Dans le livre "Pour la vérité et la justice" co-signé avec le
journaliste français François Mattei, à paraître le 26 juin prochain,
l'ex-chef d'Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, affirme que l'ancien ministre
français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, et l'avocat
franco-Libanais Robert Bourgi, lui ont "demandé de financer la campagne
électorale » de Jacques Chirac.
Dans l'ouvrage réalisé avec
François Mattei, ancien directeur de la rédaction de France-Soir, et
dont de larges extraits ont été transmis à APA, vendredi, Laurent Gbagbo
raconte comment, en 2001, Dominique de Villepin et Robert Bourgi l'ont
démarché pour « contribuer financièrement » à la campagne de Jacques
Chirac, alors candidat à sa propre succession à la présidentielle
française de 2002.
« Il m'a raconté́ avoir été fortement
sollicité par Villepin et Bourgi en 2001 pour financer la campagne
électorale de Jacques Chirac lors des électionsprésidentielles de 2002
», écrit François Mattei dans un chapitre consacré aux dossiers noirs
des relations françafricaines.
Le journaliste français rapporte,
également, dans l'ouvrage que Laurent Gbagbo avait une idée des «
protagonistes du coup d'Etat de la Mercedes noire qui s'étaient
refugiés au Burkina et capables de faire une tentative à tout moment »
s'ils se savaient soutenus par des « intérêts puissants ».
François
Mattei souligne les difficultés à dire « non » aux représentants des «
Autoritésfrançaises lorsque ceux-ci sont militairement les patrons sur
le terrain ».
« Quand il y a un tel déséquilibre entre le
puissant et le faible, quelle marge de manœuvre reste-t-il au faible ?
C'est ce sur quoi compte les tenants de la Françafrique », accuse le
journaliste dans le livre. Plus loin, Laurent Gbagbo livre les détails
de cette demande de De Villepin à François Mattei.
« C'était en
2001, je pense. Villepin et Robert Bourgi m'ont demandé́ de cracher au
bassinet pour l'élection en 2002 en France. Nous étions au Voltaire, un
restaurant qui est sur le quai du même nom, près de la Documentation
française », précise Laurent Gbagbo soulignant que « c'était le prix
pour avoir la paix, en Françafrique ».
Puis l'ancien chef
d'Etat, détenu à la CPI d'ajouter qu'il a eu une « entrevue » qui s'est «
bien passée » avec Chirac qui, le « raccompagnant très amicalement »
lui a dit sur le perron « je ne suis pas un ingrat », en le tapant sur
l'épaule.
« Je ne suis pas fier de cet épisode, mais je pensais y
gagner la marge de manœuvre nécessaire pour avancer vers nos objectifs
», confesse-t-il, reconnaissant qu' « on me l'a reproché́ en disant que
c'était la preuve de mon double langage, que je m'appuyais sur le
néo-colonialisme pour le critiquer ».
Malgré tout, il n'aurait pas donné suite aux sollicitations des deux émissaires qui « ne sont jamais revenus à la charge ».
«
Je n'aurais pas accepté. Ils le savaient. Cela n'a pas amélioré nos
relations. Plus tard, Chirac a dit que je l'avais manqué, je n'ai pas
compris pourquoi. Il a prétendu que j'avais laissé filtrer
l'information », révèle Laurent Gbagbo.
Sur le montant de la «
sollicitation » de l'Elysée d'alors, les différents recoupements publiés
dans le livre, font état « d'environ deux milliards de FCFA ». Ce que
confirme un témoignage de Mamadou Koulibaly, Président de l'Assemblée
nationale, cité dans l'ouvrage.
Reconnaissant qu'il a eu « un
transfert d'argent entre Laurent Gbagbo et Jacques Chirac, en 2002 », M.
Koulibaly affirme avoir « dit au président (Gbagbo) que nous étions un
pays pauvre et que nous n'avions pas d'argent pour financer des
élections d'hommes politiques de pays riches », rapporte le livre.
HS/ls/APA
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire