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jeudi 26 juin 2014

Technologie musicale: 1954/2014

Considéré comme l’invention musicale du 20e siècle, le synthétiseur n’a pas fini, au 21e siècle, de faire parler de lui, en distillant, encore, des sonorités des plus enjouées. Notamment au niveau des musiques urbaines. A l’instar du coupé-décalé, nouvelle identité musicale africaine et des diasporas africaines, dans le sillage du florilège des musiques occidentales que sont la pop, le disco, le funk, la techno et l’électro. D’ailleurs, désormais, toutes ces musiques se conjuguent entre elles pour offrir, sous le sceau du «roi synthé», ce qu’on pourrait, de manière sommaire, appeler la world music.
Et dire que cela fait 60 ans que ça dure. En effet, dans la mouvance de l’ingénieur français, Maurice Martenot, qui inventa les ondes dites Martenot, en 1928, des travaux fusèrent de toutes parts pour dépasser cette innovation qui tendait, plus à inventer des sonorités qu’à imiter celles existant. Le synthétiseur est donc un instrument électronique qui, en théorie, est capable de recréer n’importe quel son existant ou imaginaire. Il se présente, dans la majorité des cas, sous le modèle d’un clavier à l’image du piano et de l’orgue.
C’est le 25 juin 1954, véritablement, que l’Américain Robert Moog, en collaboration avec les compositeurs Herbert A. Deutsch et Walter Carlos, entame des recherches pour créer un instrument électronique universel.
C’est lui qui invente le mot «synthétiseur» et, surtout, le contrôle analogique qui lui permet, en 1962, de définir les bases de la synthèse sonore soustractive. C’est le grand saut de la musique moderne.
Dès 1965, les premiers synthétiseurs modulaires sont produits et, en 1970, apparaît le Minimoog, dont le principe de fonctionnement est toujours employé dans la majorité des synthétiseurs actuels. Parmi les groupes contemporains africains et afro-caribéens qui ont, dès le milieu des années 1980, adopté cet instrument, l’on note, en bonne place, le Béninois Wally Badaru, le congolais de Kinshasa Ray Lema, mais aussi et surtout, les groupes Antillais et Ivoirien, Kassav et Woya. Dans cette veine, le jeune prodige musicien, et leader du groupe Woya, maniant cet instrument avec maestria, se voit même estampillé du surnom éponyme «Synthé». Hélas, le 19 septembre 2002, aux premières heures de la crise militaro-politique qui secoua la Côte d’Ivoire, le «magicien» ivoirien du synthétiseur passa de vie à trépas. Toutefois, il contribua à l’émergence d’une identité musicale ivoirienne nouvelle. Du zouglou au manding, en passant par, le reggae, la variété et l’afro-zouk. De nombreux autres musiciens et arrangeurs, au nombre desquels son compère David Tayorault, feront de l’instrument, le nec plus ultra de la musique contemporaine locale. Le Synthé Roland X 7 de Yamaha était le plus en vogue ces vingt dernières années.
C’est dans cette mouvance, mais avec une légère diérèse, que des disc-jockeys, pas véritablement des musiciens, au départ, vont prendre l’étoffe d’arrangeur. Grâce, notamment, au Sampling.
Créé en 1980, le Sampling est extrapolée du brevet de synthèse numérique déposé par Ralph Deustch pour Allen, la technique du sampling, ou échantillonnage, permet d’enregistrer un son naturel, de le mettre en mémoire sous forme de code binaire, et de le restituer dans sa toute sa pureté.
Le sampleur Fairlight I fut en 1980, le premier instrument de ce type à voir le jour. Toutefois, c’est en 1985 que le fabricant japonais Akaï, avec son Sampler S 612, met ce système à la portée de toutes les bourses.
En somme, même si à ses débuts, le synthétiseur a rebuté plus d’un puriste, il s’est avéré, au fil du temps, comme la pièce qui manquait et qu’il a fallu trouver au puzzle de la vulgarisation à grande échelle de la musique sans passer par le conservatoire, mais aussi, la clé de voûte de la mondialisation musicale. Etant entendu qu’il aura fallu des talents fous, pour ne pas dire des génies, pour porter cette invention au cœur de celle qui n’a eu de cesse de toujours adoucir les mœurs: la musique.

La Régionale / ADAM SHALOM

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