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lundi 23 juin 2014

Côte d'ivoire: Saison de mort

Combien de morts faudra-t-il encore afin qu'en Côte d'Ivoire, les décisions soient appliquées, de gré ou de force, avec la dernière énergie, surtout en ce qui concerne l’immobilier? Des millions, peut-être. Car tout porte à croire que nous attendons d’atteindre le seuil de l’intolérable pour comprendre qu’il urge de quitter le champ du verbe pour celui de l’action salvatrice. Combien de temps mettra-t-on encore pour déployer des actions véritables, afin de faire l’économie de ces morts ? Cela mettra du temps, assurément. Parce qu’à chaque année, pendant la saison des pluies qui ne donne jamais le beau temps chez nous, revient comme un refrain ce discours : « Les constructions anarchiques seront rasées ». Plus on le dit, plus elles poussent comme des herbes sauvages que personne n’entend tondre ou faire disparaître autoritairement. Ce discours-refrain qui revient chaque année, en saison des pluies en plus, donne l’illusion désormais que tout sera mis en œuvre pour qu’elles soient détruites. Elles ne le seront pas. D’ailleurs, elles pousseront de partout dans ce pays où l’on construit sans grand effort d’urbanisation. Tu as de l’argent, tu te bâtis ce que tu veux. Si tu n'en as pas aussi, tu fais ton toit où tu veux et peux. Résultat ?
Cette année encore, la pluie a endeuillé des familles pauvres. Et inondé des demeures bien faites dans des quartiers nouveaux ou anciens, où l’impératif de bâtir vite, sans aménagement conséquent de l’espace, a pris le dessus. Pourquoi, dès lors, s’en étonner, quand tout se passe comme si l’on assistait au tout permis ? Le décor à voir : constructions anarchiques qui dénaturent laidement les quartiers ; non-respect des normes de construction (on construit n’importe où) ; bassins et caniveaux occupés et bouchés, avec, au bout de ce désordre urbanistique, le tout béton d’un côté et le tout taudis se côtoyant dans des espaces où le danger est évident, de l'autre.
Aujourd’hui, personne ne voit que du côté de Danga, à Cocody, au carrefour menant au Lycée technique d’Abidjan, des bas-fonds, sortent de terre des immeubles. Une prouesse architecturale certes, mais qui a l’inconvénient de boucher les voies d’écoulement des eaux. En cas de saison des pluies, doit-on s’étonner que l’eau déborde et crée des désagréments ? Même pas !
Combien de temps faudra-t-il encore pour que l’on sorte de ce règne de l’anarchie ? Simple question. Qui repose celle de l’urbanisation sauvage dans nos cités saturées par le boom démographique et surtout le désordre. Ce désordre est à l’image de la naguère belle cité d’Adjamé, les 220 logements qui sont devenus les 220 soucis des habitants. Maquis, bruits de tous ordres, saletés de toutes les odeurs, commerces de tous les types sur les voies (trottoirs, rues, ruelles, parkings), espaces verts, etc. sont le décor nouveau. Cocody-la coquette d’hier suit. Koumassi a déjà le label. Treichville se bat courageusement contre cette manière de mal-vivre, même avec ses caniveaux bouchés. La route de l’émergence sera longue avec ces mentalités consorts.

La Régionale / Michel KOFFI

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