En 2007, le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki Moon évoquait le changement climatique comme étant «l’enjeu crucial de notre époque», en insistant sur la nécessité urgente d'une réponse globale. En toute bienveillance, cet avertissement nous invite à prendre conscience de ce phénomène alarmant, et nous interroge quant aux implications d'un tel changement sur le continent Africain. Le changement climatique représente un défi majeur pour l'humanité toute entière. Causée par les émissions de gaz à effet de serre, la hausse du thermomètre mondial commence à se faire ressentir et à mesure qu'il continue de grimper, ce phénomène naturel est susceptible de s'aggraver. Avec cette nouvelle donne, la responsabilité de chacun est désormais engagée. En effet, l'activité humaine est à l'origine de ces maux dont nous commençons à peine à subir les conséquences.
Urbanisation
Sécurité alimentaire
La Régionale / Petit Jemil
Aujourd'hui déjà,
quelques 240 millions d'Africains souffrent de la faim. Et d'ici 2050,
il suffirait que la température hausse de 1,2 à 1,9 degré Celsius pour
voir le nombre d'africains sous-alimentés augmenter de façon nette (+
25% en Afrique centrale, + 50% en Afrique de l’Est, + 85% en Afrique
australe, + 95% en Afrique de l’Ouest).
De plus, avec le boom démographique déjà en cours, les tensions liées
à la géopolitique risquent de s'exacerber et les inégalités de se
creuser d'avantage.
«Quoiqu'il en soit, il y a une solution à tout problème. Et puis il
doit bien y avoir quelque chose à faire pour réduire les frais.
Pourrons-nous venir à bout de ces dérèglements météorologiques»?, se
demande le Candide qui vit en moi.
Il s'agit là d'une question exponentielle, car elle en ouvre une
multitude d'autres tant il y a d'aspects à prendre en compte dans ce
contexte. Et c'est d'ailleurs très modestement que nous abordons ce
phénomène qui n'a de cesse de s'amplifier.
Tout compte fait, le développement durable devrait s'inscrire dans
ces considérations afin de relever les défis qui se présentent à nous.Urbanisation
Avec 415 millions d'habitants aujourd'hui, l'Afrique devra encore
faire de la place et se repenser car en 2050, il y aura 1,2 milliards de
personnes sur le continent. En effet, le lien entre urbanisation et
changement climatique est réel et comporte bien des risques. Parmi les
conséquences directes du réchauffement planétaire, la montée du niveau
des mers constituera une véritable menace pour des villes côtières comme
Lagos, Dakar ou encore San-Pedro.
D'autre part, la réduction de la pollution est une des solutions les
plus recommandées. Et bien que les villes soient source d'émission de
gaz à effet de serre, elles peuvent être conçues de manière à changer
les choses, dans le bon sens.
Dans un premier temps, il est indispensable de faire halte au
déboisement qui engendre la dégradation des forêts. Ensuite, pour
contribuer à la croissance ''verte'' et à la protection de
l'environnement, il est grand temps de multiplier les alternatives
écologiques en se portant par exemple sur les énergies éolienne, solaire
ou hydroélectrique. A l'heure où les pays développés sont à la
recherche d'un plan de sortie de l'énergie à combustibles (nucléaire,
gaz, pétrole), les énergies renouvelables sont au cœur des débats.
Ces nouveaux procédés énergétiques sont une opportunité en or, pour
prendre un tournant définitif en Afrique et sortir des méthodes qui
deviendront bientôt obsolètes. Comme l'a indiqué le Président de
l'Assemblée générale de l'ONU Nassir Abdulaziz Al-Nasser, les canicules,
vents violents, inondations, sécheresse et pénuries d'eau potables
rendront vulnérables femmes et enfants issus de groupes sociaux ou
ethniques défavorisés.
Et bien malheureusement d'après ses propos, ''nous ne pourrons pas
empêcher complètement le changement climatique. Des stratégies devront
être conçues et mises en place pour assurer que les villes résistent
mieux aux risques liés aux changements climatiques''.
C'est dire l'importance des villes dans le processus de développement
durable: débordante de créativité, d'industrie, de culture, elles sont
les mieux placées pour rythmer ce changement de cadence qui doit
nécessairement être donné. Car si Dieu créa l'homme, l'homme créa la
métropole.
Du fait de l'exode rural grandissant, le cas des bidonvilles est
également une question de première ligne. Sans plan d'aménagement ou de
planification urbaine, le phénomène des bidonvilles dans les métropoles
africaines demeure grandissant. Et déjà, près d'un tiers de la
population mondiale vit dans ce type d'implantations anarchiques, qui se
situent pour la plupart dans des zones présentant des hauts risques
liés à l'environnement. Leurs habitants ne sont pas à l'abri des
catastrophes provoquées par le changement climatique.
Sécurité alimentaire
La sécurité alimentaire est menacée du fait de la montée du niveau
des eaux et de la sécheresse. Cela se matérialise par la réduction des
réserves en eau dans les sous-sols, ce qui risque de mettre à mal
l'agriculture en nous exposant à des situations de famine généralisée.
Parce que l'eau nécessaire à l'agriculture se fera de plus en plus
rare, il est tout à fait possible d'anticiper dès à présent un exode
rural important dans les années à venir. En effet, une révolution dans
les modes de productions agricoles pourrait être salvatrice pour une
partie des problèmes climatiques en Afrique. Les experts soutiennent que
l'activité agricole est actuellement responsable du tiers de toutes les
émissions de gaz à effet de serre, principale cause du changement
climatique.
Aujourd'hui déjà, de nombreuses communautés ont commencé à développer
une résilience en stimulant les écosystèmes existants et les ressources
naturelles disponibles.
En Zambie notamment, où les pratiques de préservation des ressources
naturelles ou d’agriculture biologique durable rapportent des excédents
de production. Dans certains cas, les rendements ont enregistré une
croissance allant jusqu’à 60%, tandis que les ventes d’excédents sont
passées de 25,9 à 69%. Au Burkina Faso, les agriculteurs creusent des
micro-bassins dans une terre dévitalisée puis en les remplissant de
matières organiques, sont capables de revitaliser les sols et
d’améliorer le stockage des eaux souterraines afin d’accroître leur
productivité. Ces exploitants ont ainsi récupéré 200 000 à 300 000
hectares de terres dégradées et produit 80 000 à 120 000 tonnes de
céréales supplémentaires, selon les estimations.
Bref, autant d'alternatives rentables qui s'imposent à nous comme une
solution pour les enjeux de demain, il est grand temps de se rendre à
l'évidence. Nous devrions nous battre pour mettre en place des
politiques de réparation et des stratégies de planification et de
reconstruction pour les plus vulnérables afin d'anticiper les
changements environnementaux. Car il appartient aux décideurs politiques
et à la société civile de reconsidérer les choses et de commencer à
travailler avec la nature. Il faut percevoir ces changements comme une
adaptation de sa part, une opportunité de changer nos mentalités et de
mettre au centre de nos intérêts, celle qui est notre mère à tous.
Ce devrait être ça aussi le panafricanisme... de réinventer le modèle
de la ville africaine en se penchant sur l'urbanisme et la technologie
comme outil participatif du développement durable. De développer les
pratiques et les infrastructures d’adaptation au changement climatique.
Et de toutes les façons, nous n'avons pas vraiment le choix. Si nous
voulons parvenir à consolider son agriculture et à enrayer la faim, le
continent devra composer avec son environnement naturel afin de le
rendre plus productif et résilient au changement climatique.
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