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mercredi 18 juin 2014

La coupe du monde, pas faite pour nous!

J'ai remarqué, hier, devant le petit écran, le sourire gras de l'entraîneur du Nigeria, Stephen Keshi, content, sans aucun doute, du résultat de son équipe face à l'Iran. 0-0. Sans être un spécialiste du football, sans entrer dans les détails du classement FIFA, je ne crois pas que l'Iran soit un pays de ce sport qui rend... foot et fou à la fois, comparativement au Nigeria dont les noms de ses gladiateurs dans cette autre arène résonnent encore à nos oreilles, dont les prouesses aux compétitions africaines font d'eux des figures marquantes du football du continent.
Comparons les deux équipes pour nous interroger sur cette envie, petite, d'être. D'un, le Nigeria est, cette année, à sa 5e participation à une phase finale de la Coupe du monde ( 1994, 1998, 2002, 2010, 2014); il a été en 8e de finale à ce rendez-vous mondial et a remporté, à trois reprises ( 1980, 1994 et 2013), la Coupe d'Afrique des nations; c'est la première équipe africaine à avoir remporté la médaille d'or aux Jeux olympiques de 1996 et elle a fait partie du Top 10 du classement mondial.
Face à ce Champion d'Afrique, l'Iran: 4e participation, cette année, à une phase finale de Coupe du monde ( 1978, 1998, 2006, 2014). Ce pays n'a jamais dépassé le 1er tour. Il a néanmoins remporté, à trois reprises, la Coupe d'Asie des Nations ( 1968, 1972 et 1976). Soit.
On s'attendait à voir une équipe du Nigeria survoler la rencontre, en jouant sans complexe. Hélas, le spectacle qu'il a offert mérite deux qualificatifs: désolant et pauvre. L'entraîneur, lui, pouvait pousser un ouf de soulagement. Ils, son équipe et lui, ont évité le pire. Une explication à cela: le complexe de l'autre que l'on ne peut pas vaincre.
Sourire gras de Stephen Keshi satisfait de la prouesse de ses poulains? Oui. Cette satisfaction dit la capitulation congénitale, ce complexe atavique devant l'autre qui habite les équipes africaines. Ce complexe ne vient pas seulement des acteurs, il est visible bien avant la compétition, à travers des expressions qui disent ce qu'elles veulent bien dire: " Faites-nous honneur en allant au moins au 2e tour...". Autrement dit, au lieu d'aller à ce rendez-vous capital avec l'idée d'aller vaincre, comme les autres, le continent, avec ses sélections nationales, résume sa présence à ceci: battons-nous pour trois matchs, sans être trop ridicules. C'est ce qui est à notre portée. Cela relève même de l'évidence, car toutes les équipes font, obligatoirement, trois matchs au premier tour.
Quand les éléphants de Côte d'Ivoire gagnent les Samouraïs bleus du Japon (2-1), tous croient à un miracle de pachyderme. Parce que les autorités politiques, les joueurs, encadreurs, officiels, représentants africains des instances du football ne croient même pas à un sursaut d'orgueil des équipes africaines. La preuve, si l'une d'elles, par miracle, arrivait en 1/4 ou 1/2 finale, ce serait la fête en Afrique. Rappelez-vous comment le Cameroun de Roger Milla, en 1990, a été accueilli sur le continent. En triomphe. Son mérite: il est allé jusqu'en... 1/4 de finale. Le triomphe des petites ambitions des pays qui ne rêvent pas grand.
Après six participations à la Coupe du monde, cette année sept, un record en Afrique, quel spectacle le Cameroun a-t-il montré face au Mexique? Quelques vaines petites foulées de félins repus de plus de 50 millions de F cfa donnés par la FIFA et l’État camerounais. Ne lui reste plus que deux matchs. Pour retourner comme il est venu. Sans gloire. Après deux participations ( 2006) et surtout 2010 où il est arrivé en 1/4 de finale, le Ghana pourra-t-il, pour sa 3e participation à cet évènement, faire plus? On en doute, avec raison. Il retournera, probablement, comme il est venu, après ses deux derniers matchs. Sans gloire, non plus.
Côte d'Ivoire, Nigeria, Algerie, Cameroun et Ghana. Que nous réservent les prochains matchs de ces cinq (5) représentants du continent? Pas grand-chose, certainement. Ce pessimisme s'explique par le fait que nous nous sous-estimons face aux rendez-vous de l'histoire qui font date. La Coupe du monde n'est pas faite pour nous; elle est pour les autres. Pauvre de nous!

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