
Jean-Marie Le Pen assure qu'il maintient sa candidature en région PACA. (FAYOLLE PASCAL/SIPA)

Le parti, qui a démenti la tenue d'un bureau exceptionnel ce jeudi, devrait statuer le 17 avril sur le sort à réserver à son fondateur.
On l'aura compris au vocabulaire employé, le point de non-retour est
définitivement franchi au Front national. "Marine Le Pen souhaite ma
mort, elle ne doit pas compter sur ma collaboration", déclarait
Jean-Marie Le Pen sur RTL ce jeudi matin, au lendemain de l'opposition officielle de cette dernière à son investiture aux élections régionales.
"Mort"
encore au micro de Radio Courtoisie, la veille au soir : "Le cadavre
bouge encore !", s'amuse le patriarche en parlant de lui-même. Au sortir
de l'interview-fleuve accordée à la radio conservatrice, il déclare au site du "Point", qui lui demande s'il vit ses dernières heures en tant que président d'honneur du FN :
"Certainement pas. Mon exclusion est impensable, à moins d'un congrès extraordinaire qui signifierait la mort du FN."
Jeudi matin, la confusion régnait sur la question du calendrier. A écouter Florian Philippot sur BFMTV et RMC,
peu après 8h30, il paraissait clair que la question serait réglée dans
la journée : les "huit ou neuf membres" du Bureau exécutif du Front
serait réuni dans l'après-midi, en l'absence de Jean-Marie Le Pen. Pour
voter son exclusion ?
"Du fait des propos et prises de position de Jean-Marie Le Pen, très éloignées et même en contradiction avec celles du FN, se pose la question de son appartenance au Front national", affirmait le bras droit de Marine Le Pen.
Sauf qu'une heure et
demie plus tard, le service de presse du Front national démentait en
bonne et due forme : "La rumeur d'un Bureau exécutif qui se déroulerait
cet après-midi est totalement infondée", indiquait un communiqué.
Démenti confirmé dans la foulée par le secrétaire général et eurodéputé
Nicolas Bay sur iTélé et par Louis Aliot sur Twitter :
Florian Philippot appréciera... Finalement le sort de Jean-Marie Le
Pen au sein du parti devrait être réglé le 17 avril, date à laquelle
Marine Le Pen a convoqué le bureau politique en séance
extraordinaire, avec à l'ordre du jour les investitures des têtes de
liste aux élections régionales.
"C'est devant cette assemblée
délibérante que j'exposerai mon point de vue, celui d'un homme politique
responsable, libre, qui a toujours marché tête haute et mains propres.
Chacun devra profiter de ce délai pour mesurer ses responsabilités à
l'égard de la France, de son peuple, et du mouvement qui incarne ses
espérances", a bravé Jean-Marie Le Pen par communiqué.
3 niveaux de sanctions possibles
En ce qui concerne les sanctions, trois scénarios sont possibles. Marine Le Pen pourrait décider de s'en tenir, comme elle l'a annoncé, à s'opposer à l'investiture de son père dans la région Paca en
décembre, ce qui préfigure d'autres déchirements puisque l'autre figure
du FN dans la région, Marion Maréchal-Le Pen, refuserait de se
présenter face à une éventuelle candidature dissidente de son
grand-père, selon des informations de iTélé.
Mais le bureau politique du parti pourrait aller plus loin et décider de déchoir Jean-Marie Le Pen de son statut de président d'honneur, créé sur mesure pour lui en janvier 2011. L'article 11 bis des statuts du Front national précise :
- "L'assemblée générale ordinaire peut nommer un président d'honneur sur proposition du conseil d'administration (bureau politique). Il est membre de droit de toutes les instances du mouvement [...].
- Pour pouvoir être nommé, il devra avoir accompli deux mandats comme président du Front national et ce pendant une durée d'au moins cinq ans."
"Je suis élu par le Congrès et je suis président
à vie, cette décision n'appartient à personne, même pas à un congrès
suivant, cette décision est définitive jusqu'à ma mort", déclarait Jean-Marie Le Pen à BFMTV en juin 2014. Or rien n'indique dans les statuts que la fonction ne puisse être remise en cause.
Troisième niveau de sanction possible pour le Bureau : l'exclusion pure et simple du parti de son cofondateur et président de 1972 à 2011. Il pourrait ici se référer à l'article 8 des statuts :
- "La qualité de membre se perd : [...]
- - Par radiation ou exclusion pour motif grave, prononcée par le Conseil d'administration, par son Bureau ou par le Président, le membre intéressé ayant été appelé auparavant à fournir toutes explications - soit devant la Commission de discipline si celle-ci a été saisie, soit devant le Président ou les membres du Conseil d'administration ou du Bureau mandatés à cet effet par le Président.
- Les décisions du Conseil d'administration, du Bureau ou du Président en matière disciplinaire sont sans appel, et de convention expresse, ne peuvent donner lieu à aucune action judiciaire quelconque sur les biens de l'Association."
En cas de contestation,
Jean-Marie Le Pen aurait la possibilité de se défendre devant une
"commission de discipline et de conciliation", dont la composition et
les règles de fonctionnement "font l'objet d'un règlement intérieur
spécial", précise le Front national.
A
une échelle moindre, des figures du parti ont déjà été exclues pour
"motifs graves". En 2011, le futur chef des "Jeunesses nationalistes",
Alexandre Gabriac, avait été exclu du parti pour une photo le montrant en train d'effectuer un salut nazi.
"Qu'il se retire et écrive ses mémoires"
Mal à l'aise face à l'éventualité de l'exclusion (un "fantasme", confie Louis Aliot au "Point"), les cadres du FN tentent désormais de pousser Jean-Marie Le Pen vers une sortie volontaire.
"Je
souhaiterais que Jean-Marie Le Pen revienne sur sa décision d'être
candidat en Paca et qu'il démissionne pour user de sa liberté de
parole", déclarait Stéphane Ravier sur LCI mercredi. Le maire des 13e et
14e arrondissements de Marseille a déclaré être "à la disposition du
parti" en cas de duel "parricide" en décembre dans la région.
Parmi les membres du Bureau politique, Bruno Gollnisch est bien seul à apporter un timide soutien au fondateur du parti, indiquant sur son site que "le respect de la discipline" du parti est "compatible avec la liberté d'expression de Jean-Marie Le Pen". "Il n'y a aucune raison de sacrifier quelque composante de notre mouvement que ce soit en raison d'une diabolisation artificiellement entretenue", fait-il valoir."La solution la plus acceptable serait qu'il se mette en retrait, en retraite, qu'il démissionne du mouvement... C'est peut-être ce qu'il y a de préférable."
tempsreel.nouvelobs
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