J'ai remarqué, hier, devant le petit écran, le sourire gras de
l'entraîneur du Nigeria, Stephen Keshi, content, sans aucun doute, du
résultat de son équipe face à l'Iran. 0-0. Sans être un spécialiste du
football, sans entrer dans les détails du classement FIFA, je ne crois
pas que l'Iran soit un pays de ce sport qui rend... foot et fou à la
fois, comparativement au Nigeria dont les noms de ses gladiateurs dans
cette autre arène résonnent encore à nos oreilles, dont les prouesses
aux compétitions africaines font d'eux des figures marquantes du
football du continent.
Comparons les deux équipes pour nous
interroger sur cette envie, petite, d'être. D'un, le Nigeria est, cette
année, à sa 5e participation à une phase finale de la Coupe du monde (
1994, 1998, 2002, 2010, 2014); il a été en 8e de finale à ce rendez-vous
mondial et a remporté, à trois reprises ( 1980, 1994 et 2013), la Coupe
d'Afrique des nations; c'est la première équipe africaine à avoir
remporté la médaille d'or aux Jeux olympiques de 1996 et elle a fait
partie du Top 10 du classement mondial.
Face à ce Champion
d'Afrique, l'Iran: 4e participation, cette année, à une phase finale de
Coupe du monde ( 1978, 1998, 2006, 2014). Ce pays n'a jamais dépassé le
1er tour. Il a néanmoins remporté, à trois reprises, la Coupe d'Asie
des Nations ( 1968, 1972 et 1976). Soit.
On s'attendait à voir une
équipe du Nigeria survoler la rencontre, en jouant sans complexe. Hélas,
le spectacle qu'il a offert mérite deux qualificatifs: désolant et
pauvre. L'entraîneur, lui, pouvait pousser un ouf de soulagement. Ils,
son équipe et lui, ont évité le pire. Une explication à cela: le
complexe de l'autre que l'on ne peut pas vaincre.
Sourire gras de
Stephen Keshi satisfait de la prouesse de ses poulains? Oui. Cette
satisfaction dit la capitulation congénitale, ce complexe atavique
devant l'autre qui habite les équipes africaines. Ce complexe ne vient
pas seulement des acteurs, il est visible bien avant la compétition, à
travers des expressions qui disent ce qu'elles veulent bien dire: "
Faites-nous honneur en allant au moins au 2e tour...". Autrement dit, au
lieu d'aller à ce rendez-vous capital avec l'idée d'aller vaincre,
comme les autres, le continent, avec ses sélections nationales, résume
sa présence à ceci: battons-nous pour trois matchs, sans être trop
ridicules. C'est ce qui est à notre portée. Cela relève même de
l'évidence, car toutes les équipes font, obligatoirement, trois matchs
au premier tour.
Quand les éléphants de Côte d'Ivoire gagnent les
Samouraïs bleus du Japon (2-1), tous croient à un miracle de pachyderme.
Parce que les autorités politiques, les joueurs, encadreurs, officiels,
représentants africains des instances du football ne croient même pas à
un sursaut d'orgueil des équipes africaines. La preuve, si l'une
d'elles, par miracle, arrivait en 1/4 ou 1/2 finale, ce serait la fête
en Afrique. Rappelez-vous comment le Cameroun de Roger Milla, en 1990, a
été accueilli sur le continent. En triomphe. Son mérite: il est allé
jusqu'en... 1/4 de finale. Le triomphe des petites ambitions des pays
qui ne rêvent pas grand.
Après six participations à la Coupe du
monde, cette année sept, un record en Afrique, quel spectacle le
Cameroun a-t-il montré face au Mexique? Quelques vaines petites foulées
de félins repus de plus de 50 millions de F cfa donnés par la FIFA et l’État camerounais. Ne lui reste plus que deux matchs. Pour retourner
comme il est venu. Sans gloire. Après deux participations ( 2006) et
surtout 2010 où il est arrivé en 1/4 de finale, le Ghana pourra-t-il,
pour sa 3e participation à cet évènement, faire plus? On en doute, avec
raison. Il retournera, probablement, comme il est venu, après ses deux
derniers matchs. Sans gloire, non plus.
Côte d'Ivoire, Nigeria,
Algerie, Cameroun et Ghana. Que nous réservent les prochains matchs de
ces cinq (5) représentants du continent? Pas grand-chose, certainement.
Ce pessimisme s'explique par le fait que nous nous sous-estimons face
aux rendez-vous de l'histoire qui font date. La Coupe du monde n'est pas
faite pour nous; elle est pour les autres. Pauvre de nous!
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