deux sit-ins massifs
des partisans de M. Morsi.
Cette opération avait entraîné la mort d'au moins 700 personnes en un
jour, faisant du 14 août la journée la plus sanglante de la répression
ciblant les pro-Morsi.
Conformément à la loi égyptienne, les peines capitales prononcées
mardi par un tribunal de Guizeh, à l'ouest du Caire, seront soumises à
l'avis -purement consultatif- du mufti, le représentant de l'islam
auprès des autorités.
Elles seront ensuite confirmées ou commuées en peine de prison lors d'un verdict final, attendu le 24 janvier.
Parmi les condamnés, 143 sont actuellement détenus, a précisé un responsable du tribunal.
Réagissant rapidement au verdict, Amnesty international a estimé
qu'il s'agissait d'un "nouvel exemple illustrant comment l'appareil
judiciaire est de plus en plus hors de contrôle".
"Procès après procès, l'appareil judiciaire égyptien révèle à quel point il est défectueux", a ajouté l'ONG dans un communiqué.
Appel du verdict Moubarak
Quelques heures avant l'annonce mardi de la condamnation à mort de
ces 188 personnes, le procureur général a annoncé faire appel devant la
Cour de cassation de la décision qui avait blanchi samedi l'ex-raïs
Moubarak.
La plus haute juridiction dans le droit pénal égyptien peut
maintenant la confirmer ou l'annuler. Dans ce dernier cas, elle devra
elle-même examiner cette affaire.
En plus d'être blanchi pour son rôle dans la répression de la révolte
de 2011, Hosni Moubarak avait été acquitté d'accusations de corruption.
Dénonçant ces décisions de justice, un millier de manifestants s'étaient rassemblés samedi
près de la place Tahrir, épicentre de la révolte de 2011. Le
rassemblement a été dispersé par la police et deux personnes sont mortes
dans ces violences.
"Nous sommes préoccupés devant le manque de responsabilité et la
violation des droits humains par les forces de sécurité égyptiennes lors
de manifestations", a réagi mardi le porte-parole Haut-commissariat aux
droits de l'homme de l'ONU.
En Égypte, le président Sissi est régulièrement accusé d'avoir
instauré un régime encore plus autoritaire que celui de M. Moubarak.
Le titre est de la rédaction
Avec AFP
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