Considéré comme l’invention musicale du 20e siècle, le synthétiseur n’a pas fini, au 21e
siècle, de faire parler de lui, en distillant, encore, des sonorités
des plus enjouées. Notamment au niveau des musiques urbaines. A l’instar
du coupé-décalé, nouvelle identité musicale africaine et des diasporas
africaines, dans le sillage du florilège des musiques occidentales que
sont la pop, le disco, le funk, la techno et l’électro. D’ailleurs,
désormais, toutes ces musiques se conjuguent entre elles pour offrir,
sous le sceau du «roi synthé», ce qu’on pourrait, de manière sommaire,
appeler la world music.
Et dire que cela fait 60 ans que ça dure. En effet, dans la mouvance
de l’ingénieur français, Maurice Martenot, qui inventa les ondes dites
Martenot, en 1928, des travaux fusèrent de toutes parts pour dépasser
cette innovation qui tendait, plus à inventer des sonorités qu’à imiter
celles existant. Le synthétiseur est donc un instrument électronique
qui, en théorie, est capable de recréer n’importe quel son existant ou
imaginaire. Il se présente, dans la majorité des cas, sous le modèle
d’un clavier à l’image du piano et de l’orgue.
C’est le 25 juin 1954, véritablement, que l’Américain Robert Moog, en
collaboration avec les compositeurs Herbert A. Deutsch et Walter
Carlos, entame des recherches pour créer un instrument électronique
universel.
C’est lui qui invente le mot «synthétiseur» et, surtout, le contrôle
analogique qui lui permet, en 1962, de définir les bases de la synthèse
sonore soustractive. C’est le grand saut de la musique moderne.
Dès 1965, les premiers synthétiseurs modulaires sont produits et, en 1970, apparaît le Minimoog, dont
le principe de fonctionnement est toujours employé dans la majorité des
synthétiseurs actuels. Parmi les groupes contemporains africains et
afro-caribéens qui ont, dès le milieu des années 1980, adopté cet
instrument, l’on note, en bonne place, le Béninois Wally Badaru, le
congolais de Kinshasa Ray Lema, mais aussi et surtout, les groupes
Antillais et Ivoirien, Kassav et Woya. Dans cette veine, le jeune
prodige musicien, et leader du groupe Woya, maniant cet instrument avec
maestria, se voit même estampillé du surnom éponyme «Synthé». Hélas, le
19 septembre 2002, aux premières heures de la crise militaro-politique
qui secoua la Côte d’Ivoire, le «magicien» ivoirien du synthétiseur
passa de vie à trépas. Toutefois, il contribua à l’émergence d’une
identité musicale ivoirienne nouvelle. Du zouglou au manding, en passant
par, le reggae, la variété et l’afro-zouk. De nombreux autres musiciens
et arrangeurs, au nombre desquels son compère David Tayorault, feront
de l’instrument, le nec plus ultra de la musique contemporaine locale.
Le Synthé Roland X 7 de Yamaha était le plus en vogue ces vingt dernières années.
C’est dans cette mouvance, mais avec une légère diérèse, que des
disc-jockeys, pas véritablement des musiciens, au départ, vont prendre
l’étoffe d’arrangeur. Grâce, notamment, au Sampling.
Créé en 1980, le Sampling est extrapolée du brevet de synthèse
numérique déposé par Ralph Deustch pour Allen, la technique du sampling,
ou échantillonnage, permet d’enregistrer un son naturel, de le mettre
en mémoire sous forme de code binaire, et de le restituer dans sa toute
sa pureté.
Le sampleur Fairlight I fut en 1980, le premier instrument de ce type à voir le jour. Toutefois, c’est en 1985 que le fabricant japonais Akaï, avec son Sampler S 612, met ce système à la portée de toutes les bourses.
En somme, même si à ses débuts, le synthétiseur a rebuté plus d’un
puriste, il s’est avéré, au fil du temps, comme la pièce qui manquait et
qu’il a fallu trouver au puzzle de la vulgarisation à grande échelle de
la musique sans passer par le conservatoire, mais aussi, la clé de
voûte de la mondialisation musicale. Etant entendu qu’il aura fallu des
talents fous, pour ne pas dire des génies, pour porter cette invention
au cœur de celle qui n’a eu de cesse de toujours adoucir les mœurs: la
musique.
La Régionale / ADAM SHALOM
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