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Blaise Campaoré à Washington en août 2014. – © AFP |
Qui tue par l’épée périt par l’épée,
a-t-on coutume de dire. Blaise Compaoré semble oublier cet adage. S’il
avait seulement le courage de faire la rétrospective de sa vie, il se
rendrait compte que ce qui lui arrive aujourd’hui n’est que la
conséquence logique des actes posés dans le passé. Entré dans l’histoire
par la petite porte il y a 27 ans, en assassinant son ami et frère
d’armes Thomas Sankara, pour s’emparer du pouvoir, il refait sa sortie
par la même petite porte, mais dans l’impunité totale des crimes
crapuleux perpétrés avec la complicité des pays voisins. Conséquence :
une gouvernance despotique instaurée dans « le pays des hommes intègres »
depuis trois décennies.
Messieurs les Présidents, vous êtes assis sur des braises
Quelques chefs d’Etat africains
Cette chute dramatique et humiliante de
Blaise Compaoré et sa clique à la poubelle de l’histoire doit réveiller
une fois encore les consciences mortes des chefs d’État africains,
apprentis dictateurs, despotes et petits sorciers des Constitutions.
Cette révolution burkinabè, qui n’a duré qu’une courte période avec
l’hostilité du mouvement patriotique, majoritaire du Faso, face aux
manœuvres grossières de l’armée, a jeté Blaise Compaoré dans une
poubelle de l’histoire qui ne dit pas son nom. Ceci laisse penser que
les autres chefs d’État africains ayant les mêmes ambitions à
tripatouiller la Constitution de leur peuple sont assis sur des braises
et ne manque désormais qu’une petite étincelle pour que tout s’explose.
Au nom de la France-Afrique, les martyrs du 30 octobre passeront sous silence
François Hollande et son homologue burkinabè Blaise Compaoré, en décembre 2013, à Paris. – © Alain Jocard – AFP
Les derniers événements permettent de
vérifier un axiome qui traduit la perception que se fait l’opinion
africaine de la politique africaine de l’Hexagone depuis l’arrivée de
François Hollande aux affaires : quoi qu’elle fasse, en raison d’un
passé lourd à porter, la France est d’emblée soupçonnée. Si pour
l’instant aucun élément probant ne certifie que Paris a « trempé » dans
la révolution au Burkina Faso, son long soutien à la mise en place de la
configuration confligène actuelle, le silence complice de Paris face à la situation de succession et l’anarchie institutionnelle actuelle
et la lettre de François Hollande à son homologue Compaoré laissent
quelques lignes floues avec des zones d’ombre et plusieurs
interrogations sur les réels soutiens et implications de la France dans
cette affaire.
« Vous
pouvez compter sur la France pour vous soutenir, si vous souhaitez
mettre votre expérience et vos talents à la disposition de la communauté
internationale », écrivait François Hollande dans sa lettre
au désormais tristement célèbre Blaise Compaoré en septembre dernier.
Le chef d’État français, qui signe à la main sa lettre par ces mots : « Bien à toi, François Hollande » nous édifie encore plus sur le soutien sans faille à l’assassin de Thomas Sankara.
Par ailleurs, « l’incapacité à réformer »
l’ancienne colonie gangréner aujourd’hui par un désordre et un
leadership démesuré des officiers de son armée amplifie les suspicions
de « double jeu » de la France. L’attitude complaisante et le soutien
subtil du président François Hollande qui s’est aligné ouvertement dans
la dernière phrase de sa lettre adressée à Blaise Compaoré démontre
clairement que ce dernier n’aura rien à craindre où qu’il soit au monde.
Étant attendu que la communauté internationale impose, plus que jamais, un « règlement pacifique » de ces genres de situation en Afrique, les vannes des rares appuis internationaux devant permettre à la société civile burkinabè de traduire Blaise Compaoré à la Justice sont presque fermées ou brouillées par Paris.
Étant attendu que la communauté internationale impose, plus que jamais, un « règlement pacifique » de ces genres de situation en Afrique, les vannes des rares appuis internationaux devant permettre à la société civile burkinabè de traduire Blaise Compaoré à la Justice sont presque fermées ou brouillées par Paris.
En examinant le silence complice de la Cédéao ( Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest),
de l’Union africaine et de l’appareil d’État français, au service de
Blaise Compaoré et sa clique, on tire la conclusion que jamais, Blaise
Compaoré et ses adeptes du despotisme ne seront jamais traduits à la CPI
(Cour pénale internationale) au nom de la France-Afrique.
Blaise Compaoré doit être jugé au Burkina Faso
Blaise Compaoré dans ses mauvais jours Crédit Photo brazza-news.com |
Comme la plupart des chefs d’État
héritiers de la France-Afrique, la génération que représente Blaise
Compaoré a bâti sa carrière sur l’injustice, sur un système
confusionnel, sur les financements occultes à la France et aux
institutions internationales, sur des amitiés souvent croustillantes
avec certains chefs d’État européens ayant atteint leur seuil de
compétence en matière de protection d’« assassins » et pouvant les
protégé une fois que le peuple crache son ras-le-bol et que le pouvoir
leurs échappent.
Crédit Photo www.thomassankara.net
Ceci étant, j’inviterai dans mon
prochain billet, la justice burkinabè et la société civile à faire
l’inventaire du règne de Blaise Compaoré, à lancer un mandat d’arrêt
international contre lui, à demander son extradition et qu’il soit jugé
en terre burkinabè. Il est grand temps que l’on barre la route à la Cour
pénale internationale, ce grand manipulateur des consciences qui tente
de faire oublier le mal et laisse en toute liberté et impunité les
assassins au détriment des pauvres panafricanistes. Il n’y a rien à
attendre de cette cour. Ne soyons pas des moutons de Panurge. Ceci n’est
que le simple avis d’un panafricain.
vitus.mondoblog.org
Emmanuel Vitus AGBENONWOSSI
E-mail : emmanuelvitus@gmail.com
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