Le multipartisme tant
célébré est devenu, en Côte-d’Ivoire, un miroir aux alouettes : sous le
clinquant de la multitude de partis politiques se cache une implacable
dictature des dirigeants politiques. L’année 2014 n’échappe pas à la
règle; elle tourne sa page sur le retour en force des pouvoirs
personnels et totalitaires.
A tout seigneur, tout honneur,
Alassane Dramane Ouattara ouvre la marche. Le chef de l’État est un
éléphant dans un magasin de porcelaine. Lui, n’a cure de la Loi
fondamentale ivoirienne. Il reste le président du RDR, parti au pouvoir,
en violation de l’article 54 de la Constitution ainsi libellé: «Les
fonctions de président de la République sont incompatibles avec
l’exercice de tout mandat parlementaire, de tout emploi public, de toute
activité professionnelle et de toute fonction de dirigeant de parti
politique.»
Candidat à titre exceptionnel en 2010 à
la présidentielle, il est sur sa lancée pour être candidat à titre
exceptionnel du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et
la paix (RHDP, coalition de cinq partis). Piétinant les résolutions de
cette plate-forme politique née en mai 2005 à Paris, il est parvenu à
ses fins en devenant, contre vent et marée, son candidat unique dès le
premier tour de la présidentielle d’octobre 2015.
C’est dans ce cadre que Henri Konan
Bédié, président du PDCI-RDA, est au front. Et le Congrès, l’instance
suprême du parti, ne pèse pas un clou pour réaliser cet objectif. Alors
que le Congrès avait exigé, le 6 octobre 2013, «un militant actif» qui
porterait les couleurs du parti à la prochaine présidentielle, Bédié a
lancé, le 17 septembre 2014, son «Appel», en toute ignorance de cette
résolution, pour se ranger derrière Alassane Dramane Ouattara, militant
actif du PDCI-RDR. Et donc, au lieu d’une Convention que le Congrès
avait prévue pour désigner le candidat du PDCI-RDA, c’est un Congrès
extraordinaire qui est convoqué pour adouber le candidat du PDCI-RDR, à
l’initiative du Bureau politique, instance en dessous du Congrès.
Dans cette veine, Pascal Affi
N’Guessan, président du FPI, joue à merveille, lui aussi, sa partition
d’autocrate. Le 14 août 2014, le Comité central extraordinaire, instance
de décision du parti, imposait, au titre de la démocratie interne, «de
mettre à débat, prestement, avant l’échéance du Congrès, au sein des
instances compétentes, les grandes questions qui engagent le parti,
notamment les élections, la CEI, les négociations avec le gouvernement
et la politique en matière de relations extérieures».
Dogou Alain dit Goba Maurice, dernier
ministre de la Défense de Laurent Gbagbo, désigné le 8 août 2014 pour
siéger à la Commission électorale indépendante (CEI), a repris
tranquillement sa place au sein de cette institution, en violation de la
décision du 13 septembre 2014 du Comité central qui avait conclu au
retrait pur et simple du parti et à l’insu des instances compétentes du
FPI. Envers et contre tous, Affi a repris unilatéralement, ce 29
décembre 2014, donc au milieu du procès en cours pour juger 82
pro-Gbagbo, le dialogue avec le pouvoir. Au lendemain de sa victoire au
tribunal, il veut marquer son terrain, surtout qu’il déclare qu’il sera
le candidat unique à la présidence du FPI, après l’annulation qu’il a
réclamée et obtenue de la candidature de Laurent Gbagbo.
A la vérité, ce qui compte aux yeux
des dirigeants politiques ivoiriens qui s’érigent en roitelets, c’est
moins l’application de la volonté des militants qu’ils bafouent au
quotidien que l’exécution de leur propre agenda. Assurés d’être soutenus
par leurs «suiveurs», qui suivent comme des moutons de Panurge, ils
avancent, en assassinant la démocratie.
Le titre est de la rédaction
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