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Ce que dit le Premier ministre est bien pensé - nul n’est au-dessus de la loi. Photo: lavoixdelamerique.com |
D’un : je ne suis guère un farouche défenseur de l’impunité garantie. De deux, je ne suis non plus un fan du beau Blaise Compaoré, président de la République du Burkina Faso qui a été chassé du pouvoir par son peuple. De trois, je ne suis qu’un simple observateur de la vie politique du « pays des hommes intègres » qui se demande bien ce qui arrive aux nouveaux hommes du pouvoir.
Car, quand je lis ce qui suit, de la bouche du Premier ministre Yacouba Isaac Zida : «Si au niveau de la Justice il y a une plainte déposée contre le président Compaoré, je pense que nous allons demander au Maroc, bien qu’il n’y ait pas d’accord d’extradition entre nos deux pays, de mettre le président Compaoré à la disposition de la justice burkinabé… », je voudrais bien dire aux Burkinabés : « Ne jouez pas avec le feu ! »
Car, quand je lis ce qui suit, de la bouche du Premier ministre Yacouba Isaac Zida : «Si au niveau de la Justice il y a une plainte déposée contre le président Compaoré, je pense que nous allons demander au Maroc, bien qu’il n’y ait pas d’accord d’extradition entre nos deux pays, de mettre le président Compaoré à la disposition de la justice burkinabé… », je voudrais bien dire aux Burkinabés : « Ne jouez pas avec le feu ! »
Ce que dit le Premier ministre est bien pensé - nul n’est au-dessus de la loi -, mais c’est penser sans tenir compte de la réalité burkinabé, ou du contexte africain, non encore débarrassé de certaines de ses valeurs. Lesquelles, quoiqu’on dise, sont à respecter : un chef, reste un chef. Bon ou mauvais. On ne l’humilie pas publiquement. On ne le trimbale pas devant la justice. D’ailleurs, ce que vit le président Compaoré est déjà en soi une grande humiliation. A-t-on besoin encore d’en ajouter ? On voit ce qui se passe dans un autre pays africain, le Sénégal, bon élève de la démocratie, habitué à des alternances crédibles. Pour avoir osé mettre en prison le fils de l’ex-président du Sénégal, Abdoulaye Wade, le président en exercice, Macky Sall, a provoqué une fracture énorme dans le pays, divisé désormais entre partisans de Wade contre Macky. Où, les uns sont traités de voleurs et les autres, au pouvoir, d’hommes politiques aux mains pures. Alors, à coups d’accusations avec des preuves qui restent encore à prouver, tous les anathèmes fleurissent. Pour si peu…
Revenons au Burkina Faso. Je dis encore : ne réveillez pas un lion offensé, blessé. Je veux parler de Blaise Compaoré. Il a régné pendant plus de 25 ans, un quart de siècle sur son pays d’une main de militaire dans ce pays habitué au pouvoir des treillis. En voulant trop nettoyer la garnison, la rendre propre, le président et son Premier ministre actuels de la transition risquent de trouver devant eux, des mitraillettes qui n’attendaient qu’ils leur donnent des raisons de tonner.
Je relis ce que disait, entre autres, le nouveau Premier ministre, Zida : « La justice va avoir beaucoup de travail. Il y a des noms qui ont été cités dans les différents rapports de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat (ASCE) et de la Cour des comptes… Nous pensons qu’aujourd’hui, il faut ressortir tous ces rapports-là. Que les personnes dont les noms ont été cités soient appelées à s’expliquer… » Ne soyez pas surpris d’entendre dire : « Nous sommes sous le règne de la justice des vainqueurs. » Car, tous ceux qui vont être « appelés » seront, à coup sûr, du bataillon du règne de Compaoré. Il a régné, dois-je le répéter, pendant plus de 25 ans. En militaire…sanguinaire, précisent certains, ressuscitant Thomas Sankara devenu le martyr, le héros du peuple. Est-ce de cela qu’a besoin le Burkina Faso ? Je ne crois pas. Sauf à vouloir contenter le peuple, en lui offrant, en aliment, l’humiliation de ceux qui ont dirigé le pays des hommes intègres pas toujours dans l’intégrité.
Entre ce que vous allez ouvrir, plein de risques, et l’espoir gros à construire sur des bases neuves en se servant du passé comme d’un remède curatif, n’est-ce pas que choisir la seconde possibilité est la meilleure. Il y a des décisions d’opportunités en toutes choses. Ne pas le savoir, conduit souvent à des impasses préjudiciables.
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