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lundi 14 juillet 2014

Comment vivrons nous le changement climatique en Afrique?




 En 2007, le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki Moon évoquait le changement climatique comme étant «l’enjeu crucial de notre époque», en insistant sur la nécessité urgente d'une réponse globale. En toute bienveillance, cet avertissement nous invite à prendre conscience de ce phénomène alarmant, et nous interroge quant aux implications d'un tel changement sur le continent Africain. Le changement climatique représente un défi majeur pour l'humanité toute entière. Causée par les émissions de gaz à effet de serre, la hausse du thermomètre mondial commence à se faire ressentir et à mesure qu'il continue de grimper, ce phénomène naturel est susceptible de s'aggraver. Avec cette nouvelle donne, la responsabilité de chacun est désormais engagée. En effet, l'activité humaine est à l'origine de ces maux dont nous commençons à peine à subir les conséquences.

Aujourd'hui déjà, quelques 240 millions d'Africains souffrent de la faim. Et d'ici 2050, il suffirait que la température hausse de 1,2 à 1,9 degré Celsius pour voir le nombre d'africains sous-alimentés augmenter de façon nette (+ 25% en Afrique centrale, + 50% en Afrique de l’Est, + 85% en Afrique australe, + 95% en Afrique de l’Ouest).
De plus, avec le boom démographique déjà en cours, les tensions liées à la géopolitique risquent de s'exacerber et les inégalités de se creuser d'avantage.
«Quoiqu'il en soit, il y a une solution à tout problème. Et puis il doit bien y avoir quelque chose à faire pour réduire les frais. Pourrons-nous venir à bout de ces dérèglements météorologiques»?, se demande le Candide qui vit en moi.
Il s'agit là d'une question exponentielle, car elle en ouvre une multitude d'autres tant il y a d'aspects à prendre en compte dans ce contexte. Et c'est d'ailleurs très modestement que nous abordons ce phénomène qui n'a de cesse de s'amplifier.
Tout compte fait, le développement durable devrait s'inscrire dans ces considérations afin de relever les défis qui se présentent à nous.

Urbanisation
Avec 415 millions d'habitants aujourd'hui, l'Afrique devra encore faire de la place et se repenser car en 2050, il y aura 1,2 milliards de personnes sur le continent. En effet, le lien entre urbanisation et changement climatique est réel et comporte bien des risques. Parmi les conséquences directes du réchauffement planétaire, la montée du niveau des mers constituera une véritable menace pour des villes côtières comme Lagos, Dakar ou encore San-Pedro.
D'autre part, la réduction de la pollution est une des solutions les plus recommandées. Et bien que les villes soient source d'émission de gaz à effet de serre, elles peuvent être conçues de manière à changer les choses, dans le bon sens.

Dans un premier temps, il est indispensable de faire halte au déboisement qui engendre la dégradation des forêts. Ensuite,  pour contribuer à la croissance ''verte'' et à la protection de l'environnement, il est grand temps de multiplier les alternatives écologiques en se portant par exemple sur les énergies éolienne, solaire ou hydroélectrique. A l'heure où les pays développés sont à la recherche d'un plan de sortie de l'énergie à combustibles (nucléaire, gaz, pétrole),  les énergies renouvelables sont au cœur des débats.

Ces nouveaux procédés énergétiques sont une opportunité en or, pour prendre un tournant définitif en Afrique et sortir des méthodes qui deviendront bientôt obsolètes. Comme l'a indiqué le Président de l'Assemblée générale de l'ONU Nassir Abdulaziz Al-Nasser, les canicules, vents violents, inondations, sécheresse et pénuries d'eau potables rendront vulnérables femmes et enfants issus de groupes sociaux ou ethniques défavorisés.
Et bien malheureusement d'après ses propos, ''nous ne pourrons pas empêcher complètement le changement climatique. Des stratégies devront être conçues et mises en place pour assurer que les villes résistent mieux aux risques liés aux changements climatiques''.
C'est dire l'importance des villes dans le processus de développement durable: débordante de créativité, d'industrie, de culture, elles sont les mieux placées pour rythmer ce changement de cadence qui doit nécessairement être donné. Car si Dieu créa l'homme, l'homme créa la métropole.
Du fait de l'exode rural grandissant, le cas des bidonvilles est également une question de première ligne. Sans plan d'aménagement ou de planification urbaine, le phénomène des bidonvilles dans les métropoles africaines demeure grandissant. Et déjà, près d'un tiers de la population mondiale vit dans ce type d'implantations anarchiques, qui se situent pour la plupart dans des zones présentant des hauts risques liés à l'environnement. Leurs habitants ne sont pas à l'abri des catastrophes provoquées par le changement climatique.

Sécurité alimentaire
La sécurité alimentaire est menacée du fait de la montée du niveau des eaux et de la sécheresse. Cela se matérialise par la réduction des réserves en eau dans les sous-sols, ce qui risque de mettre à mal l'agriculture en nous exposant à des situations de famine généralisée.
Parce que l'eau nécessaire à l'agriculture se fera de plus en plus rare, il est tout à fait possible d'anticiper dès à présent un exode rural important dans les années à venir. En effet, une révolution dans les modes de productions agricoles pourrait être salvatrice pour une partie des problèmes climatiques en Afrique. Les experts soutiennent que l'activité agricole est actuellement responsable du tiers de toutes les émissions de gaz à effet de serre, principale cause du changement climatique.
Aujourd'hui déjà, de nombreuses communautés ont commencé à développer une résilience en stimulant les écosystèmes existants et les ressources naturelles disponibles.

En Zambie notamment, où les pratiques de préservation des ressources naturelles ou d’agriculture biologique durable rapportent des excédents de production. Dans certains cas, les rendements ont enregistré une croissance allant jusqu’à 60%, tandis que les ventes d’excédents sont passées de 25,9 à 69%. Au Burkina Faso, les agriculteurs creusent des micro-bassins dans une terre dévitalisée puis en les remplissant de matières organiques, sont capables de revitaliser les sols et d’améliorer le stockage des eaux souterraines afin d’accroître leur productivité. Ces exploitants ont ainsi récupéré 200 000 à 300 000 hectares de terres dégradées et produit 80 000 à 120 000 tonnes de céréales supplémentaires, selon les estimations.

Bref, autant d'alternatives rentables qui s'imposent à nous comme une solution pour les enjeux de demain, il est grand temps de se rendre à l'évidence. Nous devrions nous battre pour mettre en place des politiques de réparation et des stratégies de planification et de reconstruction pour les plus vulnérables afin d'anticiper les changements environnementaux. Car il appartient aux décideurs politiques et à la société civile de reconsidérer les choses et de commencer à travailler avec la nature. Il faut percevoir ces changements comme une adaptation de sa part, une opportunité de changer nos mentalités et de mettre au centre de nos intérêts, celle qui est notre mère à tous.
Ce devrait être ça aussi le panafricanisme... de réinventer le modèle de la ville africaine en se penchant sur l'urbanisme et la technologie comme outil participatif du développement durable. De développer les pratiques et les infrastructures d’adaptation au changement climatique. Et de toutes les façons, nous n'avons pas vraiment le choix. Si nous voulons parvenir à consolider son agriculture et à enrayer la faim, le continent devra composer avec son environnement naturel afin de le rendre plus productif et résilient au changement climatique.

La Régionale / Petit Jemil

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