«J’ai découpé et dissous dans l’acide le corps de Lumumba
. En pleine nuit africaine, nous avons commencé par nous saouler pour
avoir du courage. On a écarté les corps. Le plus dur fut de les découper
en morceaux, à la tronçonneuse, avant d’y verser de l’acide. Il n’en
restait presque plus rien, seules quelques dents. Et l’odeur ! Je me
suis lavé trois fois et je me sentais toujours sale comme un barbare ».
Ces mots sont ceux de Gérard Soete, prononcés le 15 mai 2002, quarante
ans après la disparition du leader congolais Patrice Lumumba.
Gérard Soete, le belge qui a coupé le corps de Lumumba en 34 morceaux
à la tronçonneuse. le 0034, c’est le code international de la Belgique
BRUGES (Belgique), 15 mai 2002 (AFP) – Près de quarante ans après
l’assassinat de Patrice Lumumba, le Belge Gérard Soete vient enfin de se
défaire d’un lourd secret : une nuit de janvier 1961, dans une puanteur
d’acide sulfurique et de cadavres écartelés, il fit disparaître le
corps du martyr congolais.
« Est-ce que la législation me le permettait ? », se demande-t-il
aujourd’hui, à 80 ans et en bonne santé, dans son pavillon d’un faubourg
résidentiel de Bruges (nord-ouest) où l’AFP l’a rencontré. « Pour
sauver des milliers de personnes et maintenir le calme dans une
situation explosive, je pense que nous avons bien fait », ajoute-t-il,
en dépit de « la crise morale » qu’il doit avoir traversée après cette
nuit « atroce ».
Le 17 janvier1961, sept mois après l’accession du Congo à l’indépendance, Patrice Lumumba, le premier chef de gouvernement du pays, était assassiné près d’Elisabethville (actuellement Lubumbashi, sud), capitale de la province alors sécessionniste du Katanga. Criblé de balles, son corps n’a jamais été retrouvé, pas plus que ceux de deux proches tués avec lui, Joseph Okito et Maurice Mpolo.
Le 17 janvier1961, sept mois après l’accession du Congo à l’indépendance, Patrice Lumumba, le premier chef de gouvernement du pays, était assassiné près d’Elisabethville (actuellement Lubumbashi, sud), capitale de la province alors sécessionniste du Katanga. Criblé de balles, son corps n’a jamais été retrouvé, pas plus que ceux de deux proches tués avec lui, Joseph Okito et Maurice Mpolo.
Selon l’auteur, le but de l’élimination était, en pleine guerre
froide, de maintenir le Congo dans la sphère d’influence occidentale. La
thèse a connu un tel écho qu’une commission d’enquête parlementaire
belge, chargée d’éclaircir « l’implication éventuelle des responsables
politiques belges » dans l’assassinat, a entamé ses travaux le 2 mai.
Une commission qui auditionnera Gérard Soete, commissaire de police
chargé à l’époque de mettre en place une « police nationale
katangaise ».
Le Brugeois dut d’abord transporter les trois corps à 220 kilomètres
du lieu d’exécution, pour les enfouir derrière une termitière, en pleine
savane boisée. De retour à Elisabethville, il reçut cependant
« l’ordre » du ministre de l’intérieur Katangais Godefroi Munongo de
faire littéralement disparaître les cadavres. La popularité de Lumumba
était telle que son cadavre restait en effet gênant. Le « pèlerinage »
sur sa tombe pouvait raviver la lutte de ses partisans.
« Petit Gérard Soete de Bruges, je devais me débrouiller tout seul
avec trois corps internationalement connus », résume-t-il aujourd’hui.
« Toutes les autorités belges étaient sur place, et elles ne m’ont pas
dit de ne rien faire », ajoute-t-il, avec un fort accent flamand.
Accompagné d’ »un autre blanc » et de quelques congolais, épuisés
« d’une scie à métaux, de deux grandes dames-jeannes et d’un fut d’acide
sulfurique », il leur fallut toute la nuit, du 22 au 23 janvier, pour
accomplir leur besogne.
« En pleine nuit africaine, nous avons commencé par nous saouler pour
avoir du courage. On a écarté les corps. Le plus dur fut de les
découper avant de verser l’acide », explique l’octogénaire. « Il n’en
restait presque plus rien, seules quelques dents. Et l’odeur ! Je me
suis lavé trois fois et je me sentais toujours sale comme un barbare »,
ajouté-t-il. De retour en Belgique après 1973, Gérard Soete qui conserve
toujours un doigt, une dent (empaillés) et l’Alliance de P. Lumumba,
contera cette terrible nuit dans un roman, « pour (se) soulager », mais
sans livrer son nom.negronews.fr
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